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MOBILITÉ

Comment intégrer les enjeux sanitaires ?

PUBLIÉ LE 1er MARS 2009
LA RÉDACTION
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Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
1ÉTABLIR UN PROGRAMME ÉQUILIBRÉ Construire ou rénover un bâtiment en prenant réellement en compte les enjeux sanitaires commence par un programme précis réalisé par une équipe pluridisciplinaire. Écoles, bâtiments administratifs, bureaux, logements, comment mettre en place une opération de construction ou de réhabilitation sans négliger la santé de leurs occupants ? Car, même si le monde de la construction a tendance à l'oublier, il n'y a pas que la performance énergétique dans la vie ! « Tout ce qui n'est pas économiquement mesurable passe généralement à la trappe ! », regrette Jean Lattanzio, fondateur de l'agence L-EAU (Environnement, architecture, urbanisme) et auditeur environnement. Pourtant, hermétiques, « les bâtiments basse consommation ne pourront pas se permettre d'intégrer des produits fortement émissifs, notamment en composés organiques volatils », expliquait Christian Cochet, responsable de la division santé bâtiment du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) lors d'un colloque en décembre. La qualité de l'air intérieur et la ventilation apparaissent en effet comme les parents pauvres du secteur. « La ventilation est mal traitée. Les investissements correspondants avoisinent généralement 0,1 % du coût d'un projet alors que sa fonction, en termes de qualité de l'air, de thermique ou de pérennité du bâtiment, est essentielle. Il n'existe en outre ni lot, ni corps d'état spécifique au domaine », constatait Jean Courtois, du syndicat des fabricants de systèmes de ventilation Uniclima, lors d'un colloque du Centre d'information et de documentation sur le bruit (CIDB) qui s'intéressait, en novembre dernier, aux compatibilités et incompatibilités entre thermique, ventilation et acoustique. « La France n'a pas du tout la culture de la ventilation double flux », juge en outre Jean Lattanzio. La gestion des nuisances sonores compte également parmi les cibles HQE qui pourraient faire, en construction comme en rénovation, les frais de l'obsession thermique actuelle. Notamment à cause d'une question souvent oubliée par les thermiciens : l'émergence des bruits intérieurs. « Si, en isolant, on masque complètement le bruit de la rue, on amplifie la gêne due aux bruits intérieurs », explique René Gamba, acousticien qui vient de lancer la construction du nouveau siège de sa société (lire encadré p. 50). D'où l'importance de traiter aussi l'isolation acoustique entre locaux... Mais d'autres aspects doivent également être considérés : l'éclairage, l'organisation des espaces, le confort olfactif ou encore le choix définitif des matériaux en phase projet (lire article suivant). Autant de thématiques, donc, à traiter simultanément. « Le spécialiste d'un domaine doit avoir suffisamment de connaissances dans les autres pour vérifier que les solutions qu'il préconise ne dégradent pas les autres fonctions du bâtiment. Dans les cas douteux, une concertation entre spécialistes est indispensable. Se poser la question de la compatibilité des solutions, c'est déjà résoudre en partie les problèmes », écrivait Mathias Meisser, consultant en acoustique dans un document de décembre 2007. Et comme on le répète sans cesse à propos de construction durable, plus la question environnementale se pose tôt, mieux c'est ! La programmation reste cependant l'étape clé. Mais sa rédaction doit s'appuyer sur une analyse sérieuse du site. « Au cours de mes audits, je vois très peu de projets basés sur une analyse de site intelligente. Ainsi, même dans les régions les plus polluées, aucun document ne s'intéresse à la qualité de l'air. Je peux vous rapporter le cas de la construction d'un collège dans le périmètre de l'aéroport de Paris-Orly. L'analyse de site a révélé une importante concentration de kérosène dans l'atmosphère ; ce qui a été rapproché du taux anormalement élevé de membres cassés dans les cours des écoles alentours. Ou celui d'un hôpital public entouré d'un magnifique écrin de verdure composé aux trois quarts de plantes... allergènes ! Aucune analyse préalable n'avait évidemment été faite », témoigne Jean Lattanzio. « De même, lors des études de faisabilité, on ne se pose jamais les questions sanitaires de manière précise : l'emprise du site est-elle polluée, située à proximité d'une ligne à haute tension ou d'une voie à très fort trafic ? », regrette Suzanne Déoux, médecin, professeur à l'université d'Angers et gérante du cabinet Medieco spécialisé en ingénierie d'écologie médicale. L'intervention d'un spécialiste en amont évite ainsi nombre d'écueils. « J'ai