En mars dernier, Gaëtane Suzenet a rejoint le fonds d'investissement Aster Capital. Objectif ? Structurer un projet autour du secteur de l'eau pour lever au moins 30 millions d'euros. « Il s'agit d'identifier les start-up et les technologies innovantes qui disposent d'un potentiel de marché important », détaille-elle. Nul doute que l'expertise qu'elle a acquis au cours des 20 dernières années dans ce secteur lui sera précieuse. Gaëtane Suzenet, économiste de formation, a débuté sa carrière à Bruxelles auprès des institutions européennes en pleine négociation sur la future Directive cadre sur l'eau. «De fil en aiguille, je me suis intéressée au secteur de l'eau », raconte-t-elle. A la Commission européenne, elle travaille ensuite à l'interface entre les politiques publiques et les acteurs de l'eau.Puis, elle passe de l'autre côté de la barrière en intégrant Water UK, l'équivalent de la FP2E en Grande-Bretagne. Pendant sept ans, elle est chargée de représenter l'industrie de l'eau britannique auprès des institutions européennes. « J'ai ensuite rejoint Waterwise, une organisation britannique chargée de mettre en place un programme autour de l'efficacité hydrique et travaillé sur sa stratégie de développement », raconte-t-elle. Fin 2010, elle est recrutée pour diriger le tout nouveau pôle de compétitivité Dream (Durabilité de la ressource en eau associée aux milieux), basé à Orléans . « Il a fallu élaborer une stratégie en deux mois. C'était un immense challenge », se souvient-elle. Après presque cinq ans à la tête du pôle, le bilan est là. Le nombre d'adhérents est passé de 30 à 80, le budget a été multiplié par 2,5 et une filière régionale sur la métrologie environnementale a émergé. « Nous avons lancé de nombreuses études afin de comprendre et quantifier les marchés pour pouvoir accompagner les entreprises. C'était une démarche alors peu commune dans les pôles », précise-t-elle.Elle s'attaque aujourd'hui à un nouveau challenge en intégrant Aster Capital car le fonds d'investissement est peu présent dans ce secteur. « Avec mes expériences en Grande-Bretagne et en France, je me suis rendue compte que l'investissement dans l'innovation était le chaînon manquant du secteur. Les investissements sont allés prioritairement aux infrastructures (réseaux, step, etc.). Mais l'évolution de la réglementation a entraîné la création d'activités répondant à de nouveaux besoins », analyse-t-elle. Aujourd'hui, plus de 400 start-up gravitent dans le secteur de l'eau en Europe et aux USA. « Il faut rendre ce secteur attractif en faisant en sorte que les technologies soient connues et capitaliser sur un environnement économique en cours de mutation », explique-t-elle. Parmi les thématiques émergentes à suivre étroitement figurent le traitement de l'eau potable ou des eaux usées, la métrologie environnementale, le dessalement ou encore le smart water. Le travail qui l'attend s'annonce titanesque lorsque l'on sait qu'en moyenne pour 1500 entreprises étudiées chaque année, 5 investissements seulement sont réalisés par Aster Capital. Et ce n'est pas tout, puisque Gaëtane Suzenet met également ses compétences en matière de développement de stratégie et sa connaissance de la réglementation européenne au service d'Amoéba. Elle vient de rejoindre le conseil de surveillance de cette start-up qui développe un biocide biologique pour le traitement de l'eau. Pauline Rey-Brahmi