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MOBILITÉ

Enquête : jusqu'où innovera la mobilité collaborative ?

PUBLIÉ LE 7 OCTOBRE 2016
LA RÉDACTION
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Une application mobile pour localiser les embouteillages et les accidents de la route à Birmingham. Une autre à Anvers pour collecter les données des cyclistes : vitesses, destinations, distances parcourues, état des pistes cyclables… Le numérique s'est immiscé à grande vitesse dans le secteur des transports au-delà des frontières hexagonales, mais la France n'a pas à rougir de ses innovations. À Bordeaux, Dijon et Metz, Qucit a lancé une application afin de faciliter la mobilité en ville, en particulier pour optimiser les offres de vélos en libre-service et le stationnement des voitures. À Paris et dans sa proche banlieue, c'est OPnGO qui propose, depuis juin 2016, une solution facilitant la recherche d'une place de parking. Toujours à Paris, Padam fait rouler des minibus partagés conduits par des chauffeurs professionnels. Ils suivent un itinéraire calculé par un algorithme en fonction des besoins des passagers.Une nouvelle vague d'innovationsÀ l'image d'Autolib, Communauto ou Covivo, une première génération de services de mobilité était apparue dès les années 2000. Mais, depuis 2010, une nouvelle vague d'innovations a renouvelé les usages et donné corps à une mobilité dite « collaborative ». Dans le lot, deux types de services se démarquent. « Les start-up de covoiturage et d'autopartage entre particuliers se sont multipliées ces dernières années, observe l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), dans un rapport publié en juin. La diffusion des smartphones et les innovations numériques ont en effet permis de concevoir de nouveaux outils et d'améliorer l'ergonomie des interfaces de mise en relation, facilitant parallèlement les transactions entre particuliers. »Intuitif et sur mesureLe panorama qui se dessine est celui d'un panel de services intuitifs et sur mesure. « Pour que l'usager emploie une application, elle doit être rapide, utile et simple », témoigne Blandine Lourdelet, ingénieure géomaticienne chez Mobigis. Spécialisée dans les services d'information géographique, cette entreprise édite le logiciel Mobi Analyst, qui analyse l'offre de transports sur un territoire. Mobigis a développé l'application Moveazy, dont une première version a été déployée à Toulouse. « C'est une solution orientée usager, présente Blandine Lourdelet. Sa vocation est de relier les zones urbaines et périurbaines en utilisant des moyens alternatifs à la voiture individuelle, grâce par exemple au covoiturage ou au transport à la demande. » Calcul en temps réel, envoi de notifications, chiffrage du coût en euros et en CO2… Au fur et à mesure de son développement, l'application va progessivement intégrer d'autres fonctionnalités avec toujours une priorité : améliorer l'expérience de l'utilisateur.Ultrapersonnalisée et ultragéolocalisée« Le numérique offre la possibilité de délivrer à chacun une information ultrapersonnalisée et ultragéolocalisée pour lui permettre de prendre une décision », abonde Éric Lefale, qui représente la ville d'Issy-les-Moulineaux au sein du consortium So Mobility. Le but de ce projet est de déployer un démonstrateur sur le territoire de la commune afin de montrer les solutions que le numérique peut apporter afin de fluidifier le trafic routier et de faciliter le stationnement, l'intermodalité et le développement de nouvelles offres. Aux côtés d'Issy-les-Moulineaux, So Mobility réunit la Caisse des dépôts, Cisco, Bouygues Immobilier, Engie, Transdev et Colas. Ce projet, lancé en octobre 2015, va entrer dans sa deuxième année, celle des expérimentations sur le terrain. Il faut dire que la mobilité collaborative manque encore de maturité.Une myriade de start-upCes promesses sont, certes, alléchantes. La géolocalisation a permis de développer le covoiturage « dynamique » : plus besoin d'anticiper les réservations, elles peuvent désormais être faites quasi instantanément. L'intelligence artificielle a engendré le covoiturage « prédictif » : les algorithmes détectent, apprennent et anticipent les habitudes de déplacement de l'usager. Le numérique a ainsi largement contribué à l'émergence en France d'une myriade de start-up. Citons Koolicar pour la location de voitures entre particuliers, Citygoo, Karos et WayzUp pour le covoiturage sur courte-distance. Ou encore OuiHop, dont l'application permet aux piétons de visualiser les voitures situées à