Il y a des chiffres qui parlent plus que d'autres. Et la baisse de 30 % de débit de la Seine est l'un de ceux qu'a choisi de mettre en avant François Sauvadet, le président du comité de bassin Seine Normandie pour en mobiliser les membres réunis pour une séance exceptionnel consacrée au changement climatique. Jean-François Carenco, le préfet coordonnateur de bassin, a enfoncé le clou. « Il y a urgence à s'adapter. La Seine est un fleuve particulièrement sensible : un fleuve au débit faible, totalement régulé et d'une importance économique majeur » a-t-il déclaré. C'est d'ailleurs lui qui avait déjà accompagné le bassin Rhône Méditerranée Corse sur son plan d'adaptation publié en 2014.Des impacts bien réelsSi le calendrier de co-construction du plan de Seine-Normandie est déjà fixé avec une phase de réunions d'avril à septembre et une présentation officielle le 1er décembre prochain, il était utile que des chercheurs présentent, malgré les incertitudes, les conséquences attendues du réchauffement sur le bassin. Baisse des débits de –10 % à –30 % des débits des cours d'eau, aggravation des étiages sévères, baisse de la recharge des nappes mais aussi aggravation de l'érosion et des risques de submersion marine sur le littoral, tous ces changements pèseront sur la disponibilité de la ressource, sur sa qualité et sur la biodiversité. Le futur plan d'adaptation du bassin Seine Normandie part déjà sur trois principes : réduire la dépendance à l'eau, développer la solidarité entre usagers et entre territoires et enfin privilégier les actions pragmatiques et dites « sans regret » c'est-à-dire à présentant des bénéfices supérieurs aux coûts. Il prendra en compte cinq types d'impacts (rareté de la ressource, qualité, biodiversité, ruissellements urbains et érosion côtière) qui seront déclinés sur quatre types de territoire (métropoles et centres urbains, littoral et estuaires, zones rurales et agricoles, et zones périurbaines d'activité économique). Un plan cohérent et pragmatiqueCorinne Larue, la présidence du comité scientifique du comité de bassin a formulé des recommandations utiles aux groupes de travail qui vont démarrer.  Elle préconise ainsi de « dresser des cartes de vulnérabilité des territoires et des trajectoires de vulnérabilité en fonction des différents scénarios ». Elle met aussi l'accent sur la nécessité de mettre en place des démarches territoriales mobilisant l'ensemble des acteurs et l'ensemble des outils existants comme le schéma régional climat air énergie. Enfin, elle préconise de mettre en balance les coûts actuels et les bénéfices futurs. Car nul n'en doute, les efforts d'adaptation auront des coûts. « Nous ne répondrons pas à ce défi sans moyens financiers. Les prélèvements successifs sur le budget des agences de l'eau ne vont pas dans le bons sens », a tenu à rappeler François Sauvadet. DB