Dans un secteur connu pour son individualisme, la chambre de métiers des Pyrénées-Atlantiques a réussi à mobiliser une profession en principe peu encline à se fédérer. En association avec le groupe Clean Shaper, elle propose en effet, depuis un an maintenant, aux fabricants de planches de surf - les shapers - un système de collecte de l'acétone usagée. « Leur activité repose sur une technologie à base de mousse, de tissu et de résine, vieille d'une cinquantaine d'années. Utilisée autrefois dans l'aéronautique, elle est très polluante car très consommatrice de solvants, et particulièrement d'acétone qu'aucun substitut ne peut remplacer à ce jour », regrette Benoît Dandine, ancien chargé de mission environnement de la chambre de métiers à l'origine de ce projet et aujourd'hui à la tête de InovEco, une société d'innovations écologiques qu'il a récemment fondée. Jusqu'à présent, les artisans shapers ne disposaient d'aucune solution pour le traitement de leurs vieux solvants et s'en désintéressaient complètement. Une fois souillée, l'acétone finissait dans un bidon avant de s'évaporer dans l'atmosphère. « Un comble pour des représentants d'un milieu épris de nature, d'espace et de liberté », précise Benoît Dandine.
Avec le système mis en place et qui s'inscrit dans un projet plus global de management environnemental porté par Clean Shaper, c'est désormais 1,5 tonne d'acétone qui est récupérée et traitée chaque année. La collecte est assurée par la société Viral Surf. Ce négociant en matériaux, fournisseur des principaux artisans shapers d'Aquitaine, s'est en effet porté volontaire pour remplir cette mission. Il profite de ses tournées de livraisons pour récupérer ce produit dangereux dont le transport à titre onéreux est en principe soumis à des contraintes réglementaires très strictes. « Nous couvrons les départements des Pyrénées-Atlantiques et des Landes où se concentre l'essentiel de la cinquantaine de fabricants de planches de surf de la région », décrit Julien Crechet, responsable de la société. Grâce à un appareil financé par la chambre de métiers, Viral Surf se charge ensuite de recycler l'acétone usagée. « Avec un litre de solvant souillé, nous produisons 0,6 litre de solvant recyclé que je revends au prix du neuf », ajoute Julien Crechet, qui assure ne faire aucun bénéfice dans cette opération à la demande de la chambre de métiers. Une opération dont les résultats sont attentivement examinés par d'autres corporations locales, elles aussi confrontées à des solvants, comme les sérigraphes, les imprimeurs et les professionnels de l'automobile.