Ce mardi 9 juin, le gouvernement a présenté son plan de soutien à la filière aéronautique. Un plan total de 15 milliards d’euros d’aides, d’investissements et de prêts et garanties.
Alors que la crise sanitaire liée au Covid-19 a cloué tous les avions au sol, le gouvernement français a annoncé, ce mardi 9 juin, les détails de son soutien à la filière aéronautique. Le plan de 15 milliards d’euros au total, prend en compte les 7 milliards d’euros de soutien à Air France déjà annoncés en avril dernier. 1,5 milliard d’euros de prêts garantis par l’Etat (PGE) ont déjà été accordés aux entreprises de la filière de construction aéronautique et spatiale à la mi-mai. Et 651 sites ont demandé l’autorisation de mettre en place l’activité partielle pour 110.000 salariés.
La filière aéronautique représente 1.300 entreprises et 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le gouvernement souhaite en particulier investir dans les PME et ETI « pour accompagner transformation de la filière », en créant deux outils : l’un doté de 500 millions d’euros de capital dès juillet, pour atteindre 1 milliard d’euros de capacité de financement – en dette et en fonds propres. L’autre mobilisera 300 millions d’euros de subventions sur trois ans, pour accompagner les entreprises fournisseurs et sous-traitantes.
Vers une filière plus verte ?
Ce plan de soutien a pour ambition d’aller vers une flotte plus écologique, avec 1,5 milliards d’euros consacrés à la R&D et à l’innovation. Parmi les mesures annoncées, on trouve notamment le renforcement du soutien de Bpifrance Assurance Export pour les exportations du secteur, l’assouplissement temporaire des modalités de remboursement des achats de nouveaux aéronefs, ou encore l’anticipation de la commande de nouveaux avions, hélicoptères et drones de surveillance navals.
Le gouvernement rappelle par ailleurs les engagements de la filière. Au niveau mondial, l’objectif est de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à 2005. En France, cet engagement se matérialise en partie avec la signature d’une charte d’engagements sur les relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants. Celle-ci vise notamment à prendre en compte des critères de RSE et d’innovation, à favoriser les fournisseurs produisant en France et en Europe, à engager une réflexion sur le rapatriement de productions ou de savoir-faire technologiques stratégiques pour la filière française et européenne, ou encore à former les acheteurs à ces nouvelles pratiques.
Toujours pas assez d’ambition pour Greenpeace France
Pour Greenpeace France, « le gouvernement continue à se voiler la face sur l’essentiel : réduire le trafic aérien est indispensable pour vraiment baisser les émissions de gaz à effet de serre du secteur et lancer une véritable transition écologique ». Alors que Bruno Le Maire fixe pour objectif de retrouver le trafic de décembre 2019. « Plutôt que de ne parler que de futurs avions soi-disant décarbonés, le gouvernement doit prendre ses responsabilités maintenant. L’avion le moins polluant, c’est celui qui ne vole pas », souligne l’ONG, remarquant qu’à ce jour, aucun plan de relance n’a été annoncé pour le secteur ferroviaire.
« Sans compter que les contreparties présentées pour le soutien à Air France restent floues, peu ambitieuses, voire parfois carrément problématiques,comme avec la compensation carbone ou le soutien aux agrocarburants », ajoute Greenpeace France. L’ONG suggère de commencer par supprimer les vols domestiques de l’ensemble des compagnies aériennes « pour lesquels une alternative en train existe déjà ». Selon le Réseau action climat (RAC), « le plan du gouvernement de supprimer les vols à moins de 2h30 en train tout en excluant le hub de Roissy ne réduirait que de 6,6% les émissions de CO2 issues des vols métropolitains et de 0,5% les émissions de l’ensemble des vols au départ de la France ».