La sensibilisation à la transformation durable constitue une étape de prise de conscience nécessaire avant le passage à l’action. Un point de départ nécessaire pour ouvrir le chemin vers la réflexion stratégique et la mise en place de solutions opérationnelles. Ibtissam Benslimane, senior consultante en transformation digitale chez TNP, présente les leviers pour aborder efficacement cette phase sensibilisation. 

Pour ancrer la durabilité dans la culture d’entreprise, il est impératif d’embarquer toutes les strates d’une organisation et donner la priorité aux actions collectives. Toutes les populations doivent donc être sensibilisées : le top management et les collaborateurs. La transformation durable deviendra ainsi une valeur commune, vectrice de lien, et favorisera l’ouverture d’esprit et l’adhésion des uns et des autres aux initiatives prises en faveur de la durabilité. Donner la priorité aux actions de sensibilisation collectives à vocation à créer une émulation. Les changements devant être systémiques, il ne s’agit pas d’informer chaque collaborateur individuellement, mais bien de les inviter à réfléchir ensemble, à se poser des questions et à échanger sur des solutions. 

Pour être le plus impactante et efficace possible, la sensibilisation se doit également d’être multimodale via des actions de formation, de communication digitale et physiques. Cela peut se matérialiser par des ateliers collaboratifs qui font appel à l’intelligence collective et permettent de créer du lien qu’ils soient génériques autour des enjeux de transitions climatiques (comme des Fresques thématiques) ou personnalisés et spécifiques au secteur d’activité et enjeux de l’entreprise. 

Participer aux Fresques et développer des ateliers personnalisés

La Fresque du climat est un atelier d’intelligence collective qui permet de transmettre en petits groupes (d’une dizaine de participants par session) une vision globale concernant les tenants et les aboutissants du réchauffement climatique à l’aide d’informations issues des rapports du GIEC. Ce format pédagogique a été pensé en 2015 par Cédric Ringenbach, qui a ensuite fondé l’association La Fresque du Climat en 2018. 

La Fresque du numérique est une association fondée par Aurélien Déragne et Yvain Mouneu, qui vise à sensibiliser aux problèmes environnementaux du secteur du numérique. L’objectif des ateliers est de contribuer à une prise de conscience globale et d’accélérer la transition vers une société plus soutenable. C’est un outil qui permet de mieux comprendre l’impact du numérique et d’utiliser l’intelligence collective pour envisager des solutions. 

La Fresque de la Diversité, cocréée par l’ESSEC et Belugames, est un outil qui permet de soulever les questions d’inclusion en entreprise. La sensibilisation aux discriminations, qu’elles soient de genre, handicap, origine ethnique et sociale, conviction religieuse ou orientation sexuelle incombe à la Responsabilité sociale des entreprises.

Ces fresques sont accessibles à tous, sans prérequis de connaissances. Après avoir fourni cette base de savoir solide, partagée et commune à tous les salariés, l’entreprise peut animer ses propres ateliers de sensibilisation personnalisés en lien direct avec ses activités. L’idée est de proposer des formations ludiques et collaboratives pour dédramatiser le sujet tout en favorisant l’émergence de solutions adaptées à ses enjeux sectoriels. Lego Serious Play, Learning Expedition, gamification ou serious games sont les bienvenus. Ces ateliers de sensibilisation stimulent l’engagement des collaborateurs dans la stratégie de RSE de l’entreprise et peuvent être organisés en présentiel comme en distanciel afin de mobiliser l’ensemble des salariés. 

Donner aux collaborateurs les moyens d’aller plus loin tout en montrant l’exemple

Après cette phase de sensibilisation collective, l’entreprise se doit de donner à ses collaborateurs, les moyens d’aller plus loin individuellement. Elle peut pour cela, mettre en place des formations certifiantes via e-learning ou MOOC ou encore financer des lectures sur ces sujets. Ces formats d’apprentissage, plus denses et complexes, sont à mettre à disposition des collaborateurs désireux de consacrer du temps et de l’énergie à cette opportunité de montée en compétence. 

Pour être porteur de valeur et vecteur de résilience, le processus de sensibilisation à la transformation durable se doit d’être hybride et d’osciller entre la diffusion de l’information et la démonstration par l’exemple. Cela signifie qu’en parallèle des actions de sensibilisation, le rôle de l’entreprise est avant tout d’incarner le changement. La stratégie de l’entreprise doit évoluer en intégrant les enjeux environnementaux et sociétaux. Les objectifs doivent être construits avec ce nouveau regard et la trajectoire doit être pilotée avec de nouveaux indicateurs. En parallèle, plusieurs actions plus ou moins simples et rapides à mettre en œuvre peuvent avoir du sens dans cette marche vers la durabilité et incarner cet engagement pour tous : passer à un fournisseur d’énergies renouvelables, penser au recyclage, réduire les déchets et la consommation de papier, lutter contre l’obsolescence programmée, investir dans l’éco-conception, adopter les normes de bâtiments durables, limiter le chauffage, mettre en place une politique de mobilité ou de BYOD. 

La phase de sensibilisation va permettre aux collaborateurs de prendre la mesure de l’ampleur du sujet, d’adapter leurs activités et d’explorer des voies d’améliorations de leurs pratiques. C’est cette prise de conscience qui sera à l’origine de l’émergence d’un véritable « green spirit » puis de la mise en œuvre de la durabilité dans les projets. Les vrais enjeux sont les actions d’envergures à conduire après la phase de conscientisation afin d’inscrire la durabilité dans l’ADN des projets. La durabilité sera intégrée « by design » dans la vision stratégique du management et la mise en place de solutions opérationnelles connaîtra l’adhésion des collaborateurs.