Anne Chanon Adjointe à la direction générale de l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité ( ARPP) Optimiste Ce qui m'énerve, c'est quand on se moque de moi en me vendant une voiture écolo ou qu'on ne m'explique pas pourquoi un produit est bon pour l'environnement. Néanmoins, l'étude que nous réalisons depuis 2006 avec l'Ademe montre, cette année, que seulement 3 % des publicités utilisent des arguments verts abusifs. Alors que, depuis 2009, le nombre de visuels ayant trait à l'environnement a été multiplié par 5,5. Dans la pub comme ailleurs, c'est globalement positif, cela contribue à mettre des réflexes dans la tête des gens. William Dab Titulaire de la chaire hygiène et sécurité du Cnam Mesuré Pour moi, le constat est globalement positif. Je lis beaucoup de très bons articles sur le sujet dans la presse écrite. Mais ce qui m'énerve vraiment, c'est la manière dont les débats télévisés à forte audience sont organisés. Impossible d'y défendre un point de vue mesuré, équilibré. Il faut être pour ou contre ! On n'est pas obligé de mettre en scène des combats de coqs pour intéresser le public. Cette attitude manichéenne peut malheureusement induire scepticisme et fatalisme. Martine Chartier Rédactrice en chef de Recyclage Récupération Irritée Dans la société en général, les médias, la pub et la communication des entreprises, on parle trop d'environnement. Et surtout, très mal ! Les entreprises nous envoient une palanquée de communiqués estampillés développement durable pour des actions finalement classiques tandis que les marques utilisent l'argument vert pour vendre, pas pour changer nos comportements. La thématique est à la mode. C'est inquiétant, car les modes passent... Le Giec a par ailleurs été victime d'une campagne scandaleuse, mais j'ai le sentiment que les gens ne sont pas dupes. Agnès Rambaud Directrice associée du cabinet Des enjeux et des hommes Pédagogue Le bruit de fond incessant sur le sujet rend les messages capitaux inaudibles. Le grand public peine à y faire le tri. Quand je vois des maladresses ou des énormités dans une publicité, j'ai envie d'aller discuter avec l'annonceur et les publicitaires. Quand on leur explique pourquoi il faut arrêter d'utiliser les arguments verts en dépit du bon sens, cela fonctionne généralement plutôt bien. Je remarque, en outre, que si l'environnement est désormais omniprésent dans la communication externe des collectivités et des entreprises, c'est paradoxalement loin d'être le cas en interne, auprès de leurs agents ou salariés. Jean-Noël Breuil Membre du comité de direction groupe de Dekra Industrial, en charge du développement durable Excédé Je suis heureux qu'on parle d'écologie et je souhaite que ce soit de plus en plus le cas. Surtout pour sensibiliser les élus qui, pris dans un tourbillon incessant, n'ont pas encore complètement saisi l'importance de l'enjeu, au contraire d'une majorité de citoyens. En même temps, je ne voudrais pas que cela puisse lasser les gens, que ça devienne trop quotidien, qu'ils se disent : « tiens, encore une marée noire... ». Le traitement réducteur à l'extrême et souvent catastrophiste de la télévision ainsi que le greenwashing publicitaire m'énervent profondément. Je commence par pester, car c'est dans ma nature, puis j'éteins le poste !