1 Le nouveau report au 1er  janvier 2014 de l'entrée en vigueur de l'écotaxe poids lourds a de quoi faire douter de l'efficacité du système. Comment réagissez-vous à l'interpellation du gouvernement sur les « dysfonctionnements persistants » du dispositif ? Sereinement. Nous comprenons que le gouvernement préfère reporter de trois mois un dispositif qui doit être parfaitement rôdé pour tourner en l'état jusqu'en 2025. Le système étant régi par le code des douanes, c'est aussi par sécurité juridique que le gouvernement veut qu'il soit impeccable, pour éviter que des transporteurs usent ensuite de recours. Les défail­ lances pointées sont mineures. Il s'agit par exemple d'erreurs de traduction, car le système fonctionne en huit langues, et de défauts dans l'interface avec l'utilisateur. Ce sera réglé en novembre. Notre équipe de 200 personnes s'y attelle. 2 Vous gardez le cap, mais celui-ci n'est-il pas trop ambitieux ? Vouloir suivre 800 000 camions dont 600 000 français, est-ce bien raisonnable ? Le travail d'enregistrement est certes considérable, mais notre capa­ cité de traitement de 10 000 dossiers par jour est à la hauteur. Après un début en douceur, nous en sommes à 30 000 camions enregistrés, sur un premier objectif de 400 000 abonnés par des transporteurs à un service de télépéage. Ils seront prélevés par ce biais. Nous avons des transporteurs étrangers, mais ciblons d'abord les français, via un travail avec les chambres de commerce et fédérations. 3 Pourtant certains transporteurs freinent des quatre fers. Quelle proportion prend ce lobbying contre l'écotaxe ? Des collectifs d'acteurs se manifestent, mais la majeure partie des professionnels nous soutiennent. Nous avons l'appui des deux principales fédérations, la FNTR et TLF. La phase de test amorcée cet été avec 2 000 camions, sur la base du volontariat et sans per­ ception de la taxe, a bien marché. Le cœur du système – suivi des camions, calcul de la taxe selon les caractéristiques du véhicule et répercussion – fonctionne bien. Le rythme d'enregistrement s'accélère. Restent les 200 000 camions étrangers assujettis à l'écotaxe. Pour qu'ils s'équipent et la payent, nous nous appuierons sur les bons réseaux et enverrons des équipes volantes là où ils circulent. La distribution des boîtiers s'effectuera directement auprès d'eux, comme pour les redevables non abonnés.