Le 29 janvier dernier, dans le cadre du Carrefour des gestions locales de l’eau qui s’est tenu à Rennes (Ille-et-Vilaine), la Fédération des entreprises de l’eau (FP2E) a signé une feuille de route de 22 engagements pour la mise en œuvre des conclusions des Assises de l’eau.
Pour faire suite aux conclusions des Assises de l’eau, rendues en juin 2019, la FP2E a souhaité « prendre des engagements concrets, les plus chiffrés et les plus datés possible », a expliqué le président de la Fédération des entreprises de l’eau, Frédéric Van Heems ce mercredi 5 février à l’occasion d’un point presse. Ces 22 engagements sont organisés en trois grands blocs : « Il s’agit tout d’abord de renforcer la confiance des consommateurs en l’eau du robinet, de les responsabiliser et d’améliorer l’accès à l’eau », précise Frédéric Van Heems. Mais les professionnels de l’eau s’engagent également à mieux protéger, partager et renouveler les ressources en eau, ainsi qu’à développer la transparence des services de l’eau et les formations aux évolutions des métiers de l’eau.
Alerte fuite, chèque eau et entretien des réseaux
Parmi les engagements pris par la FP2E, Frédéric Van Heems attire l’attention sur cinq d’entre eux. « Nous nous engageons à accentuer le déploiement du dispositif de "l’alerte fuite" pour les abonnés consommateurs. Aujourd’hui 33% d’entre eux ont accès à cette alerte, l’objectif est d’atteindre les 50% en 2025 ». Ce dispositif est disponible grâce aux compteurs intelligents, installés pour 60% d’entre eux dans les grandes métropoles, sachant que 90% des abonnés ayant accès à l’alerte fuite résident dans ces grandes villes1. Par ailleurs, les entreprises de l’eau souhaitent renforcer l’accès au chèque eau. « Aujourd’hui, il est distribué à hauteur de 2,3 millions d’euros par an, nous comptons doubler ce montant pour atteindre 4,6 millions d’euros d’ici 2025 », précise le délégué général de la fédération, Tristan Mathieu.
Il s’agit par ailleurs de renforcer la préservation des ressources en diminuant les pertes en eau : pour cela, les entreprises visent un rendement de réseau de 85% d’ici 2030, contre 80% actuellement. Un rendement améliorable grâce à des technologies de pilotage mais également grâce au renouvellement des réseaux. « La durée de vie des canalisations est d’environ 75 ans. Pour entretenir le réseau en permanence, il faudrait renouveler 1,5% du patrimoine chaque année, alors qu’on en renouvelle seulement 0,6% aujourd’hui », explique le président de la FP2E. L’investissement devrait donc passer de 6 milliards d’euros annuels à 8 milliards, afin d’assurer le bon entretien des canalisations. « L’aquaprêt – un prêt bonifié mis à disposition des collectivités – issu des Assises de l’eau est une bonne solution, et en un an, 400 millions d’euros ont déjà été utilisés via ce dispositif », souligne Frédéric Van Heems. « Mais il s’agit d’un prêt, pas d’un financement », nuance-t-il. « Les problèmes de ressources ne sont pas imputables au consommateur final, mais aux consommations agricoles, industrielles, aux usages pour la voirie et l’arrosage des espaces publics, ainsi qu’aux fuites dans les réseaux », estime Frédéric Van Heems, qui invite donc les entreprises et collectivités à plancher sur ces problématiques.
Vers 10% de réutilisation des eaux usées traitées
Enfin, la FP2E espère améliorer l’accès à la ressource, notamment en augmentant le taux de réutilisation des eaux usées traitées (Reut), qui se situe aujourd’hui aux alentours de 0,3%. « L’Italie atteint 10% de Reut, l’Espagne 15%, sans compter l’Israël et ses 80% de Reut, ou la Namibie et Singapour qui atteignent les 100% », martèle le président de la fédération. Ce dernier, qui espère que la France atteignent les 10% de Reut en 2030, se félicite néanmoins du lancement par Vendée Eau, d’un appel d’offres pour des projets multi-usages de réutilisation des eaux usées traitées, « notamment pour l’approvisionnement d’un réserve d’eau pour alimenter les usines d’eau potable », explique-t-il.
Pour conclure, Tristan Mathieu rappelle que « ces engagements nécessitent de travailler de concert avec l’Etat, les collectivités et tous acteurs de l’écosystème pour faire évoluer les infrastructures et renforcer la sobriété des prélèvements de l’ensemble des activités ». Selon le secrétaire général de la FP2E, « seule cette volonté collective permettra de relever les défis qui nous attendent, ceux de la garantie d’un accès à une eau de qualité pour tous, partout et à tout moment. »