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POLITIQUES

Hackathon : matière grise pour applis vertes

PUBLIÉ LE 4 AOÛT 2016
LA RÉDACTION
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Un vent d’anarchie souffle chez les industriels et dans les instituts de recherche les plus sérieux. Avec les hackathons, fini l’atmosphère confinée des cellules de R&D et les méthodes ultra-standardisées éprouvées par des générations de laborantins. Durant deux jours, les portes sont grandes ouvertes. L’étudiant lambda et le développeur informatique sont invités à s’improviser thermiciens, urbanistes ou architectes pour valoriser les données qui leur sont soumises et imaginer les services énergétiques ou la mobilité de demain.Dans une ambiance 2.0, personne ne semble vraiment se prendre au sérieux. Ces marathons de hackers qui opposent des équipes façon Interville du vingt-et-unième siècle n’ont pourtant pas vocation à être des moments festifs dont on parlera dans quelques mois autour d’un montage diapo. Pour les structures qui les portent, le but est bel et bien d’innover. « Quand on reste autocentré, on répond à ses propres problèmes, généralement d’ordre technique », souligne Clotilde Perraudin, directrice stratégie et innovation chez Dalkia. Au contraire, un hackathon est l’occasion de pousser ses clients, ses partenaires ou des curieux à porter un regard neuf sur un secteur qui n’est pas le leur, à s’approprier des données ou à l’inverse à mettre en évidence des lacunes. Illustration à la communauté urbaine du Grand Nancy qui a organisé un événement avec Engie en novembre dernier sur la transition énergétique. En s’appuyant sur des données de consommation d’équipements publics, l’une des équipes a développé une application mobile permettant aux habitants de lancer des défis à d’autres villes… Une tendance au ludique (ou gamification en bon français), souvent présentée comme la meilleure manière de dépoussiérer l’enjeu des économies d’énergie. Un autre groupe a considéré que les données de pollution communiquées par Air Lorraine n’étaient pas suffisantes et a transformé un vélo en libre-service en objet connecté doté d’un capteur. Objectif : faire de chaque usager un agent de mesure puis superposer les données recueillies à un outil cartographique pour que les cyclistes optimisent leur parcours dans un environnement le plus sain possible. Dans cette foire aux idées farfelues, les données deviennent parfois un prétexte et certaines propositions finales n’ont qu’un rapport lointain avec les informations fournies ! Mais le côté décalé fait partie de l’exercice. « Nous devons fixer un cadre sans être trop directifs pour laisser la créativité s’exprimer », estime Fanny Maestracci, responsable du projet chez Engie. Pour éviter que les recherches ne s’égarent, les hackathons commencent en règle générale par une présentation durant laquelle la structure organisatrice expose la thématique et les données, voire les outils, qu’elle compte mettre à disposition des concurrents. Monté en amont, ce rendez-vous offre en outre la possibilité de collecter quelques remarques pour faire évoluer la qualité des données qui vont être ouvertes, par exemple si certains développeurs demandent un format plus accessible. Ce moment peut aussi être l’occasion de former des équipes de personnes qui ne se connaissent pas. Ceux qui le souhaitent dévoilent leur idée et tentent de convaincre leurs voisins de les suivre. À cette étape comme durant l’épreuve, des « mentors » sont chargés d’accompagner les candidats. En principe, ce sont des salariés de l’entreprise organisatrice, des partenaires ou des spécialistes du sujet abordé. Les trouver n’a rien d’un casse-tête. Pour l’événement organisé par Dalkia début février, « nous avions beaucoup de collaborateurs motivés et le prestataire a dû mettre le holà », constate Clotilde Perraudin. Loin de considérer que des personnes extérieures viennent empiéter sur leur platebande, ils sont généralement enthousiastes. « Chacun fait un effort car le contexte est très stimulant. Les participants ont du dynamisme à revendre », se réjouit Jean-Yves Lépine, directeur des relations clients de la filiale d’EDF. Parmi les idées neuves : cette application taillée pour que les occupants d’un logement puissent facilement faire part de leur ressenti à l’intérieur. L’exploitant obtient ainsi une autre vision du confort que la température du réseau principal ou la consommation de gaz qu’il scrute habituellement !Quelques prestataires, comme Bemyapp, se sont spécialisés dans l’organisation de hackathons. Néanmoins, à l’image de Montpellier Méditerranée Métropole, certains n’hésitent pas à se lancer seuls. « De l’intendance à la mise à disposition d’espaces pour se reposer, le travail est assez lourd », reconnaît Pierre Brice, directeur informatique de la collectivité. L’un des enjeux est d’assurer la promotion du rendez-vous. « Nous avons mobilisé les écoles d’informatique locales, les universités, les pépinières d’entreprises », explique-t-il. De bonnes récompenses sont évidemment un plus pour attirer le chaland. Elles peuvent prendre la forme de dotations pour développer les objets connectés ou les applications qui ont émergé pendant le week-end, mais qui sont loin d’être matures. À Montpellier, deux étudiants ont été invités à parachever le service mobile qu’ils avaient imaginé sur iPhone pendant un stage dans le service informatique de l’agglomération. Certaines entreprises incitent plutôt les lauréats à fonder une société qu’elles peuvent alors incuber pour suivre leur évolution.D’une manière générale, organiser un hackathon crée une dynamique durable autour des données. Mais attention. « Concevoir un serveur virtuel le temps d’un week-end est une chose. Ouvrir des données qualitatives dans le temps est moins évident », prévient Pierre Brice. En outre, tous les événements ne connaissent pas la même réussite. À l’Onema, une rencontre proposée en 2014 a mis un coup de projecteurs sur des catalogues d’informations techniques ou réglementaires sur les rivières ou les nappes d’eau souterraine disponibles depuis parfois vingt ou trente ans. À l’époque, il s’agissait surtout d’être transparent vis-à-vis des riverains ou des associations. Aujourd’hui, les spécialistes de l’eau aimeraient comme dans le monde du bâtiment ou de l’énergie que des acteurs extérieurs s’emparent des données pour développer de nouveaux services. Seul hic, « le hackathon a confirmé ce qu’on pressentait », regrette Laurent Coudercy, chef du département données à l’Onema. À part pour les professionnels concernés, impossible de s’approprier des bases de données dont « les moteurs de requête sont complexes et posent trop de questions à l’utilisateur ». Par ailleurs, « les formats de diffusion se sont avérés trop difficiles d’emploi ». Qu’à cela ne tienne. L’établissement public apprend depuis à nettoyer ses données par le biais d’un projet baptisé Hub’O. « Quand on présente une concentration de nitrates, certaines informations connexes comme le nom du prestataire qui est intervenu ou la vitesse du courant lors du prélèvement n’intéressent que les producteurs », justifie Laurent Coudercy. Les formats de restitution sont eux aussi en train d’évoluer. Pour faire un point, un autre hackathon sera organisé début juin. L’Onema n’espère pas voir apparaître par miracle de nouvelles applications mobiles sur l’eau, mais comprendre si ses données sont désormais exploitables. « Les aura-t-on trop simplifiées ? Pas assez ? Les formats CSV et JSON sur lesquels nous misons sont-ils ceux qui sont attendus ?... ». L’Onema s’est laissé jusqu’à début 2017 pour que son projet Hub’O aboutisse.Olivier Descamps
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