En sept ans, Hydroquest a navigué sans essuyer de tempête ! Cette start-up, spécialisée sur l'hydrolien fluvial et marin, va installer sur le Rhône en 2018 pour le compte de la CNR, une ferme hydrolienne de 39 machines d'une puissance de 2 MW. Ce contrat est une étape majeure pour Jean-François Simon, le président fondateur d'Hydroquest. « Nous avons besoin de réalisations françaises pour faire connaître notre hydrolienne à axe vertical. L'essentiel du marché est à l'export et nous travaillons déjà sur une vingtaine de pistes à l'étranger au Cameroun, en Birmanie… », explique-t-il. Une vraie satisfaction pour cet ingénieur centralien, titulaire d'un MBA, qui croit depuis 2010 à l'hydrolienne et à l'équipe qui l'a développée au sein de l'Institut national polytechnique de Grenoble. « La réussite d'un projet tient à 80 % à son équipe et à 20 % à sa techno », est-il convaincu. A 66 ans, celui qui aime l'entreprise et l'innovation a toujours été son propre patron. « J'adore développer des affaires mais aussi vivre l'aventure qui se réalise. Et si en plus cela contribue au développement de l'Afrique où j'ai longtemps vécu, c'est une satisfaction supplémentaire », avoue-t-il.Car l'aventure ne fait que commencer. Sur le fluvial, une première hydrolienne test fonctionne toujours en Guyane depuis 2013, et sur la Loire, la seule hydrolienne au monde raccordée au réseau en 2015, fonctionnera jusqu'à l'automne 2017. La ferme sur le Rhône lance véritablement la commercialisation de ces machines de 40 et 80 kW. En revanche, pour les hydroliennes marines, la phase commerciale ne devrait démarrer qu'en 2020 avec, dès 2018, un essai sur le site de Paimpol-Bréhat puis, en 2019-2020, une ferme pilote de trois ou quatre machines de 1 et 2 MW. « La bataille dans les années à venir c'est la baisse du prix des machines et la baisse du prix de l'énergie produite », prédit-il. Et ses ambitions africaines en dépendent. « Les enjeux énergétiques en Afrique sont énormes : 2/3 de la population n'est pas raccordée à l'électricité et 93 % du potentiel hydraulique n'est pas utilisé » constate-t-il. Il a bien conscience que la COP 21 a libéré des financements pour les pays émergents et que la loi de transition énergétique lui offre l'opportunité de créer en France une filière industrielle de fabrication d'hydroliennes. Il a d'ailleurs très vite bénéficié d'abord du soutien d'EDF puis de fonds publics grâce au FUI et au programme d'investissements d'avenir. « En France, les aides et les soutiens à l'innovation existent. Avec un bémol, la longueur des procédures administratives », reconnaît-il. Et puis, cet entrepreneur qui a créé de nombreuses entreprises, sait aussi choisir ses partenaires. « Je suis allé au cleantech forum de San Francisco où j'ai rencontré une quarantaine d'investisseurs. Finalement j'ai préféré être épaulé par un industriel, les Constructions mécaniques de Normandie, plutôt que par un financier. Elles nous apportent leur savoir-faire et leur capital et nous leur permettons de se diversifier et de lisser leur production », explique-t-il.C'est donc un bel avenir qui s'ouvre devant Hydroquest. Mais en parallèle des batailles commerciales qui s'annoncent, Jean-François Simon veut aussi se battre sur le terrain politique. « L'hydrolien est la seule ENR qui n'a pas son tarif de rachat ! J'ai créé un groupe de travail Hydrolien fluvial au sein du syndicat des énergies renouvelables. Et nous faisons tout pour obtenir ce sésame du ministère de l'Environnement », espère-t-il. Dominique Bomstein