L’Eurométropole de Strasbourg possède près de 1 700 km de réseaux très majoritairement unitaires, équipés de quelque 2 000 ouvrages (déversoirs d’orages, bassins de stockage, stations de pompage…). Comme le souligne Béatrice Bulou, vice-présidente chargée des questions d’eau et d’assainissement, l’Eurométropole s’est engagée depuis longtemps dans une démarche volontariste. Le service assainissement a nommé, dès 2012, un technicien destiné à la surveillance du réseau par inspections télévisées (ITV). Mi-2014, une responsable de la gestion patrimoniale du réseau d’assainissement est également embauchée. « Ma mission s’organise autour de trois activités principales : la domanialité ou comment protéger nos ouvrages situés en domaine privé, l’inventaire des ouvrages du réseau et la priorisation des tronçons de canalisations à réhabiliter », résume Estelle Jamin, qui endosse cette responsabilité.Chaque année depuis 1996, des inspections sont programmées par tranche de 100 km de réseau. Vingt kilomètres correspondent à du curatif, suite à un affaissement de voirie ou à un problème d’exploitation, et 80 km sont inspectés en préventif. « Dans le cadre de cette surveillance préventive, nous réalisons une partie des ITV en lien direct avec le programme de voiries. L’autre partie consistait plutôt, jusqu’à présent, à chercher des défauts en tâtonnant. Mais cela pouvait nous conduire à laisser passer des défauts inacceptables. Nous avons donc cherché à mieux cibler nos inspections préventives », explique la responsable.Le service a ainsi mené une étude statistique sur la base des résultats des inspections réalisées, dans l’objectif de déterminer les critères prioritaires de réhabilitation. Ils sont au nombre de trois : l’année de pose des réseaux, leur matériau et la proximité de la nappe. « En France, les réseaux installés sur la période entre l’après-guerre et 1985 sont les plus fragiles à cause de mauvaises conditions de pose, précise Estelle Jamin. En inspection prospective, nous allons donc cibler ces trois critères auxquels nous ajouterons des tronçons structurants ou à risque spécifique. On s’achemine vers une gestion centrée sur les réseaux à enjeux. »Cette étude a également montré que deux tiers des inspections réalisées sur les canalisations concluaient au bon état du réseau. « Ce résultat est à double tranchant. Il traduit en premier lieu le bon état général de notre patrimoine, mais montre aussi que deux tiers de nos ITV sont faits pour rien. D’où l’intérêt de mieux cibler pour investir et réaliser les ITV là où l’enjeu est le plus fort. Nous ne trouverons pas plus de défauts, mais nous les découvrirons plus vite », analyse encore la responsable.Strasbourg a réalisé un petit calcul. En conservant son rythme de réhabilitation annuel (un tiers du linéaire inspecté), il lui faudrait trente-cinq ans pour boucler ses travaux. Comparé à un cycle de vie théorique de cinquante ans, il lui reste donc une marge de quinze ans pour intégrer l’extension du patrimoine et son vieillissement. « Ce qui veut dire que notre rythme de travaux est suffisant et que notre prospective financière et notre prix de l’eau sont cohérents et en adéquation avec nos besoins. Cela correspond à un taux de renouvellement actuel de 0,6 à 0,7 % adopté avec une approche totalement empirique. Nous ne renouvelons que ce qui est nécessaire et nous ne visons pas à appliquer tous les ans ce taux pour renouveler la totalité de notre patrimoine. » Dans son élan, la collectivité va maintenant se pencher sur l’analyse des inspections réalisées dansles ouvrages du réseau et les branchements publics.Alexandra DelmolinoA lire aussi dans ce dossier :Gestion patrimoniale : une vraie stratégie pour les réseaux d'assainissementEau du Ponant s’appuie sur la valeur de son patrimoineBéziers Méditerranée prend la main sur ses données
@page { margin: 2cm } p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 120% }