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POLITIQUES

[Tribune] Covid et climat : il faut inventer de nouveaux outils financiers

PUBLIÉ LE 5 JUIN 2020
GÉRALD MARADAN, CO-FONDATEUR ET DG DE ECOACT
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[Tribune] Covid et climat : il faut inventer de nouveaux outils financiers
Gérald Maradan, co-fondateur et DG de EcoAct, dresse un bilan des impacts financiers liés à la crise du Covid-19 et plaide pour une relance économique verte, notamment en créant "un mécanisme de prêt simple et universel qui inciterait véritablement les entreprises à se transformer tout en récompensant les plus vertueuses". Tribune.

La crise du Covid-19 provoque actuellement une crise économique mondiale d’une ampleur sans précédent. Elle s’apparente au fameux « cygne noir » des financiers, un évènement inattendu, peu probable mais aux conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle.

Alors que le monde est à l’arrêt, les Etats et les banques centrales déploient des moyens financiers colossaux pour répondre à la crise, se chiffrant à 7 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Pour autant, alors que tous les efforts sont concentrés sur la crise sanitaire, le « cygne vert », théorisé par la Banque des règlements internationaux dans un rapport de janvier 2020, est toujours bien présent. Il s’agit de la crise climatique, passée certes au second plan, mais bien plus profonde, plus lente et potentiellement plus destructrice sur le moyen terme.

Il peut sembler tentant de remettre à plus tard nos efforts pour lutter contre le changement climatique. Ce serait une triple erreur. Nous ne pouvons nous permettre une reprise en forte hausse des émissions après la crise sanitaire, comme lors de la crise financière de 2008. Les deux crises, toutes deux issues de la dégradation de notre environnement, sont intimement liées et pourraient se renforcer mutuellement si le dérèglement climatique continuait de s’accentuer. Enfin, nous déployons
aujourd’hui des moyens financiers gigantesques qui doivent être investis intelligemment.

Les solutions déployées pour résoudre la crise actuelle, doivent donc apporter une réponse puissante aux deux crises. Pour cela, il faut inventer de nouveaux outils. Prenons un exemple. Les Etats se mobilisent actuellement dans l’urgence pour sauver les grandes entreprises gravement touchées. La France a ainsi voté un premier dispositif de 20 milliards d’euros de prêt garanti par l’Etat. De nombreuses voix se sont élevées pour demander des contreparties environnementales à ces aides. Les réponses apportées par la France à ces demandes incluent
l’engagement, pour les entreprises, d’être exemplaires et d’intégrer pleinement les objectifs RSE, notamment en matière de lutte contre le changement climatique. C’est faible et peu engageant.

Il est possible d’aller plus loin et de créer un mécanisme de prêt simple et universel qui inciterait véritablement les entreprises à se transformer tout en récompensant les plus vertueuses : le Prêt à Impact Climat (« Climate Performance Loan »). Il faut pour cela indexer le taux du prêt sur le suivi de la trajectoire de réductions des émissions de CO2 compatible avec les objectifs de l’accord de Paris. Cette trajectoire peut être calculée selon le principe du Science-based target développé par le WWF, le CDP et le Pacte mondial des Nations unies, déjà adopté par près de 900 entreprises, ou selon la méthodologie ACT®, développée par l’ADEME. Plus l’entreprise suit sa trajectoire de réduction des émissions, plus son prêt est bonifié.

Un tel mécanisme présente plusieurs avantages.
Il évite les négociations des contreparties au cas par cas avec chaque entreprise, selon ses particularités. Tout le monde donne son point de vue sur ce que devrait faire Air France ou Renault. Tout le monde, sauf les experts de l’aéronautique et de l’automobile. C’est oublier qu’au sein de ces entreprises et de ces secteurs, il existe des experts environnementaux de haut niveau qui ont déjà des idées précises sur le meilleur moyen de parvenir à réduire leurs émissions en collant aux objectifs de l’accord de Paris. Encore doivent-ils avoir les moyens d’agir.

Ce mécanisme de prêt est également stimulant financièrement pour l’entreprise. Une entreprise qui suivra sa trajectoire pourra gagner plusieurs dizaines de millions d’euros pour des prêts supérieurs à un milliard d’euros. A titre d’exemple, une réduction de taux de 1 % pour un prêt de 2 milliards d’euros sur 10 ans, bonifie le coût du prêt d’environ 100 millions d’euros. Non négligeable et incitatif. Le gain permet ainsi de dégager des fonds pour financer des actions rentables pour l’entreprise.

Les principales institutions financières ont déjà une expérience dans des mécanismes de prêts similaires, qui intègrent des externalités extra-financières (les « sustainability-linked loans »). Le prêt à impact climat peut donc être déployé à grande échelle dès demain.

L’état d’urgence climatique a été déclaré par plus de 1.490 gouvernements locaux dans 29 pays. Le Parlement européen a signé une déclaration sur l’urgence climatique le 28 novembre 2019, appelant à un système financier plus durable, contribuant à « réduire les risques existants et futurs pour les écosystèmes », « limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C et éviter une perte massive de biodiversité ».

Le temps des déclarations doit laisser place aux actions concrètes.  N’attendons pas.
Gérald Maradan, co-fondateur et DG de EcoAct
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