Une isolation insuffisante, un chauffage mal régulé ou une chaudière mal réglée suffisent à faire exploser la facture énergétique des établissements de santé. D'après l'Ademe, ces derniers consomment 15 % de l'énergie du secteur tertiaire en France. La production d'eau chaude sanitaire est par exemple un des principaux postes de dépenses, avec une part de 20 à 30 % dans la consommation de combustibles. C'est pourquoi, la Fédération hospitalière privée ( FHP) a décidé d'aider quatorze cliniques privées d'Aquitaine à économiser un quart de leurs consommations avec un retour sur investissement inférieur à dix ans.
La FHP, par ailleurs membre du Comité pour le développement durable en santé, a signé avec l'Ademe une convention de partenariat qui prévoit que l'agence prendra en charge la moitié des coûts des diagnostics énergétiques réalisés par le bureau d'études AD3E, qui animera également le réseau. « L'enjeu est environnemental, mais vise aussi à améliorer notre efficience », déclare Marie-France Gaucher, vice-présidente de la FHP. La clinique de Navarre à Pau (64), qu'elle dirige, fait d'ailleurs partie de la première vague des sept établissements entrés en phase opérationnelle, avec des travaux déjà réalisés ou programmés. Sur son établissement abrité dans une construction de 2003 et notamment équipée d'une chaudière à condensation, le diagnostic énergétique a permis de pointer de fortes variations de température selon les étages. Il a montré une sous-utilisation du système de gestion technique centralisée (GTC).
L'installation de mousseurs sur les robinets a permis par ailleurs de baisser de 10 % les consommations d'eau. « L'emploi systématique de lampes basse consommation ainsi que le choix de couper la climatisation dans les cabinets de consultation inoccupés changent déjà la donne. Au total, nous espérons des économies de l'ordre de 10 % », déclare Xavier de Groc, ingénieur environnement à la clinique paloise. Parmi la dizaine de préconisations listées pour chacun des sites, AD3E propose des mesures classiques d'isolation, d'optimisation de l'éclairage et de mise en place d'une GTC.
La recherche de l'optimisation conduit aussi à des mesures plus spécifiques. La clinique Francheville, à Périgueux (24), profite par exemple de ses travaux de restructuration pour installer des ventilateurs à haut rendement sur ses futurs centres de traitement de l'air. Objectif : diminuer de 50 % la consommation électrique et les nuisances sonores. Elle prévoit aussi des ascenseurs équipés d'un système de restitution de l'énergie produite durant la décélération. De quoi réduire de 60 % la consommation électrique. « La base de la maîtrise des dépenses énergétiques repose sur la chasse aux fuites d'air, d'eau et d'électricité. Elle passe aussi par la régulation pour utiliser l'énergie juste quand on en a besoin », estime Philippe Courbin, directeur technique à la polyclinique de Bordeaux-Nord. Au total, 21 cliniques aquitaines mettent en place des politiques d'économies d'énergie, soit à titre particulier, soit dans le cadre de la démarche collective. À terme, la FHP espère toucher les 85 établissements privés de la région.