Dominique BidouPrésident du Centre d'information et de documentation sur le bruit ( CIDB), blogueurJe reprocherais à la communauté du développement durable d'utiliser un langage codé. Il faut absolument prendre du recul vis-à-vis de ce vocabulaire quand on s'adresse au grand public. C'est pour ça que sur mon blog, je pars des mots de tous les jours pour parler du développement durable et non l'inverse. La traduction française de sustainable en durable est par ailleurs peut-être maladroite... Mais tant pis. Maintenant que les gens connaissent le concept et en comprennent les grandes lignes... Les constructeurs automobiles abusent quant à eux du mot écolo dans leurs publicités. Pendant ce temps, ils fourguent des millions de voitures aux pays en développement. On voit bien qu'on se moque du monde...Jean-Luc BessetFondateur d'Exploredge et coéditeur de l'assistant de recherche EnvirooDepuis quelques années, le thème du réchauffement climatique écrase sur son passage les nombreux et divers autres sujets liés à l'environnement. Celui-ci est désormais vécu comme une urgence par le grand public. Cela se ressent dans les médias et dans les discours des hommes politiques. Et notamment au cours du Grenelle de l'environnement... Quelques autres termes réussissent toutefois à se faire une petite place. Le mot biodiversité, par exemple, n'a fait son apparition à la télévision que depuis peu ! On parle aussi beaucoup de développement durable. Je ne suis pas fan de ce terme. Le concept est passe-partout, trop vague et surtout surutilisé sur le plan marketing. Nadège LechevrelDoctorante à l'École des hautes études en sciences sociales préparant une thèse sur l'écolinguistiquePas besoin d'être linguiste pour constater la large diffusion du vocabulaire de l'environnement dans notre société. Là où je peux en revanche être utile, c'est pour remarquer que les mots écologie et environnement sont polysémiques (plusieurs sens, NDLR). Ils ne renvoient pas directement au concept de préservation. Rappelons que le premier désigne, avant tout, une science alors que le second signifie étymologiquement contour ou circuit. La diffusion du mot environnement change d'ailleurs notre regard sur celui-ci ; nous avons de plus en plus conscience d'en faire partie. Il est aussi intéressant de noter que le mot vert n'a pas toujours symbolisé la nature ou la chlorophylle. Sa première caractéristique est l'instabilité car cette couleur a longtemps été difficile à fixer chimiquement...Michel GiranFondateur de l'Adome, association éditrice de l'encyclopédie en ligne Planetecologie et du moteur de recherche EcoBase 21Notre civilisation se cache derrière les mots. L'expression entreprise responsable, par exemple, m'énerve car elle range sous un même vocable les entreprises qui produisent du nécessaire et du totalement superflu. Cela nous empêche de nous poser la question de la modification de nos comportements et de la réduction de nos besoins. Le terme développement durable est également une véritable arnaque intellectuelle, notamment car selon les 27 principes de Rio, ce concept ne peut exister sans désarmement... Il a cependant le mérite de rassembler sous un même vocable bon nombre de comportements de la vie quotidienne. Mais ne soyons pas naïfs, d'agriculture raisonnée à unité de valorisation énergétique, l'emballage politiquement correct permet depuis toujours de déguiser la vérité.Stéphane RouvierConseiller Énergie et chargé de communication à l'Agence locale de l'énergie ( ALE) de l'agglomération lyonnaiseEn 2007, c'est la notion d'empreinte écologique qui m'a paru s'imposer. Chacun peut calculer la sienne sur Internet où on la retrouve également sous forme de jeux, de quizz... Le vocabulaire de l'environnement s'invite progressivement dans le langage commun et journalistique depuis 2003. Je me souviens qu'en 2000, j'avais créé dans un but pédagogique des grilles de mots fléchés de l'environnement et de l'énergie (qui sont toujours sur notre site). À l'époque, le terme de photovoltaïque apparaissait comme barbare... Aujourd'hui, les médias accolent le mot écolo à à peu près tout. Je trouve ce qualificatif un peu réducteur, même si, aujourd'hui, il renvoie davantage aux changements climatiques qu'aux babas cool du Larzac. Éric BinetHaut fonctionnaire chargé de la terminologie et de la néologie en matière d'environnement Le mot vedette de l'année écoulée est évidemment Grenelle. Mais derrière ce terme, nonobstant la référence à mai 68, c'est surtout l'idée d'un nouveau mode de gouvernance qui apparaît. Je voudrais également m'attarder sur le mot risque, qu'on confond souvent avec les notions de danger, d'aléa ou de vulnérabilité, et qui a désormais le privilège de désigner une des directions générales du ministère de l'Écologie. Le terme de benchmarking, que la Commission que j'anime a traduit par évaluation comparative avec le meilleur, s'impose en outre dans ce secteur comme dans beaucoup d'autres. Un mot qui me plaît particulièrement ? Celui d'éco-conditionnalité. Il est un peu technique, mais très important car il transforme ce qui était avant un effet en une condition.