Place maintenant à la pose des rails, traverses et câbles, pour l’ouverture en 2017 du plus grand ouvrage de sa catégorie dans le monde, long de 57 km. L’investissement est colossal pour le petit pays : plus de 7 milliards d’euros, près de 14 milliards si l’on comptabilise l’ensemble des chantiers formant le programme NLFA (nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes). La Suisse n’a donc pas regardé à la dépense, ni rechigné à régler le surcoût de 50 % par rapport à l’estimation initiale de la fin des années 1990. L’enjeu n’a pas de prix à ses yeux : par cette offre de circulation à grande vitesse que ne permet pas l’actuel tunnel centenaire, elle veut opérer un transfert massif de la route vers le rail du grand transit de fret européen Nord-Sud passant par ses montagnes. Traduit en chiffres, l’objectif consiste à diminuer de moitié le nombre de camions de transit pour le ramener à 650 000 par an. Au début des années 1980, ces poids lourds n’étaient que 300 000 et ils représentaient moins de 20 % du trafic transalpin. Mais, en Suisse aussi, ils ont capté la croissance des marchandises – les volumes ont plus que doublé en trente ans – ramenant la part du rail à 62 %. Depuis dix ans, une eurovignette avant l’heure atténue la tendance : la « RPLP » frappe tout camion traversant le pays – compter 240 euros – et elle cofinance la NLFA avec la TVA et la taxe sur les carburants. Un premier tunnel de 34 km ouvert fin 2007, le Lötschberg, a déjà fait remonter la part du train de quelques points. Mais c’est au Gothard qu’incombe le gros du travail. CRLe site du chantierLe site de l'office fédéral des Transports