Pendant la crise sanitaire du Covid-19 et le confinement qu’elle impose, Environnement-magazine.fr propose aux professionnels de partager leur organisation. Journée type ? Quelle organisation au travail ? Comment entrevoir l’après-crise ? Pierre-Yves Pasquier, CEO de Comerso, nous explique son quotidien.
Quelle est votre journée type en confinement ?
Notre entreprise étant multi-sites, le télétravail est depuis toujours ancré dans nos pratiques. Ainsi, dès le début du confinement, et sans attendre les préconisations et mesures du gouvernement, nous avons souhaité que 100% de l’équipe soit en télétravail. Nous étions déjà fortement habitués à utiliser les outils numériques de communication. Nous les utilisons juste encore un peu plus actuellement. Nous essayons au maximum d’assurer la continuité de notre activité, et bien évidemment ça n’est pas simple.
Tous les matins à 8h30, nous faisons un comité de direction « flash », qui permet entre-autre d’actualiser les mesures de précautions, de traiter les questions d’organisation du travail en confinement et d’échanger les informations en provenance de nos clients et partenaires. Nos journées sont donc ponctuées de nombreuses visio-conférences et échanges téléphoniques. Enfin, nous organisons chaque fin de semaine une visio-conférence avec toute l’entreprise, pour échanger les informations et célébrer les victoires !
Comment adaptez-vous votre activité professionnelle à cette situation inédite ?
Avec Rémi Gilbert, nous avons fondé Comerso en 2013 dans l’optique initiale de connecter les entreprises, souhaitant valoriser leurs invendus, avec les associations caritatives en recherche de sources d’approvisionnement fiables et qualitatives de marchandises alimentaires et non-alimentaires. Notre métier d’origine, qui s’est diversifié en 6 ans, prend actuellement tout son sens.
Avec les équipes, nous avons choisi de réorganiser notre activité pour la focaliser intégralement sur l’aide aux associations caritatives, qui sont actuellement très touchées par la crise. Elles manquent de bénévoles, et beaucoup d’entre elles de marchandises. Ainsi, du mieux que nous pouvons, nous connectons partout en France les entreprises (Grande Distribution, Industriels, Plateforme logisitiques etc…) avec les associations caritatives. Ces dernières ont vraiment besoin d’aide, et c’est très gratifiant de se sentir utile chaque jour. Cela explique d’ailleurs un niveau d’engagement très important de nos collaborateurs.
Nous restons toutefois vigilant au moral de l’équipe et nous essayons de faire en sorte de les aider au mieux pour gérer les contraintes personnelles.
Quels seront, selon vous, les impacts de l’épidémie sur votre entreprise ?
Il est encore trop tôt aujourd’hui pour quantifier l’impact réel de la crise sur l’activité, mais comme la plupart des entreprises, nous serons évidemment économiquement impactés.
J’ai cependant la conviction que nous sortirons renforcés de cette crise car notre mission d’entreprise, délivrant un impact social, environnemental et économique, est plus que jamais nécessaire. Et j’ai le sentiment que notre équipe en sortira encore plus soudée !
Quelle est la première chose que vous ferez une fois le confinement terminé ?
Difficile de répondre à cette question avec certitude. Le déconfinement s’annonce progressif. Si c’est le cas, aussi bien en interne qu’en externe, nous tacherons de remettre en place nos services partout où cela est possible. L’enjeu est d’identifier petit à petit les reprises d’activité chez nos partenaires, afin que les connexions puissent se faire à nouveau.
Selon vous, à quoi ressemblera l’après Covid-19 ?
J’espère que les enseignements de cette crise seront salutaires, et permettront de faire évoluer notre modèle en profondeur pour ne pas retomber dans nos travers. Cela me semble plus que jamais incontournable.
L’erreur serait de faire « comme avant » et « plus vite » pour rattraper le retard. Tout le monde va avoir un rôle jouer dans le « jour d’après ». L’État va devoir resserrer son champ d’action sur les priorités dont la santé, l’éducation et la solidarité. Les entreprises, elles vont devoir revoir leur organisation du travail, leur rapport à l’utilité sociale et environnementale … en soit « leur raison d’être. » ! La RSE n’est plus une option, cela sera l’un des critères incontournables de résilience.
La société civile doit être le terreau d’initiatives toujours plus locales, innovantes, pour amorcer de nouvelles dynamiques plus vertueuses et résilientes. Cette crise exceptionnelle peut être un socle d’une nouvelle fondation, pour un nouveau pacte social et économique.