Les pays membres du G20 sont-ils de moins en moins engagés pour la décarbonation de leur secteur énergétique ? La dernière édition Net Zero Economy Index 2022 du cabinet de conseil et d’audit PwC révèle que l’année 2021 a été marquée par une baisse du taux de décarbonation à 0,5% pour ces pays, « une valeur bien inférieure à la moyenne annuelle observée sur les 20 dernières années (1.4 %) ». La France, le plus décarboné des États membres, a même connu une augmentation de son intensité carbone l’année passée.
Les pays du G20 sont « sur la mauvaise pente de la neutralité carbone ». Le cabinet PwC alerte sur un ralentissement du taux de décarbonation jamais atteint depuis 10 ans. D’après l’analyse – qui ne tient pas compte des émissions d’autres secteurs (comme l’agriculture, la foresterie et autres utilisations des terres) ou de tout autre gaz à effet de serre – aucun pays du G20 ne s’approche du taux de décarbonation attendu. Certains États comme l’Inde (+2,9 %), l’Allemagne (+1,7 %), la France (+1,4 %), le Japon (+0,6 %), et les États-Unis (+0,1 %) ont enregistré des augmentations de leur intensité carbone liée à l’énergie. Néanmoins, d’autres pays ont réussi à réduire cette intensité, même si la baisse n’est pas à la hauteur des attentes. Parmi les plus performants, on note : l’Afrique du Sud (-4,6 %), suivie de l’Australie (-3,3 %), la Chine (-2,8 %), la Turquie (-2,7 %), le Canada (-2,2 %), l’Arabie saoudite (-1,8 %), la Corée du Sud (-1,6 %) et le Royaume-Uni (-1,5%).
Performance des pays du G20 en fonction de leur intensité carbone. Crédit : PwC
À qui la faute ? Ce ralentissement de décarbonation s’expliquerait en partie par le recours accru aux combustibles fossiles pour alimenter une croissance économique urgente post-covid. Il y a également un risque que cette situation ne dégénère davantage à la lumière de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique actuelle. « Les sanctions économiques ont également fragilisé l’accès aux ressources nécessaires aux technologies à consommation énergétique nette zéro, comme le cuivre, le nickel et le silicium », souligne PwC.
Plus d’efforts de décarbonation
Ce panorama géopolitique actuel présente ainsi un risque réel pour les progrès futurs en matière de réduction des émissions. « La date limite fixée par le GIEC en 2030 pour réduire les émissions de 43 % approche à grands pas, et notre analyse montre que les pays doivent maintenant travailler encore plus fort pour atteindre ce chiffre », indique le cabinet.
Qui dit ralentissement dit plus d’efforts à fournir pour espérer atteindre l’objectif de limite du réchauffement climatique à 1,5°C inscrit dans l’accord de Paris. Désormais, le taux de décarbonation nécessaire pour rester sur cette trajectoire passe à 15,2 % en glissement annuel, contre 12,9 % un an plus tôt, soit 11 fois plus vite que la moyenne mondiale atteinte depuis 2000. « En ce qui concerne l’intensité des émissions de carbone à l’échelle mondiale, nous devons suivre une réduction de 77 % d’ici 2030 pour maintenir l’objectif de 1,5 °C sur la bonne voie », peut-on lire dans le rapport.
Toutefois, l’indice Net Zero Economy note que plusieurs voies existent pour se diriger vers la neutralité carbone. Parmi les pistes avancées : orienter les investissements vers les énergies renouvelable, diversification du bouquet énergétique, et les gains d’efficacité énergétique.