EM : À quoi sert le dispositif des Certificats d’économie d’énergie ?
Le dispositif des Certificats d’économie d’énergie (CEE), communément appelé « prime énergie », est l’aide la plus importante pour financer ses travaux de rénovation énergétique : elle représente un budget de 4 milliards d’euros par an. Cumulable avec MaPrimeRénov’, l’aide de l’État, elle est financée par des acteurs privés.
Le dispositif des CEE oblige les fournisseurs d’énergie à réaliser des économies d’énergie. L’État leur impose des objectifs, et pour les atteindre, ils doivent financer un certain nombre de travaux de rénovation, effectués notamment par les particuliers. Cette aide est avant tout incitative pour les ménages, et fonctionne sur le principe « pollueur-payeur ». La condition pour en bénéficier est d’en faire la demande (auprès d’un délégataire agrée comme PrimesEnergie.fr), avant de signer le devis des travaux.
La prime énergie est une aide accessible à tous (propriétaires occupants, bailleurs, locataires), aussi bien pour des résidences principales que secondaires. Son montant varie en fonction des revenus du foyer, de la localisation du bien et du type de travaux réalisés. Elle peut être sollicitée pour des travaux d’isolation, de changement de système de chauffage, d’installation de nouvelles fenêtres… mais aussi pour l’achat d’un vélo électrique par exemple.
EM : Quelle est la situation actuelle de ce dispositif ? Comment s’explique la baisse des montants ?
C’est un dispositif qui a fait ses preuves et qui est aujourd’hui le premier levier pour financer la transition énergétique en France, mais en effet les aides diminuent (-20% pour les pompes à chaleur, -50% pour les chaudières ou l’isolation). Les objectifs des CEE sont fixés par le gouvernement sur une certaine période, et la difficulté aujourd’hui tient dans le fait que l’État a fixé des objectifs trop peu ambitieux pour la période 2022-2025 : une timide augmentation des quotas de 10%, alors que la demande des particuliers explose. Cela oblige les acteurs qui distribuent les primes énergie à donner un peu moins à chacun.
EM : Quels sont les acteurs impactés par cette baisse ?
Cette situation touche avant tout les particuliers, à un moment où ils en ont particulièrement besoin. Du côté des professionnels, certains délégataires peuvent avoir des difficultés à maintenir leur activité. Nous avions anticipé cette situation ces derniers mois, mais ces faibles quotas impactent les acteurs du marché des CEE qui ont du stock et ont vu le cours des certificats baisser de 30% sur 12 mois.
Quelles conséquences peut-elle avoir ?
La première conséquence que l’on peut anticiper, c’est malheureusement une baisse globale des travaux de rénovation énergétique réalisés par les Français. Alors que 88%[1] d’entre eux estiment qu’il faut mettre la priorité sur la rénovation énergétique des bâtiments, on peut s’attendre à ce qu’ils réalisent beaucoup moins de travaux, faute de financement. Par exemple, auparavant pour une chaudière gaz à condensation, la prime énergie s’élevait à 1400 euros, tandis qu’aujourd’hui elle n’est financée qu’à hauteur de 400 ou 500 euros. Pour certains ménages, ce n’est pas assez incitatif pour les faire sauter le pas.
D’un point de vue marché, cela peut aussi conduire à une diminution du nombre de délégataires en raison des difficultés financières qu’ils peuvent rencontrer.
EM : Comment la rénovation énergétique peut-elle apporter une réponse à la flambée des prix de l’énergie ?
L’énergie la moins chère, c’est celle que l’on ne consomme pas. Pour faire baisser sa facture d’énergie, le premier réflexe à avoir est de faire baisser son besoin. La solution la plus efficace est de faire réaliser un audit énergétique par un acteur indépendant, pour identifier les points faibles de son logement. Le toit représente 25% à 30% des déperditions de chaleur dans une maison, et les murs 20% à 25% : l’isolation est généralement le poste prioritaire, à condition de faire la chasse aux fuites d’air (fissures, conduits de ventilation, etc.) pour qu’elle soit efficace.
L’idéal est de réaliser une « rénovation globale », avec un bouquet de travaux plutôt que des mono-gestes. C’est d’autant plus intéressant que les économies d’énergies doivent être démontrées (gain d’énergie d’au moins 35% pour les bâtiments collectifs et 55% pour les maisons individuelles) et que les aides sont bonifiées dans ces cas-là. Par exemple, pour une rénovation globale qui comprendrait l’isolation des planchers bas et murs par l’extérieur, l’installation d’une VMC, d’une chaudière et d’un thermostat, faisant ainsi passer un 2 pièces d’une étiquette F à une étiquette C sur le diagnostic de performance énergétique, on peut estimer un gain énergétique de plus de 80%, et un retour sur investissement d’un an pour amortir le coût des travaux grâce aux aides (prime énergie et MaPrimeRénov’). Ça représente près de 3500 euros économisés par an sur la facture d’énergie.
EM : La stratégie du gouvernement est-elle en phase avec la situation ? Quelles mesures doit-elle apporter ?
Il est impératif que le gouvernement revoie à la hausse les ambitions fixées pour la période 2022-2025 dans le cadre du dispositif des CEE, au-delà des promesses pré-électorales sur MaPrimeRénov’... Le contexte géopolitique n’est pas rassurant sur le plan énergétique, et la rénovation thermique des bâtiments doit devenir une priorité absolue.
Le gouvernement invite les Français à « faire des efforts » sur leur consommation d’énergie, mais dans le même temps, le financement des travaux de rénovation énergétique n’est pas à la hauteur des besoins. Il est urgent, à très court terme, de remettre des budgets sur la table dans les aides à la rénovation énergétique. Sinon le nombre de travaux sera en baisse dans les prochains mois, à l’heure où il est pourtant plus important que jamais de faire des économies d’énergie.
EM : Comment peut-on encourager à la rénovation énergétique des bâtiments ?
Si plus de 60% des Français estiment que seule la contrainte législative est efficace pour véritablement changer les comportements, l’échéance de 2023 interdisant à la location les logements les plus énergivores devrait pousser les propriétaires à entreprendre des travaux. Mais le nerf de la guerre reste encore et toujours le financement.
Le gouvernement a fait le choix, avec MaPrimeRénov’, de flécher les aides vers les ménages les plus modestes, excluant ainsi les ménages classiques de certains postes de travaux. La prime énergie, elle, reste éligible à tous, mais il faut permettre aux délégataires de continuer à accompagner les particuliers dans la réalisation de travaux efficaces, sans reste à charge dissuasif.
Enfin, le dernier point tient dans la simplification des démarches. Nombre de Français associent à tort les demandes d’aides à un tourbillon administratif : ce n’est plus le cas aujourd’hui, faire des économies d’énergie est accessible à portée de clics. Grâce aux accompagnateurs rénov, on peut faire sa demande de prime énergie et de MaPrimeRénov’ conjointement, directement en ligne, auprès d’un guichet unique comme PrimesEnergie.fr.
1 Étude OpinionWay pour PrimesEnergie.fr, janvier 2022