proximité et leurs itinéraires. « Mais toutes ces solutions ne connaîtront pas le succès de BlaBlaCar », tempère Damien Demailly, coordinateur du programme Nouvelle prospérité à l'Iddri. Et pour cause, elles sont confrontées à un défi : atteindre la masse critique. « Tout comme l'utilité de posséder un téléphone dépend de la quantité de personnes qui possèdent elles-mêmes un téléphone, l'utilité d'une plateforme de covoiturage ou d'autopartage sera d'autant plus grande qu'il y aura plus d'utilisateurs qui offriront et demanderont du covoiturage ou de l'autopartage », résume l'Iddri dans son étude intitulée « Les nouveaux acteurs de la mobilité collaborative : des promesses aux enjeux pour les pouvoirs publics ».Continuer à lever des fondsIllustration avec Tripndrive, une société créée en 2013. Son métier : « Proposer à l'automobiliste qui n'utilise pas sa voiture de nous la laisser en échange de la gratuité du stationnement et d'une rétribution si nous arrivons à louer son véhicule », présente François-Xavier Leduc, son cofondateur. Tripndrive a commencé par s'implanter dans les aéroports, puis les gares et, au premier semestre 2016, dans vingt parkings parisiens. Lyon et Bordeaux devraient suivre. Comme pour toute jeune pousse de la mobilité collaborative, « le seul enjeu, c'est la croissance, insiste François-Xavier Leduc. Nous avons davantage de demande que d'offre. Pour continuer à lever des fonds, l'axe stratégique numéro un est de nous faire connaître et d'augmenter le parc de voitures disponibles à la location ». Souvent, les services de mobilité sont différenciés selon la longueur du trajet réalisé : la longue distance d'un côté, la courte distance de l'autre. La masse critique, et donc la rentabilité, sont d'autant plus difficiles à atteindre que les distances sont courtes, car les usagers se montrent moins souples. « Si vous allez de Paris à Bruxelles, vous serez sans doute disposé à décaler votre départ de trente minutes. Mais pas le matin pour aller au travail », illustre Damien Demailly.La clé du succèsAlors, pour obtenir cette masse critique tant désirée, certains misent sur la technologie. C'est le cas de Karos. Ses algorithmes peuvent apprendre vos habitudes de déplacement et vous proposer chaque jour le covoitureur le plus adapté à votre besoin, sans que vous n'ayez rien d'autre à faire que d'accepter, modifier ou refuser la proposition. « L'usager doit réaliser le minimum d'effort, c'est la clé du succès », juge son président Olivier Binet. En début d'année, il revendiquait 12 000 inscrits sur sa plateforme, dont 1 500 actifs chaque semaine. Pour atteindre la rentabilité d'ici à 2018, il espère couvrir une population de 200 000 personnes, dont 30 000 à 40 000 covoitureurs réguliers. D'autres misent plutôt sur des campagnes de sensibilisation. Koolicar est ainsi spécialisée dans l'autopartage entre particuliers. Pour convaincre les usagers de changer leurs habitudes, la start-up a lancé une opération avec la Maif. Le principe ? Les automobilistes volontaires voient leur voiture immobilisée pendant deux mois pour éviter toute tentation de l'utiliser. En échange, ils bénéficient d'accès gratuits à des offres d'autopartage, de vélos en libre-service et de transports en commun. L'objectif est de les convaincre que, même sans posséder de voiture, il est possible de se déplacer. Cette opération menée à Bordeaux et à Niort devrait l'être ensuite à Grenoble et à Dijon.Réseau public et dernier kilomètreDans tous les cas, un constat s'impose : la mobilité collaborative ne se déploiera pas spontanément. Ce n'est pas un hasard si Karos a connecté cet été son application au réseau ferré du Stif, le syndicat des transports d'Île-de-France. Outre le covoiturage, son application embarque désormais l'offre francilienne de métros, trains, RER et tramways. Fondée en 2013, la start-up Instant System a aussi adopté cette approche. Elle a lancé cette année à Bordeaux, sous la marque Boogi ,une application qui associe le covoiturage dynamique aux transports en commun autour des parkings relais de l'agglomération. Ainsi, l'usager n'a pas à trouver le covoitureur dont le trajet lui convient parfaitement, mais simplement celui qui lui permet d'accéder aux transports en commun. « Notre solution de covoiturage vient en rabattement du réseau public ou en dernier kilomètre », expose Yann Hervouët, P-DG d'Instant System.La meilleure combinaison possibleAussi innovante soit-elle, la mobilité partagée est seulement l'un des maillons de la chaîne des déplacements et doit donc s'intégrer