Sylvie Boisanté, responsable Qualité et Développement Durable chez Brother France. Crédits : DR
Sylvie Boisanté, responsable Qualité et Développement Durable chez Brother France, insiste sur la prise en compte du cycle de vie des produits utilisés pour un réel impact positif sur l’environnement. « Le recyclage n’est que l’une des pierres de l’édifice de l’économie circulaire », déclare-t-elle.
Si l’économie circulaire est de plus en plus ancrée dans les processus industriels par la législation en vigueur, mais également grâce aux changements des comportements des consommateurs, chacun a pourtant sa propre définition de cette dernière. En effet, le public mais également nos élus n’ont pas toujours conscience que le principe de l’économie circulaire a été intégrée au cadre « réglementaire français » en 2018 avec la feuille de route pour l’économie circulaire et la loi contre le gaspillage de 2020.
Cette méconnaissance engendre un véritable « mille feuilles » de mesures rendant parfois ces dernières difficilement réalisables par les entreprises et notamment par les entreprises ayant des filiales à l‘international.
L’économie circulaire, le « kraken » de l’économie tout entière ?
L’économie circulaire, c’est envisager un produit comme des boucles imbriquées et récurrentes qui utilisent la matière prélevée au maximum et sous toutes ses formes pour impacter le moins possible le milieu naturel. Le but est donc de minimiser à chacune des étapes de la vie du produit, l’impact qu’il aura sur l’environnement qu’il soit en début, milieu ou fin de vie.
Aujourd’hui la réglementation sur l’économie circulaire modifie de manière visible le Code de l’environnement, elle touche également de manière plus subtile la santé publique, l’éducation, la consommation, le code de la route, la construction…
Si l’Europe est tout aussi impliquée dans l’économie circulaire, c’est bien la France qui se veut être le moteur de cette initiative en souhaitant amorcer au plus vite ses propres mesures, quitte à laisser l’Europe sur le bord de la route. Les entreprises sont donc confrontées à la problématique de sensibilisation de leurs propres filiales à l’international.
Au détour de la réglementation environnementale
L’industrie de l’électronique est la plus pointée du doigt en matière de recyclage, c’est pourtant cette dernière qui a l’un des taux les plus élevés de recyclage de ses déchets car c’est également la plus réglementée. En effet, selon l’ADEME, les petits déchets électroniques collectés sont aujourd’hui réutilisés ou recyclés à 88% avec seulement 12 % de matières éliminées.
Si le gouvernement commence à prendre la mesure de l’importance de l’économie circulaire, aujourd’hui la loi focalise sur la réparation et le recyclage et son discours est essentiellement orienté sur la fin de vie du produit… En réalité, l’impact environnemental, et notamment les émissions de CO2, n’est pas sur le recyclage mais bien sur la fabrication du produit qui représente 80 % de l’impact. En effet, la production étant bien souvent hors sol, cette dernière est beaucoup moins ciblée. Alors, pourquoi ce discours orienté fin de vie ? Tout simplement pour répondre aussi à une problématique autre que l’environnement qui est l’emploi.
La réparation et le recyclage ne sont pas délocalisables donc mettre l’accent sur la fin de vie du produit répond non seulement à la logique environnementale mais également à la création d’emplois locaux.
Un équilibre à trouver entre innovation et durée de vie
Aujourd’hui, il y a une montée en puissance des demandes de réparations. Plus qu’un effort, les gens prennent petit à petit conscience qu’il est préférable de réparer un appareil en panne plutôt que d’en racheter un.
Cette prise de conscience s’accompagne de l’aide des entreprises qui, de plus en plus, proposent des services de réparation à moindre coût et mettent en place un allongement de la disponibilité des pièces détachées sur les anciens produits.
Certains acteurs du marché, et notamment le secteur de l’économie sociale et solidaire, en ont même fait leur principale activité comme les Ateliers du Bocage. Spécialisés dans l’informatique de seconde main, ces derniers collectent, réparent et revendent les appareils en France et à l’étranger. A l’étranger, ils s’assurent que les produits revendus par leurs soins ne finissent pas dans des décharges à ciel ouvert.
Finalement quelle est la meilleure solution pour une économie circulaire efficace ?
Il est primordial de prendre en considération toutes les étapes du cycle de vie d’un produit pour être efficace dans notre volonté de faire plus pour l’environnement.
Le recyclage n’est que l’une des pierres de l’édifice de l’économie circulaire. Aujourd’hui, nous devons prendre en compte la fabrication, la production et la mise en circulation du produit pour avoir un réel impact positif sur l’environnement. En effet, la fin de vie d’un produit n’est pas le seul problème et notre manière de produire et de consommer restent bel et bien les fondements qui nous conduiront vers la réussite ou l’échec.