Les caractéristiques chimiques de la ressource (pH, taux de fer, manganèse, matières organiques), la longueur du réseau, la facilité d’accès du lieu de stockage sont autant de paramètres à prendre en compte pour planifier une installation de chloration. L’entreprise Cifec fait le point sur les techniques utilisant ce désinfectant historique.
Cifec conçoit, fabrique en France et commercialise des appareils de traitement de l’eau potable, d’eau de piscine ou d’eau industrielle. Dès sa création en 1963, l’entreprise a introduit la technique de chloration chlore gazeux en dépression, encore couramment utilisée de nos jours. Depuis, les procédés de chloration sont devenus sa spécialité. En 1996, Cifec crée le Chloraflon, un polymère fluoré capable de résister au chlore sous toutes ses formes. Aujourd’hui, le chlorodétendeur Chloro+ en Chloraflon, pour le dosage de chlore gazeux, n’exige qu’une seule révision tous les cinq ans et sa durée de vie dépasse les trente ans. Les flexibles Cifec en Chloraflon présentent, quant à eux, des durées de vie de plus de dix à quinze ans.
Apparue dès la Première Guerre mondiale, la chloration reste une constante de la désinfection de l’eau. Elle s’inscrit désormais dans une palette de solutions élargie notamment à l’ozonation et aux UV. Chaque réactif possède ses qualités et ses limites. C’est la connaissance de ces réactifs et leur bonne utilisation, souvent même leur complémentarité, qui permet d’éviter tout problème et fait la spécificité des professionnels du traitement d’eau.
Le chlore est un excellent bactéricide, même à faible dose. Il possède une qualité unique, sa rémanence, c’est-à-dire la prolongation de son action de désinfection dans le temps. En injectant du chlore en sortie d’usine et/ou à des points de rechloration en réseau (réservoirs et pompages), l’eau potable distribuée reste protégée. La circulaire DGS/SD7A n° 2003-524 du 7 novembre 2003 impose dans le cadre du plan Vigipirate un taux de chlore de 0,3 mg/l en sortie d’usine et de chaque réservoir, et un résiduel minimum de 0,1 mg/l en tout point du réseau. Le chlore injecté sert surtout d’indicateur. Tant qu’une dose de 0,1 mg/l est détectable, la désinfection de l’eau distribuée est assurée. La disparition du chlore permet d’alerter les services d’exploitation d’une potentielle contamination.
La désinfection au chlore est une méthode utilisée pour plus de 95 % des réseaux d’eau potable français. Paris, Marseille, Lyon et plus de 20.000 communes hexagonales sont équipées de chloration avec du matériel Cifec : chlorodétendeur Chloro+ pour la sécurité, vannes modulantes Modulo+ pour la régulation ou encore inverseurs automatiques de bouteille de type IB07 pour la continuité du traitement. Si le chlore est encore disponible sous forme liquide (eau de Javel), la majorité des clients utilisent maintenant une désinfection par le chlore gazeux. C’est la méthode la plus autonome et la plus fiable pour maintenir un taux de chlore constant dans l’eau. Le chlore gazeux peut être stocké en bouteille durant un an sans perte du pouvoir chlorant et la maintenance n’intervient que tous les cinq ans. Les injections à base de Javel souffrent de plusieurs inconvénients : bouchage des cannes d’injection, perte du chlore en quinze jours, désamorçage des pompes doseuses, besoin régulier en maintenance.
Des villes dont la ressource en eau est de qualité exceptionnelle peuvent cependant bénéficier d’une dérogation spéciale pour se passer de chloration. C’est le cas de Grenoble ou de Mulhouse. Des installations de chloration Cifec (Chloro+, Modulo+ et IB07) équipent tout de même le réseau mulhousien mais elles ne sont mises en service qu’en cas de détection de germes dans l’eau.
Le chlore permet également l’élimination de l’ammoniaque dans l’eau brute par un procédé connu sous le nom de chloration au « breakpoint ». L’injection d’une forte dose de chlore se fait après la filtration de l’eau, avant passage dans un réservoir dit de contact. L’ammoniaque se transforme alors en chloramines volatiles, puis en diazote et chlorures. En revanche, le chlore ne doit pas être utilisé à forte dose lorsque les eaux sont chargées en matière organique, comme le sont certaines eaux de surface car il forme alors par réaction des sous-produits de chloration, trihalométhanes (THM) et HAA (acides haloacétiques), nocifs pour la santé. Des étapes de traitement s’imposent alors pour éliminer la matière organique avant chloration. Ainsi, l’usine du Sedif à Méry-sur-Oise, qui pompe son eau dans l’Oise, possède deux filières de traitement en parallèle : l’une en nanofiltration, l’autre en ozonation et filtration sur charbon actif. L’eau ainsi traitée est alors débarrassée des précurseurs gênants et peut ensuite être chlorée avant distribution.
Cifec propose également des générateurs de bioxyde de chlore. Ce réactif chloré garde son activité bactéricide même en cas de pH supérieur à 8,4 et possède une forte rémanence, une caractéristique intéressante si le réseau est long. Son potentiel d’oxydation est puissant et il ne forme pas de THM au contact des matières organiques. Il est efficace pour éliminer le fer et le manganèse présents dans l’eau brute. En revanche, le bioxyde de chlore, très instable, doit toujours être produit sur site. Le rendement des générateurs doit être très élevé pour éviter des excès de chlore et de chlorites. Il a également été suspecté de réagir avec le PEHD et de provoquer la casse des canalisations, limitant son utilisation.
Ainsi, quelle que soit la stratégie de désinfection adoptée, celle-ci doit toujours se définir en veillant au bon équilibre entre désinfection et réduction des sous-produits. Cifec accompagne ses clients sur le choix de la solution de désinfection la mieux adaptée à leur ressource. L’entreprise propose un service après-vente performant car dans le domaine du traitement de l’eau, les acteurs ont besoin d’appuis techniques solides et réactifs.
Cet article est la première partie du dossier d’avis d’experts "Eau potable : quelle désinfection pour garantir la qualité bactériologique ?", publié dans le numéro 254 d’Hydroplus. A venir : - La seconde partie : "Mulhouse choisit le traitement par ultraviolets de l’eau potable", par Alain Nguyen, responsable commercial chez Bio-UV Group, publiée le lundi 4 mai. - La troisième partie : "Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore", par Christophe Perrod, directeur général des services techniques du Sedif, publiée le mardi 5 mai.