accompagné le groupe MCP Promotion pour son projet de maisons passives à Saint-Priest sur la Zac des Hauts-de-Feuilly (lire EM n° 1654, p. 9). Dès l'établissement du plan-masse, j'ai suggéré de séparer garages et parties habitables pour éviter la contamination de l'air intérieur des maisons », illustre le médecin. Les documents de programmation, en général très courts, abordent rarement ces aspects sanitaires et n'imposent jamais d'objectifs chiffrés. « Les maîtres d'ouvrage doivent élaborer leur programme avec le concours d'une équipe pluridisciplinaire regroupant des professionnels de la santé, des psychosociologues... », conseille Suzanne Déoux. Mais le programme peut aussi servir à imposer telle ou telle compétence pour la suite des opérations. « Pour la reconstruction de notre école régionale pour déficients visuels, dont les travaux commenceront à la fin de l'année, nous avons demandé à la maîtrise d'oeuvre de se doter des compétences nécessaires pour concevoir ce bâtiment particulier. Nous avons suivi pour cette opération notre cahier des charges « Lycées HQE » ainsi que celui de la Zac (Eurasanté) qui l'accueille », explique Véronique Heulard, chef du service ressources techniques à la Région Nord-Pas-de-Calais. 2FAIRE LES BONS CHOIX TECHNIQUES Trouver le juste équilibre entre cibles sanitaires et thermiques nécessite de surmonter de nombreuses contradictions techniques et de sélectionner les matériaux ad hoc. Après la faisabilité et le programme, place aux études détaillées. Isolation, menuiseries, dimensionnement des différents systèmes, sélection des matériaux, l'heure est à des choix (quasi) définitifs, pas toujours évidents. « Dès l'avant-projet sommaire (APS), le maître d'ouvrage, l'architecte, les bureaux d'études, etc. doivent se réunir pour établir un inventaire méthodique de tous les matériaux qu'il est prévu d'utiliser en fonction de leurs compositions et se poser les questions suivantes : Quel isolant pour l'enveloppe ? Quel traitement pour le bardage en bois ? Que dégage ce pare-vapeur... », préconise Suzanne Déoux, du cabinet Medieco. Il est primordial d'évaluer finement les conséquences de ces réponses, particulièrement en termes de thermique, d'acoustique et de qualité de l'air intérieur, trois facteurs intimement imbriqués. En neuf comme en réhabilitation, l'isolation par l'intérieur est la pratique la plus courante dans l'Hexagone. Les industriels du secteur ont déjà développé et mis sur le marché quelques solutions thermo-acoustiques (Optima Murs d'Isover, Placomur Ultra 32 phonique de Placo, Labelrock de Rockwool...). Mais reste la question des ponts thermiques, qui provoquent condensation et apparition de moisissures, et celle de l'innocuité sanitaire des produits ainsi mis en oeuvre... Certains ne jurent donc que par l'isolation extérieure. « On ne peut, à mon avis, garantir une bonne isolation thermique et acoustique sans isoler le bâtiment par l'extérieur, ce qui assure notamment l'absence de ponts thermiques », considère l'architecte Jens Freiberg. « Sur le plan thermique, l'isolation par l'extérieur (ITE) n'est pas forcément la solution miracle ; il faut regarder au cas par cas la solution la plus adaptée. Sur le plan acoustique, là aussi il est nécessaire de faire un minimum attention », mettait en garde Jean-Baptiste Chéné, chef de la division essais acoustiques du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) lors d'un colloque organisé par le Centre d'information et de documentation sur le bruit (CIDB). « Pour ne pas réduire les performances acoustiques d'un système d'ITE, il faut privilégier les isolants souples et désolidariser l'isolant du mur support », conseille Salem Farkh, ingénieur au CSTB. Quant à l'isolation répartie, elle « se suffit à elle-même pour assurer l'isolation thermique, pour peu que l'épaisseur soit suffisante. Mais pour limiter les transmissions latérales entre locaux, il faut lui associer un complexe isolant acoustique », écrivait l'acousticien Mathias Meisser en 2007. Par ailleurs, les ambitieux objectifs de rénovation thermique du Grenelle de l'environnement ne doivent pas « avoir pour conséquences de dégrader le confort acoustique et la qualité de l'air intérieur, en particulier des bâtiments exposés au bruit des transports terrestres et aériens », prévient le rapport du Comité opérationnel bruit. L'isolation thermique par l'intérieur peut ainsi, selon l'isolant utilisé, améliorer ou dégrader l'isolement acoustique entre logements. Un doublage thermo-acoustique à base de laine minérale ou de polystyrène expansé (PSE) élastifié permet, sur une paroi en béton classique, un gain d'efficacité acoustique pouvant atteindre 7 décibels par rapport à un doublage rigide. Autre conséquence du Grenelle, le Plan national santé environnement 