à l'offre de transport préexistante. Bonne nouvelle : l'intérêt est réciproque. « La mobilité collaborative n'est pas seulement un choix, mais aussi une nécessité dans les zones rurales et périurbaines, observe Paul de Rosen, directeur commercial et du développement de l'opérateur de transports Transdev. Avec la réforme territoriale, certaines autorités organisatrices de la mobilité voient la taille de leur territoire très nettement augmenter. » Et Paul de Rosen de citer deux exemples : le Grand Reims passe de 55 à 155 communes et l'intercommunalité Sud Pays basque va devoir couvrir un rayon de 70 kilomètres. Dans ces conditions, « les modes de transports traditionnels ne peuvent plus assurer leur rôle seuls. La mobilité collaborative doit venir en complément ». Avec un impératif : proposer à chacun la meilleure combinaison possible selon son profil. Alors, Transdev adapte son offre. Il a créé, avec la Roue Verte, spécialiste du covoiturage, la coentreprise Fleet Me. D'abord lancée à Montauban, cette alliance va aussi être testée à partir de cet automne à Auxerre, Avignon et Beauvais. Fleet Me va y intégrer des solutions de covoiturage au transport public opéré par Transdev.Une fine connaissance des usagesEn échange de références en grandeur nature, les jeunes pousses de la mobilité numérique apportent aux collectivités locales des innovations, de la réactivité, une connaissance fine des usages… À condition de trouver un terrain d'entente. Le rythme de développement d'une start-up et celui des procédures comme les marchés publics sont en effet rarement les mêmes. « Mais le cadre expérimental, lui, offre énormément de souplesse », conseillait en juin Yves Martinod, chef de projet covoiturage au conseil général de l'Isère, lors d'une conférence organisée par l'Iddri. Entre Grenoble et Lyon, le département de l'Isère va ainsi mener un test avec Koolicar. Il vise à proposer en zone rurale une solution d'autopartage entre particuliers. L'enjeu est de construire un modèle incitatif. Une plateforme est donc en cours de création afin de récompenser tout citoyen qui justifiera de l'usage d'une mobilité alternative. Par exemple, par des points cadeaux. Ces partenariats le prouvent : si le numérique a généré des solutions virtuelles très innovantes, le temps est venu de les combiner à une offre physique tangible.Pas besoin de s'inscrireLes fondateurs d'Ecov sont partis de ce constat pour créer, fin 2014, leur système de covoiturage, déjà déployé dans le nord de l'Île-de-France. À l’époque, « il existait d'un côté des solutions purement numériques pour qui la masse critique allait être difficile à atteindre », analyse Thomas Matagne, président d'Ecov. D'un autre côté, il y avait des solutions purement physiques, les aires de covoiturage existaient depuis quelques années. « Mais les gens qui les utilisaient se connaissaient au préalable. C'étaient des voisins, des collègues, des amis… » Alors, Ecov a voulu marier les deux modèles, physique et numérique, en concevant une station de covoiturage connectée. Son principe ? Une borne est installée au bord de la route, à un emplacement spécifique. Quand un piéton y insère une demande de covoiturage, celle-ci s'affiche sur un panneau, visible par tous les conducteurs circulant devant la station, et un ticket est émis. En passant devant le panneau, le chauffeur voit la demande et décide de s'arrêter ou non pour y répondre. Il n'a pas besoin de s'inscrire au service, il devra simplement le faire pour être remboursé grâce au ticket que lui remettra le passager. Pour le piéton, le tarif est de 1,99 euro par mois pour accéder au service, puis 12 centimes par kilomètre parcouru.Rentabiliser plus rapidementMais le modèle économique repose aussi sur les collectivités locales, qui financent l'installation de la station et une partie de l'exploitation du service. « Ce coût est à comparer aux investissements que la collectivité aurait dû faire dans des modes de transport traditionnels, promeut Thomas Matagne. Pour les bus ou le transport à la demande, les frais de fonctionnement sont énormes. Alors que, pour notre service, à part l'investissement de départ dans la station, les coûts sont très faibles. » Avec ce modèle de financement, Ecov espère rentabiliser plus rapidement sa solution. Mais cela ne l'empêchera pas de miser aussi sur l'innovation technologique. Une application mobile est en cours de développement. Avec la mobilité partagée, le smartphone n'est jamais bien loin.Thomas Blosseville
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