Après dix jours de négociations, la COP 24 s’est clôturée le dimanche 16 décembre. Le bilan est loin de satisfaire les associations et la société civile, qui dénoncent un « manque d’ambition ». Trois ans après l’accord de Paris, l’absence de la France à la table des négociations s’est faite remarquer.
Les négociations des Nations Unies sur le climat se sont clôturées à Katowice, en Pologne : au terme de cette COP 24, les 196 parties réunies ont adopté les règles d’application de l’accord de Paris de 2015, pour sa mise en œuvre en 2020. Pourtant, les ONG regrettent que les conclusions du dernier rapport du Giec n’aient pas été assez prises en compte : commandé par les Nations Unies dans le cadre de la COP 21, ce rapport publié début octobre dernier définit des trajectoires compatibles avec le scénario « + 1,5°C » d’ici 2100. Celles-ci exigent notamment des Etats une division par deux des rejets de gaz à effet de serre après avoir atteint un pic en 2020. Alors que les émissions continuent d’augmenter, la trajectoire actuelle mènerait à un réchauffement de 3,2°C d’ici 2100.
Pourtant, lors des négociations, les 196 Etats ne se sont pas engagés à accentuer leurs efforts : « Le WWF reste très préoccupé quant à leur incapacité collective à ce jour à répondre à l’urgence climatique », peut-on lire dans un communiqué de l’ONG.
« Coalition de la haute ambition »
Pour la présidente de la délégation socialiste et radicale française au Parlement européen, Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, le fait de ne pas tenir compte du dernier rapport du Giec est « immoral, lâche et criminel pour notre avenir à tous ». L’ONG Oxfam ajoute que la COP24 a « échoué à inclure des engagements concrets pour permettre de mobiliser les milliards de dollars de financements supplémentaires nécessairespour couvrir les coûts des pertes et dommages causés par les changements climatiques - enjeu critique pour les communautés vulnérables de par le monde ».
Pour le WWF néanmoins, « l’annonce en fin de COP24 d’une "Coalition de la Haute Ambition" rejointe par une trentaine de membres, comme les Îles Marshall, Fidji, l’Éthiopie, des états membres de l’Union Européenne ainsi que la Commission, la Norvège, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Mexique, ou la Colombie, aura permis de donner une impulsion sur le front de l’ambition ». Ces Etats s’engagent en effet à améliorer leurs plans climats nationaux avant 2020 et à intensifier leurs actions.
La France aux abonnés absents
Autre déception de la société civile lors de cette COP 24 : l’absence remarquée de la France. « La quasi-absence de la France, pays hôte de la COP 21 et de l’Accord de Paris dont la raison d’être de la COP 24 était la mise en place pratique des modes opératoires, de même que notre retard national dans la mise en place de la COP 24, a été vécu comme un très mauvais signal par la communauté internationale », souligne l’ONG GreenCross.
L’eurodéputé et président de la commission pesticides du Parlement européen, Eric Andrieu, regrette également « l’absence totale de la France dans les discussions cruciales : M. Macron a inventé le slogan #MakeOurPlanetGreatAgain. Où était la France pendant ces discussions ? Aucun ministre n’était présent pour représenter la France après le départ précipité de la secrétaire d’Etat à la transition écologique Brune Poirson, mardi », s’indigne-t-il.
A noter que la COP 25, devant initialement se tenir au Brésil, aura finalement lieu au Chili en 2019.