La filière a dépassé l'objectif de raccordement de 6 TWh/an prévu par la PPE pour 2023. Crédit : Adobe Stock
France gaz renouvelables appelle les candidats à tenir compte de la place des gaz renouvelables dans le mix énergétique français. L’association propose cinq grands chantiers en faveur du développement des gaz renouvelables pour saisir cette « chance pour la France ».
Le gaz renouvelable, oublié de la stratégie énergétique présentée par Emmanuel Macron, veut se faire entendre dans cette élection présidentielle. Dans ce contexte, l’association France gaz renouvelables interpelle les candidats sur la nécessité de mettre en œuvre un plan d’action en faveur des gaz renouvelables, principalement issus de la méthanisation.
La filière de la méthanisation représenterait une « chance pour la France », a déclaré France gaz renouvelables ce mardi 15 février. Olivier Dauger et Jacques-Pierre Quaak, co-présidents de l’association rappellent notamment que cette filière est la seule à avoir atteint et même dépassé au 31 décembre dernier, l’objectif de raccordement de 6 TWh/an prévu par la PPE pour 2023 avec 365 sites de production biométhane raccordés.
Celle-ci est désormais en route pour « atteindre rapidement » les volumes initialement prévus pour 2028 de 14 à 22 TWh/an en injection et 340 à 410 MWe en cogénération, soit 7 % de la consommation. « 26 TWh de capacités sont déjà réservées dont 10 TWh de projets ayant déjà une demande d’autorisation ICPE pour de l’injection », précise l’association.
En parallèle, l’association souligne l’innovation de la filière qui permet de valoriser « des intrants organiques encore peu valorisés ». Aux côtés de la méthanisation qui permet de convertir l’hydrogène en gaz injectable, se trouve la pyrogazéification qui valorise les déchets résiduels secs, non fermentables, « offrant une alternative plus satisfaisante que l’enfouissement ou l’incinération ». Ou encore, la «gazéification hydrothermale qui vise à convertir les effluents liquides en gaz renouvelable et de « récupérer des sels minéraux pouvant être transformés en fertilisants pour l’agriculture ».
Relever l’ambition nationale du gaz renouvelable
Les gaz renouvelables entendent contribuer activement à l’accélération des objectifs de décarbonation 2030. Pour ce faire, l’association France Gaz renouvelables accentue le trait sur la nécessité de déployer des actions concrètes pour l’essor de la filière au cours du prochain quinquennat. Première mesure formulée par l’association consiste à relever l’ambition nationale du gaz renouvelable dans le cadre de la loi de programmation préalable à la SNBC et la PPE pour viser au moins deux-tiers de gaz renouvelable dans la consommation énergétique finale à l’horizon 2040. L’association appelle également à fixer des objectifs ambitieux de développement des gaz renouvelables dans la future PPE « pour dépasser 52 TWh dès 2028 ».
Le deuxième chantier vise à lever les freins pour permettre à la filière d’atteindre « tout son potentiel en poursuivant son développement ». « La baisse de tarif brutale supérieure à 10 % opérée en novembre 2020 et limitation du tarif aux petites installations risquent de créer un trou d’air dommageable à la structuration de la filière française », soulignent les co-présidents de l’association. Ils proposent ainsi de maintenir l’enveloppe de soutien public actuelle, de stabiliser une trajectoire tarifaire viable pour les nouveaux projets, et de mettre en place « rapidement » le mécanisme de certificats de production de biogaz. L’association appelle également à définir un cadre réglementaire « adapté et stabilisé » pour encadrer la filière qui a subi un manque de visibilité, empêchant ainsi les acteurs de se projeter à moyen et long termes pour la croissance de la filière.
Faciliter l’acceptabilité
Le quatrième chantier présenté s’attarde sur l’enjeu de l’acceptabilité des projets de méthanisation. Pour faciliter cet acceptabilité des projets locaux, France gaz renouvelables propose d’accroître l’information « des élus locaux et des parties prenantes sur les projets de méthanisation, notamment en appliquant les outils prévus pour les projets électriques » et de permettre aux territoires porteurs de projets « de bénéficier de retombées directes : accélérer la mise en place de l’accès gratuit aux collectivités pour les garanties d’origine du biométhane produit sur leurs territoires ; accès à l’énergie renouvelable pour les habitants ».
Enfin, l’association invite le futur gouvernement à investir davantage dans les innovations de la filière. Celle-ci rappelle également qu’il est nécessaire de mettre en œuvre « le plus rapidement possible » les appels à projet « filières biogaz innovantes » prévus dans la loi énergie-climat.