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POLITIQUES

Tribune | « Des villes aux champs : et si les villes étaient, grâce au tri, source de richesse pour l’agriculture ? »

PUBLIÉ LE 20 AVRIL 2023
STÉPHAN MARTINEZ, PRÉSIDENT FONDATEUR DE MOULINOT
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Tribune | « Des villes aux champs : et si les villes étaient, grâce au tri, source de richesse pour l’agriculture ? »
Stéphan Martinez, président fondateur de Moulinot. Crédit : Moulinot
Si la loi Agec prévoit que les ménages puissent trier leurs biodéchets dès le 1er janvier 2024, « un travail de pédagogie doit être effectué auprès des citoyens pour les sensibiliser sur l’impact vertueux du tri, sur le retour au sol agricole, et sur la production d’énergie », souligne Stéphan Martinez, président fondateur de Moulinot, spécialiste de la collecte et de la valorisation des biodéchets.

Ce n’est pas une découverte : le monde agricole est en souffrance et la terre nourricière de plus de 7,5 milliards d’êtres humains se dégrade du fait de la surconsommation. Agriculture intensive, pollution, déforestation, pesticides, … sont autant de facteurs qui altèrent toujours plus la biodiversité et appauvrissent des sols, dont les caractéristiques ont un effet direct sur les cultures et donc, sur notre alimentation. Et si nos gestes du quotidien, à l’instar du tri des biodéchets, contribuaient à inverser la donne ?
En changeant de paradigme, nous prendrions enfin conscience du lien puissant qui existe entre les villes et nos campagnes et de ce que l’urbain peut apporter à la ruralité pour qu’une ronde vertueuse se créée. Et chacun a à y gagner : le consommateur pour le contenu de son assiette et sa santé, l’agriculteur pour ses sols, la collectivité pour la richesse de son territoire et le bien vivre de ses administrés. Tous, enfin, pour la planète.

Alors qu’ils représentent 1⁄3 (1) du contenu des poubelles d’ordures ménagères, les biodéchets (épluchures de fruits, de légumes, coquilles d’œuf...) sont reconnus comme une ressource importante en énergie et en matière. Ils constituent en effet un apport organique essentiel pour les agriculteurs méthaniseurs, non seulement pour la production de biogaz sans user de culture dédiée, mais aussi pour la production d’une matière résiduelle, le digestat, qui une fois épandu par les agriculteurs, servira de fertilisant naturel, évitant l’utilisation de fertilisants chimiques. Mais aujourd’hui, faute de collecte des déchets organiques au sein des villes et malgré le tri sélectif en place dans chaque foyer, 70% (2) des biodéchets finissent incinérés et enfouis.

Et si un tri de qualité et la mise en place d’une filière dédiée dans les villes influençaient le passage à une agriculture plus responsable en apportant aux agriculteurs, non seulement une matière de qualité pour leurs sols, mais aussi pour la production d’énergie verte à destination de tous ?

En raison de l’évolution de la loi AGEC qui prévoit que les ménages puissent trier leurs biodéchets dès le 1er janvier 2024, les choix faits par les collectivités et les régions – en charge de la planification de la prévention et de la gestion de l’ensemble des déchets – seront clés. Elles doivent en prendre conscience et contourner le manque de temps et de moyens pour donner aux citoyens l’envie de s’impliquer dans la gestion de leurs rebuts. La finalité des biodéchets est en effet encore trop floue pour la plupart d’entre eux. Bien que les gestes de tri soient appris dès le plus jeune âge, le travail pédagogique doit aller encore plus loin. Il est temps que les usagers prennent la mesure de l’impact vertueux de ce tri sur le retour au sol agricole et sur la production d’énergie par des agriculteurs méthaniseurs. Il est temps qu’ils comprennent le rôle et les apports du biodéchet comme un engrais naturel, alternative aux engrais de synthèse, qui nourrit les terres agricoles et façonne les fruits et légumes de demain, ou encore comme une source d’énergie renouvelable qui participe à l’autonomie énergétique de la France.

Facilitons leur accès à l’information. Confrontons-les régulièrement à des chiffres clés et des données illustrées. Sensibilisons-les en porte à porte, à travers des réunions publiques ou des stands sur les marchés alimentaires. Mettons en place des animations autour des points d’apports volontaires. La multiplication de ces actions et leur répétition dans le temps permettront aux citoyens de s’approprier ce nouveau geste de tri et les aideront à comprendre par des exemples simples et concrets l’impact pour l’agriculture et les champs.
En endossant ce rôle, les collectivités contribueront à faire émerger une prise de conscience urgente. Elles feront partie des acteurs majeurs dans l’émergence d’une meilleure connaissance du lien entre la ville et les champs, de ce que les bonnes pratiques au sein des villes peuvent influer sur les pratiques agricoles et sur la vie quotidienne des citadins, provoquant ainsi l’envie d’agir.
Les champs nourrissent depuis toujours la ville : il est temps qu’elle leur rende les nutriments contenus dans les biodéchets, et qu’elle contribue à régénérer sur le long terme la fertilité des sols.
 
Sources 1&2 : Biodéchets
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