« Cela permet, en hiver, de déneiger la route, et en été, d’alimenter en chaleur des infrastructures voisines », explique Ivan Drouadaine, directeur du centre de Recherche et Développement. La géothermie a été retenue pour le démonstrateur, baptisé Novatherm, après comparaison de la production d’énergie avec la piézoélectricité, le solaire, le microéolien et des procédés mécaniques. « La géothermie est une technologie mature, mais pour laquelle il existe peu d’exemples en technique routière », argumente Ivan Drouadaine.
Concrètement, trois chaussées ont été construites sur un site à Gilley, dans le Doubs, avec le soutien de l’Ademe en Franche-Comté. L’un, avec des capteurs géothermiques horizontaux, l’autre avec des capteurs géothermiques verticaux, dans les deux cas complétés par une pompe à chaleur de 30 W avec un COP (coefficient de performance) de 4. La troisième chaussée est un témoin avec un chauffage électrique classique. Dans tous les cas, la chaleur était diffusée dans la chaussée via des échangeurs de chaleur.
Testé pendant le très neigeux hiver 2013/2014, le dispositif a fait la preuve de son efficacité. Les capteurs verticaux ont été particulièrement efficaces, mais cette technique, qui nécessite de plonger jusqu’à 30 à 40 m de profondeur, est peu reproductible. La chaussée équipée des capteurs horizontaux a permis d’atteindre un rendement acceptable, avec un déneigement de 1 cm/heure. Et pendant les chutes de neige, la route est restée dégagée. « La géothermie couplée à une pompe à chaleur consomme quatre fois moins d’énergie que le chauffage électrique », se satisfait le directeur R et D. Il faut cependant veiller à un point : ne pas trop refroidir le sol en prélevant sa chaleur, car en-dessous de 0 °C, cela aurait des répercussions négatives sur la chaussée.
Pendant l’été, le dispositif a aussi son avantage. « Une température supérieure à 38 °C use la chaussée. Alors la géothermie peut être utilisée pour rafraîchir la chaleur, ce qui prolonge la durée de vie de la chaussée », décrit Ivan Drouadaine. Et la chaleur peut être utilisée pour chauffer l’eau chaude sanitaire, par exemple.
« Ces chaussées sont réalisables sans trop de difficultés. Cette technique pourrait intéresser des opérations privées voire urbaines, comme des smart grids », estime Ivan Drouadaine.
Albane Canto