Les stockages ont atteint un taux de remplissage de 94 %. Crédit : Adobe Stock
L’opérateur de transport de gaz en France GRTgaz a dévoilé ses perspectives pour l’hiver 2022/2023. Le scénario d’un hiver sans pointe de froid montre un système équilibré, toutefois marqué par une faible marge de manœuvre pour les jours de consommations élevées.
Alors que la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé une augmentation des prix de l’énergie de 15 % en 2023, les perspectives du système gazier pour l’hiver semblent rassurantes. Les prévisions dévoilées par GRTgaz indiquent que, dans un hiver moyen, le système gazier français « est capable de faire face à la demande, tout en soutenant le système électrique et en contribuant activement à la solidarité européenne ». Néanmoins, des situations de tension pourraient survenir en cours de l’hiver.
Dans un contexte de tension énergétique sous l’effet de la guerre en Ukraine, les flux en provenance de l’Est se sont inversés. On assiste notamment à un tarissement progressif des transits de gaz provenant d’Allemagne et de la Belgique depuis l’été 2022. En lien avec le gestionnaire du réseau de transport électrique, les gestionnaires de transport de gaz en France se sont mobilisés pour piloter le système gazier avec une augmentation des importations de GNL et une disponibilité des terminaux méthaniers à leur capacité maximale. Résultats : depuis le début du printemps, les stockages ont atteint un taux de remplissage de 94 % (contre 84 % en moyenne en Europe) et avoisineront 100 % à l’entrée de l’hiver.
Des perspectives nuancées
Les prévisions prennent en considération plusieurs scénarios de consommation. Dans un premier scénario marqué par un hiver moyen sans pointe de froid, le système gazier sera équilibré, non déficitaire avec des entrées et sorties égales à 393 TWh. Cependant, le système ne disposera pas d’une grande marge de manœuvre pour faire face aux jours de consommations les plus élevées. Dans ce cas, « toutes les sources doivent alors être mobilisées (stockages et importations via les terminaux méthaniers et les réseaux adjacents) pour satisfaire la consommation intérieure, y compris la production d’électricité ainsi que les exportations vers les pays voisins », précise GRTgaz.
Deuxième possibilité, celle d’un hiver très froid. Selon ce scénario, le déficit hivernal peut atteindre 16 TWh, soit 5 % de la consommation hivernale, « un niveau résorbable par l’atteinte des objectifs de sobriété affichés par les pouvoirs publics », commente le gestionnaire.
Sobriété ou délestage
Pour prévenir ces situations, une sobriété en gaz et en électricité est indispensable dès maintenant afin de limiter des risques de réductions imposées de la consommation qui concerneraient seulement les grands consommateurs. GRTgaz, l’Ademe et Teréga déploieront à partir d’octobre un dispositif d’information et de sensibilisation de type Ecowatt appliqué au gaz pour informer les citoyens, les collectivités et les entreprises sur le niveau de tension du système gazier et de leur permettre de contribuer à son équilibre par l’adoption des écogestes.
En cas de fort déficit, et en derniers recours, les pouvoirs publics feront appel au délestage. Cette mesure ciblera les grands consommateurs afin de protéger les clients résidentiels lors de situations extrêmes.