Moins de trajets en voiture, une réduction des risques d'accidents près des écoles, une éducation à la sécurité routière et aux circulations douces, un exercice physique matinal profitable aux enfants, mais aussi une renaissance de la vie de quartier... Le pédibus, ce n'est « que du bonheur », s'enthousiasme Martine Chatelier, une mère d'élèves qui a participé à l'organisation de celui de l'école du Centre de Gif-sur-Yvette (Essonne). Ouvert au printemps dernier, il compte trois lignes rassemblant chacune une douzaine d'élèves. Lorsqu'on souhaite mettre en place un pédibus, il est indispensable, avant toute chose, de trouver des personnes motivées parmi les enseignants et les parents. « Si un élu ou un bureau d'études arrivent avec un projet tout fait qu'il essaie d'imposer à l'école, ça ne marche pas, note Olivier Martel, chargé de l'éducation au développement durable au Grand Lyon. Mais inutile d'attendre que toute l'école soit motivée pour lancer le pédibus, on peut démarrer doucement, avec quelques parents, et cela fait tâche d'huile. » Il est toujours très instructif, avant de monter son pédibus, d'aller regarder ailleurs. En effet, chacun est unique : ici, les parents ouvrent un site Internet pour faciliter l'organisation, là, c'est un vélobus qui est mis en place... Presque tous ne fonctionnent que le matin, car les heures de sortie des enfants sont plus étalées le soir. Une des premières actions à mener est de distribuer un questionnaire aux enfants et aux parents sur leur distance domicile-école, leurs modes de déplacements, les raisons pour lesquelles ils viennent en voiture, à vélo ou à pied, et bien sûr s'ils sont intéressés par un bus pédestre. Ce questionnaire est distribué via le cahier de liaison des enfants, ce qui implique la participation de l'école. Son dépouillement permet de se faire une première idée des lignes à ouvrir. Là, il est nécessaire d'aller tester les trajets, en notant les temps de parcours, les dangers potentiels et les aménagements nécessaires pour les sécuriser. Les lignes définitives sont proposées aux parents pour inscription, mais les itinéraires ou horaires peuvent évoluer en cours d'année, notamment lors de l'arrivée de nouveaux enfants. L'une des principales inquiétudes des parents est la sécurité, ainsi que les questions de responsabilité. L'école du Centre de Gif-Sur-Yvette a donc demandé à l'assureur de l'école de venir exposer quelles sont les responsabilités des parents accompagnateurs. Il a montré que l'assurance de l'école couvrait les accidents domicile-travail. Les autres questions portent essentiellement sur l'organisation : comment inscrire son enfant ? Quelles règles l'accompagnateur doit-il respecter ? « Pour cette organisation, la mise en place d'un site web de type wiki (collaboratif), où chacun peut s'inscrire ou déposer des commentaires, c'est génial », assure Martine Chatelier. Concrètement, à l'école du Centre de Gif-sur-Yvette, les parents accompagnateurs s'inscrivent sur le site et les enfants n'ont pas besoin de confirmer leur présence : le pédibus part à l'heure prévue, avec les enfants accompagnés par leurs parents jusqu'aux arrêts, à l'instar d'un « vrai » bus. Un « coordinateur de ligne » se charge de relancer les parents lorsqu'un accompagnateur manque ou de trouver un remplaçant en cas d'empêchement. Du côté de la mairie, il ne s'agit pas forcément d'organiser le pédibus, juste de le faciliter. Certaines portent pourtant le projet, avec plus ou moins de réussite : Gif-sur-Yvette avait lancé le système sur trois écoles, mais l'un d'entre eux semble péricliter. La plus grande tâche des villes est l'aménagement de la voirie : mise en place de passages piétons, de barrières, de panneaux incitant à la prudence, etc. Des panneaux matérialisant les arrêts du pédibus sont utiles et, surtout, aident à communiquer autour de l'action. Enfin, la mairie peut fournir des gilets fluorescents incitant les automobilistes à ralentir. Les policiers municipaux apprennent aux parents comment accompagner en toute sécurité. Une fois le pédibus monté, comment le faire durer ? « Il faut faire la fête », assure Olivier Martel, qui sait de quoi il parle puisque les pédibus dans le Grand Lyon existent depuis 2002 et conduisent aujourd'hui plus de 2 000 enfants de 74 écoles. « Toutes les études sur les motivations montrent que les parents s'engagent pour des raisons d'environnement et de sécurité routière et qu'ils y restent pour la convivialité. Le pédibus est une occasion de découvrir ou redécouvrir ses voisins. Cette convivialité est bien plus importante pour sa réussite que toutes les questions techniques. » Les initiatives sont variées : soirée festive, carnaval, pédibus avec un âne deux fois dans l'année, concours de dessins, petit journal du pédibus... « Au final, ce sont les parents qui font vivre le pédibus au jour le jour, bénévolement. Cela ne fonctionne que s'ils se l'approprient », conclut Olivier Martel