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POLITIQUES

Comment les nudges peuvent doper l'efficacité des politiques publiques

PUBLIÉ LE 2 AOÛT 2016
LA RÉDACTION
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Qu'est-ce que l'économie comportementale ?C'est un courant économique qui étudie les facteurs économiques, sociaux, psychologiques et cognitifs qui déterminent les comportements et les prises de décisions des individus. Inspiré de la prise en compte de la psychologie en économie dans le courant du XXe siècle, l'économie comportementale se construit comme un courant économique dans les années quatre-vingt.En quoi peut-elle être utile aux politiques publiques ?L'économie comportementale, contrairement à l'économie classique, considère que l'individu n’est pas un homo economicus, c'est-à-dire qu'il ne recherche pas forcément la maximisation de son profit économique. Pour elle, l'individu a d'autres motivations car il a des préférences sociales (qui sont des sentiments envers autrui, tels que la solidarité, la réciprocité, la jalousie, etc.) et des valeurs morales. Il a des préférences sociales et des valeurs morales. Son comportement est aussi influencé par des émotions. L'économie comportementale affine donc le modèle de décision individuelle en y intégrant d'autres déterminants. Elle a donc une vision plus fine qui lui permet de mieux prévoir les effets des politiques publiques à travers les comportements des individus. Celles-ci peuvent donc s'appuyer sur l'économie comportementale pour devenir plus efficaces en construisant des incitations qui exploitent ces motivations non économiques et qui deviennent des leviers pertinents complétant les outils incitatifs de la réglementation et de la fiscalité. L'objectif est de parvenir à modifier le comportement de l'individu dans son intérêt propre et dans l'intérêt général.Depuis quand ce type d'application est-il utilisé ?C'est très récent, mais depuis la fin des années 2000, on constate une accélération dans les pays anglo-saxons. Ainsi David Cameron, le Premier ministre britannique, a constitué une équipe gouvernementale qui se consacre à l'application de l'économie comportementale, afin d’améliorer l'efficacité des politiques publiques. Cette Behavioural Insights Team, montée en 2010, s’inspire des sciences comportementales qui élaborent des incitations afin que les individus prennent de meilleures décisions pour eux-mêmes ou pour la société, et ce, dans tous les domaines de l’action publique (santé, environnement, emploi, éducation, fiscalité, etc.). Une équipe équivalente est née en 2013 aux États-Unis sous l’impulsion de Barack Obama. En France, le Secrétariat général à la Modernisation de l'action publique (SGMAP) a commencé à investir le sujet et a d’ores et déjà mené des projets dans les domaines de la sécurité routière, de la santé et de la fiscalité.Avez-vous des exemples concrets d'applications sur des politiques environnementales ?Quelques exemples en matière environnementale proviennent des pays anglo-saxons. Pour limiter les consommations d'eau des ménages, il a suffi d'ajouter sur les factures une ligne indiquant la consommation moyenne des autres foyers du quartier qui permet ainsi une comparaison avec sa propre consommation. Cette idée qui exploite ce qu'on appelle « le biais de conformisme » (l'individu est en effet souvent sensible à la norme sociale, c’est-à-dire à ce que font les autres) a généré une forte baisse de la consommation des plus gros consommateurs. Autre exemple mis en œuvre pour réduire le nombre de mégots sur la voie publique. Il a suffi d'installer deux poubelles chacune arborant le visage d'un footballeur connu de deux équipes concurrentes demandant à chaque fumeur de choisir son camp pour y jeter son mégot. Et cela a bien marché !On parle beaucoup des nudges. Pouvez-vous nous expliquer ce que c'est et comment cela fonctionne ?Un nudge est un outil incitatif qui n'utilise pas la contrainte pour modifier le comportement des individus. Il exploite les motivations sociales et morales. Le choix offert à l'individu n'est pas modifié, mais c'est la manière de le présenter qui change. Informer les ménages sur la norme sociale de consommation en eau est déjà un nudge. Un autre nudge puissant est le choix par défaut : en Suède, les individus sont inscrits d’office sur le registre de donneurs d’organes et doivent cocher une case sur leur permis de conduire pour le refuser. En demandant aux individus de manifester leur opposition au don d'organes plutôt que leur acceptation, on inverse les proportions de donneurs (84 % en Suède). Récemment, on a vu apparaître des pommeaux de douche lumineux, qui changent de couleur en fonction de la consommation en eau, pour inciter à réduire la durée de la douche. Les indicateurs visuels s’avèrent souvent être des nudges très efficaces.Vous avez une mission d'un an au sein de l'Établissement public Loire. Que recouvre-t-elle ?L'Établissement public Loire a engagé à la fin des années 2000 une démarche pour encourager les entreprises à réduire leur vulnérabilité aux inondations. En effet, malgré les contraintes réglementaires, peu d'entre elles adoptent des mesures de réduction du risque. L'EP Loire a alors proposé des diagnostics gratuits avec pour résultat 2 400 diagnostics réalisés et 400 ayant généré la mise en œuvre de mesures concrètes. Après ces résultats probants, l'EP Loire cherche à approfondir l’intérêt d’utiliser des incitations pour compléter les outils réglementaires. Ma mission est une démarche pilote et vise à évaluer le potentiel d'application des sciences comportementales aux politiques publiques de gestion de l'eau et des risques associés.Comment procédez-vous ?Une revue de littérature scientifique et technique m’a permis de construire une base de données de nudges qui en référence plus d’une centaine. Elle est élaborée de façon à mettre en face de chaque biais comportemental les nudges qui pourraient le contrebalancer. Cela en fait une sorte de boîte à outils qui fournit, une fois que l’on a identifié les biais responsables d’un comportement, des idées d’incitation pour le modifier.Dans ce cadre, vous avez organisé en mai dernier la première édition des Dialogues en sciences comportementales. Quel bilan faites-vous ?La journée DiSCo’Loire 2016, organisée par l’EP Loire, a réuni des intervenants de laboratoires et d’institutions françaises et européennes fortement impliqués dans la recherche en sciences comportementales et dans leurs applications dans l’action publique (OCDE, Commission européenne, SGMAP, Behavioural Insights Team, etc.). Elle a permis la rencontre de trois mondes – la recherche, l’administration et les gestionnaires d’un bassin fluvial, et l’émergence de pistes de travail et de collaboration dans les domaines de la gestion de l’eau et des risques associés. Une restitution des échanges est accessible en ligne sur notre site.Propos recueillis par Dominique Bomstein
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