unité de méthanisation des effluents d'élevage à Mayrac dans le Lot en France./ Crédits : GrandBout, CC
Le président de la région Normandie, Hervé Morin, dénonce des « dérives » dans la méthanisation agricole. Il a suspendu l’ensemble des nouveaux financements dans l’attente de contrôles.
Coup de frein pour la filière biogaz en Normandie. Le président de la région, Hervé Morin, a dénoncé le 21 novembre des « dérives » dans la méthanisation issue d’activités agricoles, en particulier dans le maïs. Il a annoncé suspendre tout nouveau financement de méthanisation jusqu’à ce que l’Etat effectue des contrôles.
« Il apparaît que des surfaces agricoles, particulièrement de maïs, se trouvent détournées d’une destination de production alimentaire animale vers une destination énergétique, a développé Hervé Morin. […] De nombreux producteurs de maïs nous signalent des propositions d’achat de la part d’exploitants de méthaniseur à des prix deux fois supérieurs au prix du marché agricole », alerte-t-il. Les unités de méthanisation ne peuvent pourtant être alimenté qu’à 15 % maximum (tonnage bruit total des intrants) en culture alimentaires cultivées à titre de culture principale, selon une directive de 2016. Les méthaniseurs doivent avant tout valoriser les déjections animales.
Opter pour une « méthanisation raisonnée »
La région a lancé en 2018 un plan visant à développer la méthanisation sur son territoire. La Normandie compte aujourd’hui 188 unités de méthanisation et 35 projets ont été soutenus depuis 2016, pour un montant s’élevant à plusieurs dizaines de millions d’euros, pris en charge par l’Union européenne et la région. La vérification de la bonne application par les unités de méthanisation des règles édictées relève des services de l’État. « Je suis intéressé de savoir si tout ou partie des installations aidées par la région et entrées en service avant le 31 décembre 2022 ont fait l’objet d’un contrôle », s’est interrogé Hervé Morin.
« La méthanisation a toute sa place en Normandie, a-t-il poursuivi. Toutefois la production agricole doit d’abord être affectée pour nourrir les hommes et les animaux. La méthanisation est au service de l’agriculture et non le contraire » a précisé Hervé Morin, qui plaide pour une « méthanisation raisonnée ».