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ÉNERGIE

[Tribune] Comment repenser la transition énergétique au niveau européen ?

PUBLIÉ LE 14 JANVIER 2019
LOUIS SHAFFER, DIRECTEUR DU SEGMENT ÉNERGIE DÉCENTRALISÉE DE EATON POUR LA RÉGION EMEA
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[Tribune] Comment repenser la transition énergétique au niveau européen ?
Cette semaine, Louis Shaffer, directeur du segment énergie décentralisée de Eaton pour la région "Europe Middle East and Africa" (Emea), revient sur la transition énergétique au niveau européen. Il indique que cette transition a "atteint une nouvelle ère" et qu’il s’agit maintenant de s’y adapter. Notamment en développant des solutions fondées sur les technologies de stockage afin d’anticiper les risques de coupures.

Les énergies renouvelables, et tout particulièrement le solaire et l’éolien, régneront bientôt en maîtres sur le monde de la production d’énergie. Pour une raison simple : le point de bascule a été atteint, particulièrement dans certains pays européens où les coûts de ces sources d’énergie continuent de baisser. Aujourd’hui, il est donc essentiel de comprendre les dynamiques et la chronologie de cette transition énergétique pour mieux gérer l’approvisionnement en énergie, pas uniquement pour un pays, mais au niveau européen.

Le développement des énergies renouvelables a atteint une nouvelle ère

Les énergies renouvelables sont devenues un moyen de moins en moins coûteux pour produire de l’énergie électrique. Ce phénomène entraîne une rapide modification de notre mix énergétique : les énergies renouvelables variables seront bientôt en mesure de représenter la majeure partie de notre approvisionnement en énergie.

Même si les énergies renouvelables (ENR) variables peuvent répondre en majorité à la demande, il faut compter avec d’importantes fluctuations de production, sur une journée, une semaine, un mois, une saison. La volatilité intrinsèque des ENR exerce également plus de pression sur le réseau énergétique, ce qui entraîne des défis économiques et techniques pour les technologies plus anciennes et moins flexibles, puisque les énergies renouvelables pourront à terme répondre à la totalité de la demande d’un pays pendant plusieurs jours.

La technologie de stockage par batterie voit également ses coûts baisser très rapidement, notamment grâce à l’augmentation de la demande pour les appareils mobiles et véhicules électriques. Le stockage par batterie a déjà fait ses preuves, et il est de plus en plus utilisé pour adapter rapidement l’offre en fonction de la demande. Si les gouvernements ajustent les codes et réglementations du réseau pour permettre à des investisseurs privés de développer des ressources de stockage par batteries centralisées ou décentralisées, la résolution du problème de volatilité sera plus rapide. Un système énergétique stable et rentable s’appuyant sur une proportion élevée de sources renouvelables sera alors accessible à l’échelle d’un pays.

Risques de coupure : comment les anticiper et quelles solutions envisager ?

Si l’on se projette dans un monde régi à 100% par les énergies renouvelables, il faut prévoir des périodes de déficits importants liés aux caractères intrinsèques des modes d’approvisionnement en énergie. Ces périodes ne peuvent être compensées par les technologies de stockage d’énergie actuelles. Un parc de ressources flexibles devra donc être prêt à répondre à ces écarts, par exemple grâce à une plus large production en bioénergie, ou au développement de nouvelles technologies de stockage toujours plus performantes.

Une autre possibilité pour combler les déficits énergétiques consiste à faire appel à la capacité non utilisée dans la région nordique. Le système énergétique nordique, qui dispose d’importantes capacités hydroélectriques, peut augmenter la part des énergies renouvelables sans souffrir des écarts saisonniers et de la volatilité accrue associés au solaire et à l’éolien sur d’autres marchés.

En outre, cette flexibilité croissante supplémentaire peut être utilisée pour exporter l’énergie et soutenir les marchés limitrophes européens avec des niveaux élevés d’énergies renouvelables variables. L’aspect économique des énergies renouvelables et leur évolution exponentielle rendent leur croissance inévitable. Les énergies renouvelables vont devenir notre première source d’approvisionnement en énergie, et ce plus rapidement que nous ne le pensons.

Il existe déjà des méthodes pour faire face aux nouvelles dynamiques engendrées par le développement des énergies renouvelables. Par exemple, l’amélioration des capacités de stockage permet de mieux faire face aux aléas des énergies renouvelables, et de rendre l’énergie disponible tout le temps sans interruption et en toute sécurité.

Une chose est sûre, en dépassant ces points de bascule, les énergies renouvelables deviennent un élément clé de notre système énergétique. Nous devons planifier et adapter le modèle des marchés pour garantir l’équilibre entre ces sources d’énergies plus propres et plus rentables et les ressources flexibles à faible carbone. Et ce, en faisant appel aux outils émergents existants tels que le stockage par batterie et la demande flexible, ainsi qu’à de nouveaux outils et à de nouvelles politiques.

La spécificité et la pluralité des ENR est un défi de taille pour nos générations futures, du solaire photovoltaïque au biogaz en passant par l’éolien offshore, les sources d’énergie propre sont nombreuses. Mais elles ne peuvent fonctionner seules, elles ont besoin de solutions de stockage et d’un réseau électrique adapté au-delà des frontières. Cette transition majeure doit être supportée par des financements européens pour adapter nos réseaux électriques et développer ces solutions sans attendre.
Louis Shaffer, directeur du segment énergie décentralisée de Eaton pour la région Emea
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