Les 77 millions de personnes les plus riches émettent plus de CO2 que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité, dénonce Oxfam dans un nouveau rapport. L’ONG appelle à mettre en œuvre des mesures fiscales, comme l’ISF climatique, pour que les personnes les plus responsables du réchauffement climatique soient également celles qui supportent l’essentiel du coût de la transition.
À moins de deux semaines de la COP28, Oxfam a publié le 20 novembre un nouveau rapport sur les inégalités climatiques. Celui-ci révèle que les 1% les plus riches, soit 77 millions de personnes, émettent plus de CO2 que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité, soit 5 milliards de personnes. Le rapport, intitulé « Égalité climatique: une planète pour les 99% » a été réalisé à partir des données de l’Institut de l’environnement de Stockholm (SEI) de 2019, l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles, explique Oxfam. Selon ces sources, les 0,1 % les plus riches du monde (770 000 personnes) émettent plus de CO2 que 38 % de la population mondiale (2,9 milliards de personnes) et les 50% les plus pauvres de l’humanité sont responsables d’à peine 8% d’émissions mondiales.
« La surconsommation des plus riches a des conséquences dramatiques pour les communautés les plus pauvres dans les pays du Sud global – particulièrement les femmes et les filles -, les moins responsables des émissions, souligne Alexandre Poidatz, responsable de campagne Climat et inégalités chez Oxfam France Cette situation n’est pourtant pas une fatalité : il est possible d’augmenter les revenus des plus pauvres, tout en réduisant les émissions mondiales ».
L’inégalité climatique est également criante en France, où les 10% les plus riches sont responsables d’un quart des émissions du pays. Une personne dans les 1% les plus riches émet autant de CO2 en un an qu’une personne parmi les 50% les plus pauvres en 10 ans. Bernard Arnault, le Français le plus riche, a ainsi une empreinte carbone de consommation 1 270 fois supérieure à un Français moyen.
Des leviers fiscaux
Pour réduire ces inégalités, Oxfam propose une série de recommandations fiscales fondées sur le principe du pollueur-payeur, de façon à ce que les personnes qui émettent le plus prennent en charge l’essentiel du coût de la transition écologique. L’ONG préconise par exemple la mise en place d’un impôt sur la fortune climatique pour les multimillionnaires et milliardaires et une taxe sur les dividendes pour les entreprises qui ne respectent pas l’Accord de Paris. Oxfam propose également de mettre un terme aux niches fiscales dans des secteurs polluants, comme le kérosène. Au total, ces mesures permettraient de dégager 50 milliards d’euros pour financer des investissements dans la transition écologique, comme par exemple rénover les passoirs thermiques, décarboner l’industrie ou développer le ferroviaire.
En complément, Oxfam recommande de conditionner chaque euro de financement public à des objectifs climatiques, mais aisso de mettre en place une trajectoire de réduction contraignantes des émissions des multinationales. « Il est temps de faire peser le poids de la transition sur les plus riches, qui émettent le plus, a ajouté Alexandre Poidatz. C’est simple, c’est le principe pollueur payeur, dont la mesure phare est l’ISF climatique : l’anti-taxe gilets jaunes ! »