Face à l’urgence climatique, la durabilité s’immisce dans tous les aspects de l’activité humaine - que ce soit au niveau des individus, des entreprises ou des gouvernements. L’argent liquide que nous utilisons ne fait pas exception. Alors que la demande d’espèces continue de croître dans presque tous les pays du monde, leur parcours, de leur création à leur circulation et leur élimination, a le potentiel pour être plus respectueux de l’environnement, estime dans cette tribune Bernd Kümmerle, directeur exécutif de la division banknote solutions chez Giesecke+Devrient.
Face à la montée en flèche des défis environnementaux, nous sommes tous invités à vivre selon la règle des trois "R" : Réduire, réutiliser, recycler. Cette règle vise à modifier le comportement économique en s’éloignant du modèle d’économie linéaire, dans lequel la production et la consommation sont inévitablement suivies d’une mise au rebut ayant un impact sur l’environnement.
Pour garantir un avenir durable, le modèle linéaire doit être remplacé par un modèle circulaire, où les ressources sont utilisées efficacement et les intrants renouvelables sont privilégiés ; où l’utilisation et la durée de vie d’un produit sont maximisées pour en extraire le maximum de valeur ; et où les sous-produits et les déchets sont récupérés et réutilisés pour fabriquer de nouveaux matériaux ou produits.
Le Circularity Gap Report de 2021 affirme que notre économie mondiale actuelle n’est basée qu’à environ 9 % sur la circularité. Bonne nouvelle, pour prévenir les effets les plus néfastes du dérèglement climatique, il nous suffit d’atteindre 17 % de circularité. Chaque secteur doit jouer son rôle - y compris celui de l’argent liquide. Ses parties prenantes doivent travailler ensemble pour faire de la circularité un élément central de leurs opérations.
Un traitement normalisé et optimisé des billets de banque…
Une enquête de 2022 a conclu que l’utilisation accrue d’unités de transport de fonds normalisées à des points clés du cycle de traitement des espèces peut apporter d’importants avantages en termes de durabilité et réduire le gaspillage en termes de temps et de ressources. L’utilisation de plateaux en plastique standardisés permet d’optimiser le mouvement des espèces entre et au sein des centres de traitement des espèces. L’adoption de boîtes en plastique standard et empilables encourage la réutilisation et l’échange d’unités de transport de billets entre les différents acteurs du cycle de la monnaie, éliminant ainsi les formats à usage unique.
De telles ambitions en matière de durabilité ne peuvent évidemment pas être réalisées de manière isolée. Des modèles de collaboration doivent être mis en place entre les différents acteurs du cycle de la trésorerie afin d’établir des solutions de transport globales qui maximisent la durabilité dans les zones d’exploitation des différents acteurs.
… Allié à un cycle de vie durable…
Chaque année dans le monde, des milliards de billets sont abîmés, remplacés par des neufs (environ 25 % du total en circulation) puis sont retirés de la circulation et détruits. La longévité du billet de banque et sa composition sont la clé de sa durabilité.
Des billets écologiques sont aujourd’hui disponibles sur le marché et ont une durée de vie aussi longue que celle d’un billet en polymère. Ils génèrent 29 % de CO2 en moins, et utilisent 86 % de plastique en moins que leurs équivalents en polymère. Ils sont développés à l’aide d’encres écologiques et les parties qui doivent être fabriquées en plastique, comme le fil de sécurité, sont dérivées d’un polyester recyclé à 70 %. Le cœur du billet est constitué de fibres naturelles et renouvelables : 50 % proviennent de bobines de coton biologique, tandis que les 50 % restants sont constitués de fibres telles que la pulpe de bois certifiée issue d’une sylviculture responsable. Des alternatives sont donc possibles et doivent aujourd’hui être adoptées par les gouvernements.
… Et davantage de circularité
Les dispositifs de destruction de billets sont remarquablement efficaces, pouvant éliminer jusqu’à 1,5 tonne de billets par heure. Outre leur contribution à la sécurité, ces systèmes ouvrent la porte à de nouvelles opportunités de recyclage et de réutilisation des matériaux, notamment dans des domaines comme la valorisation énergétique des déchets. Des initiatives telles que le compostage sont également envisagées pour exploiter pleinement les billets en fin de vie et encourager l’innovation dans la gestion fiduciaire.
La circularité et la durabilité sont complémentaires : si nous gardons fermement à l’esprit la seconde, nous pourrons pleinement embrasser la première.