C'est la première fois qu'une Région se voit confier des compétences d'animation et de concertation autour de l'eau. Il ne manque plus que la signature du décret par l'ensemble des ministères concernés. C'est presque chose faite puisque le ministère de l'Environnement a confirmé sa signature lors du CGLE qui se tenait la semaine dernière à Rennes. « C'est une marque de confiance de l'État à notre égard. La Bretagne a connu des difficultés mais elle n'a jamais baissé les bras pour reconquérir la qualité de l'eau. Avec ce nouveau décret, la Région, qui gère les fonds européens et qui est en charge de l'aménagement du territoire et du développement économique, placera l'eau au cœur de son projet pour la Bretagne », a réagi Thierry Burlot, vice-président de la Région en charge de l'environnement dans un communiqué. Depuis plusieurs années, la Région travaille à cette éventualité. En 2014, elle a lancé une Conférence bretonne pour l'eau et les milieux aquatiques (CBEMA) pour réunir l'ensemble des acteurs de la gestion de l'eau autour de la conception d'un plan breton pour l'eau. La loi Notre votée en 2015 prévoit désormais la possibilité pour une Région de se voir déléguer des compétences d'animation et de concertation autour de la gestion de l'eau. « Le texte détaillant notre candidature et comment nous allions procéder a été validé en session régionale. Nous avons ensuite eu un avis favorable de la conférence territoriale de l'action publique (CTAP), il ne manque plus que le décret pour animer le travail avec les acteurs de l'eau », se réjouit Aude Witten, adjointe à la directrice de l'environnement au Conseil régional. La Région consacre un budget d'environ 15 millions d'euros par an à l'eau sans compter le cofinancement européen (Feader) pour les mesures agro-environnementales et le programme Breizh bocage.Il s'agit désormais de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs du nouveau Sdage qui vise à faire évoluer le taux d'eaux en bon état de 38 à 69 % d'ici 2021. Un objectif plutôt ambitieux. « C'est un vrai challenge. Il s'agit d'articuler de manière intelligente les compétences de chacun : Etat, agence de l'eau, collectivités et bien sûr la Région », résume Aude Witten. Fin 2015, le président du Conseil régional a saisi le Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional) pour engager un travail prospectif sur les enjeux de l'eau à l'horizon 2040 dans l'objectif d'étayer le futur plan breton pour l'eau. Le Ceser a rendu son rapport en octobre 2016. Dans un contexte de réforme territoriale du monde de l'eau avec le transfert des compétences eau et assainissement aux EPCI en 2020 et la mise en place de la compétence Gemapi dès 2018, la région Bretagne entend aussi jouer son rôle. Elle a construit depuis 6 mois une contribution bretonne à la Socle (stratégie d'organisation des compétences locales de l'eau). Début janvier, la CBEMA a validé le texte. Une phase d'échange est désormais engagée avec le Préfet qui arrêtera une stratégie avant la fin 2017 comme l'exige la loi. Le Plan breton pour l'eau devrait être finalisé d'ici à fin 2017. Son élaboration s'intégrera dans la démarche de conférence environnementale régionale intitulée le "Carrefour des transitions" qui sera lancée en mars prochain et vise la participation des acteurs régionaux et des citoyens. Elle servira de cadre structurant et regroupera l'ensemble des démarches déjà engagées pour l'eau, les déchets, l'énergie et la biodiversité. Pauline Rey-Brahmi