Un de mes premiers éditoriaux en 2000 avait un drôle de titre : « Le chat qui aimait les mille-feuilles ». Il présentait alors les ambitions de la nouvelle formule que j'avais imaginée, la première des trois réalisées jusqu'à celle que vous avez entre les mains. Et j'expliquais alors que le chat, pour son indépendance et sa curiosité, pouvait être une référence pour un titre de presse.Dix-sept ans après, j'ai relu ce texte, non par nostalgie mais pour mesurer le chemin parcouru entre cet édito et le 171e que vous êtes en train de lire, le dernier que j'écrirai. En effet, quand vous recevrez ce numéro, Environnement Magazine aura été vendu. Que deviendra votre revue ? Répondra-t-elle encore à vos attentes ? Je suis bien incapable de vous répondre puisque l'équipe en place est décimée.Je ne préjuge pas de ce que le nouveau propriétaire fera de ce titre historique de la presse professionnelle mais, en revanche, je sais les valeurs que j'ai défendues et transmises à toute la rédaction. Aux qualités du chat, indépendance et curiosité, j'ajouterai l'exigence et le refus de la facilité. Des qualités qui nous ont permis de vous offrir, sur le papier et sur le site internet, des articles sans compromission ni connivence. Mais si les journalistes, permanents et pigistes, sont en première ligne, ils n'ont pas été seuls à travailler pour vous pendant toutes ces années. En effet, un magazine c'est une équipe qui, tout au long de la chaîne de fabrication, se mobilise pour rédiger, corriger, relire, mettre en page, vendre de la publicité, diffuser et convaincre des abonnés de signer un chèque pour recevoir un magazine qu'ils ont non seulement plaisir à lire mais dont ils ont, aussi et surtout, besoin dans leur pratique professionnelle. C'est sur la qualité de l'information, sur la forme et le fond que reposait notre contrat de lecture. Je crois que nous avons rempli notre part. Et ne croyez pas que ce fut un long fleuve tranquille. Les pressions existent bel et bien et la presse dite professionnelle y est particulièrement exposée. Merci de vos mails, de vos courriers et de vos commentaires sur le site. Merci de nous avoir constamment remis en question, encouragés et reconnus. Savourez ce dernier numéro, c'est le dernier d'une très longue aventure qui s'achève.Dominique Bomstein