Point central d’entrée du gaz naturel en France, Dunkerque s’engage à renforcer ses infrastructures pour le transport de l’hydrogène (H2) bas carbone. Dans ce cadre, la CUD a sollicité GRTgaz pour développer un maillage adapté à cette nouvelle filière via le projet Dhune, présenté début septembre aux AETE.
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Les infrastructures à l’épreuve du H2
De par la petitesse de sa taille moléculaire, le H2 peut se diffuser plus facilement et fragiliser les métaux. Pour lever ces verrous techniques, tant sur les enjeux d’étanchéité des équipements que sur la propension du H2 à modifier les caractéristiques mécaniques des matériaux, dont les aciers, l’opérateur a lancé en 2021, en coopération avec RICE (Research and Innovation Center for Energy), son centre de recherche, baptisé FenHYx.
Nichée à Alfortville (Val-de-Marne), la plateforme est équipée de bancs d’essai pour étudier l’impact du H2 sous pression sur les matériaux. Les recherches portent notamment sur la résistance mécanique des aciers, les phénomènes de corrosion, ainsi que le vieillissement des métaux au contact de la molécule. « Cela nous permet de mieux comprendre les mécanismes en jeu dans le transport du H2, de sélectionner les matériaux adéquats et de concevoir des équipements adaptés, tels que des tuyaux, des vannes et des compresseurs », précise Xavier Cordier, responsable des affaires publiques à la délégation territoriale Nord-Est chez GRTgaz.
Une extension progressive
Sur le terrain, le projet Dhune avance de manière concrète. Depuis janvier 2024, l’opérateur mène des études d’ingénierie de base à Dunkerque, qui s’étendront sur 18 mois. « Ces études permettront de finaliser le design technique du projet et d’évaluer avec précision tous les paramètres, qu’il s’agisse du tracé, des contraintes techniques, ou encore des aspects réglementaires et environnementaux », détaille ce responsable. La décision finale d’investissement, qui marquera le lancement de la phase de construction de l’infrastructure, pourrait être annoncée d’ici fin 2025. L’objectif : une mise en service opérationnelle d’ici 2027.
Ce réseau d’hydrogène est aussi appelé à s’étendre. Après 2030, il pourrait s’interconnecter avec la Belgique, atteignant une longueur totale de 50 kilomètres en France. Pour avancer sur ce projet d’extension, GRTgaz a lancé mi-octobre 2024 un appel à manifestation d’intérêt, en coopération avec le gestionnaire de réseau de transport belge Fluxys, visant à confirmer l’intérêt économique pour cette interconnexion qui permettra de relier trois ports industriels majeurs de mer du Nord : Dunkerque, Gand et Anvers.
À terme, ce maillage viendra s’intégrer à la Dorsale hydrogène européenne, qui prévoit, d’ici 2040, la création d’un réseau de 39 700 kilomètres reliant 21 pays européens, consolidant ainsi la place du H2 au cœur de la transition énergétique en Europe.