Dix-huit organisations ont écrit une lettre ouverte au Premier ministre, Edouard Philippe, lui demandant de réévaluer les objectifs et revoir les réformes en cours concernant l’énergie dans le bâtiment.
Dans une lettre ouverte en date du 9 juin, 18 organisations interpellent Edouard Philippe, l’enjoignant à « revoir d’urgence » la stratégie gouvernementale « conduisant à une électrification massive des usages thermiques, sans chercher forcément à réduire significativement les niveaux de consommation lors des rénovations, ni à recourir abondamment à la chaleur renouvelable ». Sont concernées, la prochaine réglementation environnementale 2020 (RE2020) des bâtiments neufs, la réforme du diagnostic de performance énergétique (DPE) et la révision du label Bâtiment basse consommation (BBC).
Parmi les signataires de cette lettre, on trouve notamment des gaziers, comme l’association Coénove, Flame, l’association française du gaz (AFG), ou Uprigaz, mais aussi l’association de collectivités territoriales, Amorce, l’association négaWatt, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire, Enerplan, ou encore le CLER-réseau pour la transition énergétique. Pour ces 18 organisations, le politique énergétique française dans le bâtiment n’est pas cohérente avec les objectifs de diminution de 40% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 et d’atteinte de la neutralité carbone en 2050. « La réforme prévue, qui impacte la réglementation environnementale (RE2020), le DPE et le label BBC, vise à modifier le contenu carbone du kWh chauffage et le coefficient d’énergie primaire relatifs à l’électricité, à exprimer le DPE en énergie finale, à placer le label BBC à 60 kWhEF/m²/an, seuil futur entre classes B et C », rappellent les organisations. Autant de dispositions qui sont jugées, pour certaines « non conformes aux directives européennes, contraires aux lois de la physique et contre-productives au regard des objectifs de la stratégie nationale bas carbone », peut-on lire dans la lettre ouverte.
« Ne pas modifier les règles du DPE et du label BBC »
Les signataires regrettent des « passe-droits » privilégiant l’électrification massive, par rapport notamment aux pompes à chaleur fonctionnant au biogaz ou de manière hybride. « La nouvelle étiquette induira en erreur les usagers pour qui la croissance des classes énergétiques rime avec celle des coûts : désormais des logements de même classe auront la même consommation d’énergie finale mais des coûts de chauffage du simple au triple », craignent les organisations. Sans compter que ce nouvel étiquetage « conduira, de manière inacceptable et sans faire de travaux, à sortir des classes F et G (devant être rénovées avant 2028), environ 3 millions de logements chauffés à l’électricité, et à y faire entrer environ 6 millions de logements chauffés par combustibles », estiment les signataires.
Ces derniers demandent donc au Premier ministre de « ne pas modifier les règles du DPE et du label BBC », de « prioriser la rénovation globale et performante et réfléchir à l’efficacité de l’incitation », d’axer « les efforts sur la réalisation d’enveloppes très performantes », de « fournir aux acteurs de terrain les outils assurant la pleine efficience des rénovations énergétiques » et à « développer une filière française d’excellence de la chaleur renouvelables et des pompes à chaleur ».