A Lausanne, Suez a remporté trois contrats distincts pour la réalisation du traitement de eaux, des boues et des micropolluants de la Step de Vidy dont la capacité va être portée à 400 000 EH. En association avec l'entreprise suisse Techfina, le groupe a proposé, pour la première fois, de coupler deux technologies afin d'éliminer 80 % des micropolluants présents dans les eaux usées : l'adsorption par charbon actif en poudre sur lit pulsé (procédé Pulsagreen) et l'ozonation.En effet, la réglementation suisse oblige les Step de plus de 100 000 EH à mettre en place un traitement tertiaire. Un abattement de 80 % doit être réalisé pour six substances émergentes caractéristiques de la pollution rencontrée. Le couplage des deux technologies vise à répondre à l'ensemble des exigences. « L'appel d'offres demandait un traitement des micropolluants avec une maîtrise des coûts d'exploitation sur le long terme et une désinfection pour assurer la protection sanitaire du lac Léman. La collectivité souhaitait aussi une technologie qui puisse évoluer si la liste des polluants est complétée », détaille Adriana Gonzalez Ospina, chef de projet innovation à la direction technique eaux usées chez Suez. « L'ozonation peut répondre à l'élimination et la désinfection mais c'est un procédé assez sélectif dans son action. Quant au charbon actif, il a un spectre d'action plus large mais est très sensible à la qualité de l'eau. La matière organique sature rapidement le charbon actif nécessitant d'augmenter sensiblement les réactifs et donc les coûts d'exploitation », détaille Adriana Gonzalez Ospina. Le couplage des deux technologies permet donc d'obtenir un spectre d'action plus large tout en limitant les coûts d'exploitation. La filière, qui traitera 2,4 m3 d'eau par seconde, sera constituée d'un module d'ozonation, suivi d'un module de charbon actif en poudre couplé à un filtre à sable - pour répondre aux exigences de concentration en MES de 5 mg/l en sortie de traitement- et enfin d'un module de désinfection par UV qui permettra de contrôler le risque de recontamination lié au filtre à sable. L'appel d'offres a été soumis à une procédure originale puisqu'un jury scientifique regroupant des experts scientifiques suisses et français a donné son avis technique et disposé d'un droit de vote dans le choix de la technologie. « Le processus a été très long mais il y a eu un échange technique très intéressant », ajoute Adriana Gonzalez Ospina. Sur le montant total des trois contrats de 56 millions d'euros, le traitement des micropolluants représente un coût de 11 millions d'euros. Les travaux devraient être terminés d'ici 4 ans. Pauline Rey-Brahmi