C’est le chantier d’interconnexion le plus important du Grand Ouest. D’ici à la fin de l’année, le projet du Syndicat mixte de production d’eau potable du Granvillais et de l’Avranchin (SMPGA) devrait se concrétiser.
Il vise à connecter deux territoires normands. « La rivière Thar qui approvisionne Granville présente des fragilités à l’étiage. De plus, le territoire, en zone littorale, subit les effets du tourisme. La rivière Braize, qui alimente Avranches, est moins sensible. L’interconnexion va sécuriser l’alimentation en eau de Granville, mais elle pourra aussi fonctionner en sens inverse en cas d’événements exceptionnels comme une pollution », précise Yves Cabaret, directeur adjoint du syndicat.
Le projet s’inscrit également dans le cadre du schéma départemental d’alimentation en eau potable, puisque chaque territoire est déjà relié l’un au nord et l’autre au sud à d’autres syndicats. « Ce dossier est ancien, mais il a fallu du temps pour qu’il se mette en place. Depuis 2014 et la création du syndicat, il existe maintenant une vraie dynamique », rappelle Peggy Cochat, vice-présidente du syndicat chargé des travaux. Pour atteindre cet objectif, 32 millions d’euros seront investis pour réaliser 30 km de canalisations avec, à mi-chemin, un réservoir de stabilisation. Mais aussi construire deux usines jumelles de production d’eau potable et rénover les prises d’eau dans les deux rivières. En effet, les trois usines existantes datent du début du XXe siècle. Pour près de 17 millions d’euros, elles seront remplacées par deux unités équipées d’un même procédé d’ultrafiltration. Les contrats de DSP des anciennes usines arriveront à terme à la fin de l’année. L’objectif est donc dorénavant de gérer les deux nouvelles usines par un contrat unique. Il permettra de réduire les coûts d’exploitation et de mieux maîtriser le prix final de l’eau. De même, les prises d’eau vieillissantes seront modernisées et équipées de système d’alerte pour maintenir les débits réservés et détecter d’éventuelles pollutions.
Le SMPGA regroupe aujourd’hui dix collectivités, soit 45 000 habitants, pour la production d’eau. Il a désormais d’autres ambitions et a voté en début d’année pour la prise en charge de la compétence distribution à l’échelle d’un territoire élargi. Un arrêté préfectoral doit être pris dans l’année. « Nous avons réalisé une étude avec l’aide de l’agence de l’eau Seine-Normandie. Elle a conclu à l’intérêt d’un élargissement du périmètre afin de faciliter l’accès à l’eau aux territoires ruraux et ainsi mutualiser les services pour proposer un prix de l’eau correct », détaille Dominique Taillebois, président du syndicat. Ce dernier pourrait alors produire et distribuer l’eau à une cinquantaine de communes, soit environ 75 000 habitants. Pour cela, il faut encore que les collectivités concernées votent le transfert de compétences.