2009-2013 (PNSE 2) prévoit la production d'outils d'aide à la réception des systèmes de ventilation et de recommandations techniques pour préserver l'aération des locaux. La ventilation est en effet stratégique à la fois en termes thermiques et de qualité de l'air. Mais elle a également des impacts acoustiques. « Quatre systèmes de certification garantissent les performances acoustiques des systèmes simple flux : NF entrée d'air autoréglable, CSTBât ventilation hydroréglable, NF VMC groupe et bientôt NF VMC bouches », indique-t-on au CSTB. Il n'en existe en revanche encore aucune pour les systèmes double flux qui peuvent s'avérer bruyants, notamment dans les chambres où la réglementation est plus restrictive, et poser des problèmes d'interphonie entre deux bouches d'appartements différents. Le PNSE 2 imposera en outre d'étiqueter les produits de construction en fonction de leurs émissions de COV et de formaldéhyde notamment. Il était temps, car le choix des matériaux relève aujourd'hui du parcours du combattant. Et ce, malgré l'existence de quelques outils : avis technique intégrant les aspects sanitaires, pass'innovation et protocole de mesure (encore très peu utilisé) du CSTB, protocole d'évaluation de l'Afsset (teneur en COV et en formaldéhyde des produits type cloisons, revêtements de sol ou plafonds), les certifications Ange bleu ou Natureplus ou encore les fiches de déclaration environnementales et sanitaires (FDES) rassemblés dans la base Inies. « L'outil manque pour moi de rigueur. Je préfère me fier aux retours d'expérience et regarder ce qui se pratique à l'étranger. En matière d'isolation, j'utilise en général de la laine de verre ou de roche. Il faut s'en méfier notamment lors de la pose, mais ces isolants traditionnels sont économiquement imbattables. Personne ne dispose en outre de retours d'expérience solides sur les autres matériaux d'isolation dits naturels (plumes de canard, laine de lin ou de bois, papier recyclé...) », indique l'architecte et auditeur Jean Lattanzio. 3SUIVRE ATTENTIVEMENT LES TRAVAUX Pour atteindre ses objectifs, le maître d'ouvrage a intérêt à sélectionner judicieusement ses entreprises et à les visiter régulièrement sur le chantier. Le chantier débute. Les concepteurs passent le relais aux entreprises exécutrices. « C'est dans la qualité de mise en oeuvre que tout va se jouer maintenant. Attention donc aux gougnafiers, mettait en garde Alain Maugard, l'ancien président du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), lors d'un colloque organisé par le Centre d'information et de documentation sur le bruit (CIDB). Entreprises et artisans vont devoir changer d'urgence leurs habitudes, car nous sommes pour le moment loin du compte. Quand, par exemple, l'électricien installe ses prises, il laisse des trous thermiques et acoustiques derrière lui. Un effort de modification des règles de l'art et de formation est donc indispensable. Dans notre société étrange, en effet, un coiffeur a besoin d'un CAP pour exercer et pas ceux dont le travail a un impact véritable sur la santé des gens ! » Le choix des différentes entreprises appelées à intervenir sur le chantier est donc primordial. Dans le cas d'un appel d'offres public, il doit se baser sur la pertinence de leurs réponses au dossier de consultation des entreprises (DCE) et de leurs éventuelles propositions de variantes, preuve de leur motivation. « Nous avons privilégié les entreprises dont nous connaissions les compétences et l'implication, témoigne pour sa part le maître d'ouvrage privé René Gamba à propos de son projet de siège social (lire encadré p. 50). Mais cela ne saurait malheureusement suffire : « Il faut prévoir des procédures de validation afin de s'assurer que chacun des produits et techniques utilisés soit conforme aux critères environnementaux des cahiers des clauses techniques particulières (CCTP) », préconise Jean Lattanzio, fondateur de l'agence L-EAU (Environnement, architecture, urbanisme). En rénovation, il est également possible de tester choix techniques et conditions de mise en oeuvre sur un lot témoin. Les maîtres d'ouvrage ont rarement les moyens de contrôler très régulièrement leurs chantiers. Il est cependant dans leur intérêt de les faire visiter, de préférence par un spécialiste des questions environnementales et sanitaires. « Nous avons confié une mission de suivi du chantier de notre nouvelle école régionale pour déficients visuels à notre assistant à maîtrise d'ouvrage HQE », témoigne Véronique Heulard, chef du service ressources techniques à la Région Nord-Pas-de-Calais. « Nous passons régulièrement sur notre chantier, mais il faut préciser qu'il se situe à deux kilomètres de nos locaux actuels... », ajoute René Gamba.
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