Olivier Lamarie, PDG de Xylem en France. Crédit : Xylem
Les défis liés à l’eau s’intensifient partout dans le monde. Un quart de l’humanité est aujourd’hui confronté à un stress hydrique extrêmement élevé. Des technologies existent pour réaliser des économies spectaculaires en matière d’eau, d’énergie et de coûts, rappelle Olivier Lamarie, PDG de Xylem en France.
Il y a encore peu de temps, en France, l’accès à l’eau était encore pour beaucoup une évidence. Nous sommes un pays riche, bien équipé, et de surcroît traversé par de nombreux fleuves. Alors, il nous suffisait d’ouvrir le robinet pour qu’elle coule, potable et abondante, de sorte que le risque de pénurie semblait bien lointain à la plupart de nos concitoyens. Mais ça, c’était avant. Avant cet été 2022, où, face à cette sécheresse historique, plus de 100 communes à travers l’hexagone ont dû être approvisionnées par citerne en eau potable. Avant que ne circulent en masse sur nos réseaux ces photos de lits de rivière à sec, nous rendant les témoins désolés, mais de plus en plus lucides, des effets concrets du changement climatique sur la ressource en eau, et de l’urgence d’agir pour la préserver.
D’autant plus que cette réalité pourrait bien se rappeler à nous de plus en plus souvent dans les années à venir, sous la triple menace du changement climatique, de la croissance démographique, et de nos infrastructures vieillissantes.
L’eau, une ressource sous pression
Les défis liés à l’eau s’intensifient partout dans le monde. D’ici 2025, plus de 1,8 milliard de personnes, soit près de 2 fois la population européenne, vivront dans des zones de pénurie d’eau, et un quart de l’humanité est aujourd’hui déjà confronté à un stress hydrique extrêmement élevé.
En cause, non pas la quantité d’eau disponible sur Terre, car l’eau est une ressource finie, relativement stable à travers l’histoire du monde, et qui circule en circuit fermé. Mais bien la pression que font peser sur la ressource le changement climatique, qui impacte le cycle naturel de l’eau (ruissellement – évaporation – condensation – précipitations – infiltration), et la croissance démographique, associée à toujours plus d’industrialisation, d’urbanisation, et d’intensification agricole.
Ces changements, très visibles dans les zones les plus arides du monde, n’épargnent pas non plus la France. En témoignent la multiplication des épisodes extrêmes, qui font peser une menace sur la distribution d’eau depuis plusieurs années, avec une alternance de trop d’eau (inondations) et de pas assez (sécheresse).
Les réseaux d’eau, notre maillon faible
Dans ce contexte, il est temps que nous prenions conscience, partout dans le monde, et y compris en France, que chaque goutte d’eau compte. A titre individuel, en tant qu’usagers, certaines bonnes habitudes sont prises : fermer le robinet quand on se lave les dents, éviter les douches d’une demi-heure, ne pas arroser son jardin en pleine canicule…
Mais au-delà de ces gestes de colibri, bien que toujours utiles, c’est bien ce qui se passe sous nos pieds, au détour des 850 000 kilomètres de tuyaux de notre réseau d’eau, sur lequel il convient d’agir d’urgence. Car rappelons-le, aujourd’hui en France, le rendement moyen du réseau d’eau potable est d’à peine 80 %, c’est à-dire qu’en raison de la vétusté du réseau, 1 litre d’eau potable sur 5 en moyenne n’arrive jamais jusqu’au robinet de l’usager. Une perte estimée à environ un milliard de mètres cubes d’eau par an, et une situation qui risque malheureusement de se dégrader encore dans les années à venir, notre réseau national étant largement vieillissant.
Vers une meilleure préservation de la ressource en eau
Malgré ces constats inquiétants, il y a de bonnes raisons d’être optimistes. Car nous sommes aujourd’hui mieux placés que jamais pour résoudre les grandes menaces liées à l’eau.
Des technologies existent pour permettre aux services de distribution de réaliser des économies spectaculaires en matière d’eau, d’énergie et de coûts. Les données, combinées à des produits et des technologies fiables, aident les gestionnaires d’eau du monde entier à mieux entretenir leur réseau, en détectant les fuites à la goutte près, et à devenir globalement plus sûrs et plus durables en matière de consommation et de traitement de l’eau.
En parallèle, en France, les collectivités et l’État se mobilisent. Les Assises de l’eau ont permis dès 2018 de porter une ambition forte de rénovation des réseaux d’eau, avec 41 milliards d’euros d’investissement envisagés sur la période 2019 – 2024 pour « réduire les fuites d’eau et améliorer la gestion des réseaux, tout en assurant une distribution d’eau de qualité en France ». Plus récemment, le plan de relance, dans son volet écologie-biodiversité, prévoit d’affecter 220 millions d’euros vers l’eau pour « sécuriser les infrastructures de distribution d’eau potable, d’assainissement et de gestion des eaux pluviales ».
Gageons que cet éveil des consciences, associé à une mobilisation de tous les acteurs de l’eau – pouvoirs publics, distributeurs, industriels – nous offrira cette opportunité unique pour résoudre, ensemble, le problème de l’eau.