Accueil > Actualités > Politiques > Les engagements des 10 plus grandes métropoles de France sont insuffisants pour lutter contre le réchauffement climatique
Une étude inédite de l’ONG WWF France et du cabinet-conseil EcoAct révèle que les principales villes françaises auront consommé, si elles n’infléchissent pas leur trajectoire, l’intégralité de leur « budget carbone » dans 13 ans. La France dans 10 ans seulement.
Elles concentrent 80 % de la population française et représentent 67 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle nationale. Les métropoles hexagonales sont particulièrement concernées par les enjeux liés à la transition écologique, énergétique et climatique. Sont-elles pour autant à la hauteur ?
Une étude inédite de l’ONG WWF France et du cabinet-conseil EcoAct, portant sur les 10 plus grandes métropoles de France, révèle que les engagements de ces dernières sont insuffisants pour contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C et ainsi respecter l’Accord de Paris, signé en décembre 2015. Ont été passées au crible de l’analyse critique, les métropoles de Paris, Aix-Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice, Strasbourg et Rouen.
Des « budgets carbone » entièrement consommés entre 2025 et 2044
Un an après l’adoption par la France d’un Plan Climat, visant à atteindre la neutralité carbone à l’horizon de 2050, l’étude du WWF France et d’EcoAct donne, pour la première fois, la mesure du défi climatique qui incombe aux collectivités. Pour mener à bien leur étude, les deux partenaires ont attribué aux 10 métropoles un « budget carbone », soit un volume d’émissions de CO2 à ne pas excéder d’ici 2100 pour éviter une élévation de la température moyenne de la planète au-dessus des 2°C.
Résultat ? « L’étude montre qu’au rythme actuel les métropoles auront consommé en 13 ans l’intégralité de leur budget carbone », indiquent ses auteurs. Avant de poursuivre : « Même en respectant les objectifs qu’elles se sont déjà fixés, leur budget carbone devrait être entièrement consommé entre 2025 et 2044. » Au niveau national, ajoutent WWF France et EcoAct, « la France aura consommé son budget carbone en 2028, d’ici 10 ans seulement. »
Des actions plus ambitieuses dans les transports, le logement et l’agriculture
Autrement dit, pour respecter l’Accord de Paris, les métropoles devront doubler, voire tripler, l’ambition de leurs objectifs déjà fixés à l’horizon de 2030 et, de fait, engager des actions plus ambitieuses dans les principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre, que sont les transports, le logement et l’agriculture-alimentation.
Pour WWF France, « des solutions concrètes pour relever le défi climatique existent et peuvent être adoptés à court terme. » Et de citer notamment : le développement des énergies renouvelables, la massification du vélo et des zones à faibles émissions en milieu urbain, l’amplification de la rénovation énergétique du parc bâti, l’évolution des pratiques agricoles et alimentaires ou encore le recours à l’économie circulaire.
Une dotation climat au profit des collectivités territoriales
« Les solutions et les exemples positifs sont connus. Nous savons comment inciter les citoyens à se déplacer à vélo et en transports en commun, à manger bio et moins de viande, à rénover leur logement, à s’approvisionner en énergies renouvelables… Le vrai défi consiste maintenant à les généraliser. Pour y parvenir, il est maintenant indispensable que le gouvernement donne aux collectivités locales les moyens nécessaires », commente Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Ces moyens pourraient notamment passer par l’adoption, dans le cadre du projet de loi de finances 2019, d’une dotation climat au profit des collectivités territoriales.
Des trajectoires « sur-mesure » de réduction des émissions de gaz à effet de serre
Face au défi climatique, l’étude a également vocation à proposer aux collectivités et aux élus locaux « des trajectoires sur-mesure de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que des solutions concrètes », avancent l’ONG et le cabinet-conseil, qui rappellent que « la transition écologique n’est pas seulement une nécessité, mais aussi une opportunité pour les territoires. » « Elle permettrait en effet d’améliorer la qualité de l’air et la qualité de vie, de créer des emplois, de préserver la biodiversité et de garantir une meilleure attractivité économique », plaident-ils.
L’Accord de Rouen pour le climat
Les auteurs de l’étude tiennent en outre à rappeler que la réussite de la transition écologique des territoires ne repose pas seulement sur les collectivités locales. « Elle nécessite une large mobilisation de l’ensemble des acteurs économiques et des habitants », précisent-ils. Et de mentionner, par exemple, le dispositif de la « COP21 locale », une démarche de sensibilisation et de fédération des acteurs économiques et des citoyens d’un territoire. En décembre 2017, la Métropole de Rouen Normandie avait ouvert la voie en lançant la première COP 21 locale de France. Celle-ci doit s’achever en novembre prochain avec l’élaboration d’un nouveau cadre d’action collective territoriale, dénommée « l’Accord de Rouen pour le climat ».