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Accueil > Actualités > Pollutions > S'entraîner au pire pour mieux l'éviter
POLLUTIONS

S'entraîner au pire pour mieux l'éviter

PUBLIÉ LE 1er SEPTEMBRE 2007
LA RÉDACTION
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Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
Un feu se déclare dans une usine de produits chimiques. Un nuage toxique se répand. Comment les autorités réagissent-elles ? Les procédures sont-elles respectées ? Quel est le comportement des habitants ? Heureusement, il ne s'agit là que d'un accident factice, un exercice de crise destiné à entraîner tous les acteurs de la gestion du risque afin que, le jour où l'accident arrive réellement, chacun connaisse son rôle. « Nous savons décrire ce qu'est une bonne gestion de crise. Mais comment les acteurs s'approprient-ils cela sur le terrain ? » se demande Franck Guarnieri, chercheur sur les risques industriels à l'École des mines de Paris. Apprendre à réagir judicieusement et vérifier que tout se déroule comme prévu, c'est le rôle des exercices de crise. L'étude de danger d'une ICPE détaille les exercices à mener chaque année pour intervenir sur les accidents décrits. L'exploitant organise des simulations, en collaboration avec les pompiers, afin d'acquérir les réflexes et les procédures pour que l'intervention soit la plus efficace et la plus rapide possible. Certains exercices portent uniquement sur une partie du plan d'organisation interne (POI, lire encadré ci-contre), par exemple l'évacuation d'une zone. Une palette de scénarios Cependant, le POI est basé sur les scénarios d'accidents du site industriel. Une fois ces scénarios identifiés, on adapte les moyens pour y faire face. « Mais ces dernières années, les scénarios avaient été simplifiés à outrance : les industriels ne travaillaient plus que sur un ou deux schémas d'accident, relève Didier Gaston, directeur adjoint des services accidentels à l'Ineris. Ainsi, dans le cas d'AZF, la dispersion de produits toxiques avait été prévue, mais pas l'explosion. » Aujourd'hui, les industriels travaillent davantage sur une palette de scénarios, et pas seulement sur le plus grave. « Lors d'un accident, nous attendons les ordres de la préfecture, nous ne prenons pas d'initiative, indique Noël Juhère, commandant du port autonome de Dunkerque. Nous avons des plans en fonction des événements, avec des périmètres de sécurité de 2, 5 ou 10 kilomètres. » Les consignes vont de la mise en sécurité des installations à l'évacuation, en passant par le confinement. « Lors du dernier exercice de crise, nous nous sommes aperçus qu'il était difficile de joindre certaines personnes sur le terrain, par exemple les grutiers. Nous avons donc décidé de nous équiper en véhicules avec haut-parleurs et de matériel pour liaisons radio. Notre souci numéro un est d'être certains que tout le monde est prévenu des instructions. » De leur côté, les centrales nucléaires font l'objet d'exercices de crise grandeur nature tous les trois ans, à chaque fois sur un scénario différent. À la centrale de Gravelines (Nord), le dernier exercice a eu lieu le 13 mars dernier. « Nous avons étudié un accident avec des rejets radioactifs à l'extérieur, raconte Sylvie Lebreux, chargée de communication de la centrale. Nous avons considéré que le vent poussait ces rejets vers le port autonome de Dunkerque, et nous avons observé les interactions avec les autres sites industriels du port. » Mais dans quelle mesure ces exercices sont-ils représentatifs des conditions réelles, où s'invite l'effet de surprise, voire d'éventuelles paniques ? « Lorsqu'on est confronté à une vraie crise, certains leaders émergent, alors que ce n'est pas leur rôle administrativement parlant, observe Franck Guarnieri. C'est compliqué à maîtriser. » Pour le chercheur, la principale difficulté réside dans la prise de décision : « L'organisation des secours est bien définie par de nombreux plans (Orsec, Polmar, etc.). Mais à un moment, lorsque l'ampleur de la crise dépasse les moyens dont disposent les pouvoirs publics, surviennent des phénomènes de désorganisation et d'incompréhensions, à l'origine d'erreurs. Dans ce cas, il faut se replier pour se concentrer sur les points sensibles. » Public actif La question du comportement du public est ici primordiale. « Auparavant, dans les plans de gestion de crise, les personnes secourues étaient considérées comme passives, rappelle Didier Gaston. Or, ce n'est pas vrai dans la réalité : tout le monde est un peu acteur, il existe une entraide mutuelle, même lorsque les gens ne sont pas secouristes. » Ainsi, lors de l'accident d'AZF à Toulouse, près de 200 blessés sont arrivés en quelques minutes au service des urgences, sans l'intervention du Samu, alors que l'hôpital se basait sur ses informations pour se préparer. « Au vu des investissements insuffisants des entreprises en matière de prévention et de gestion de la crise, il n'est pas étonnant de constater une impréparation lorsque l'accident survient », dénonce Franck Guarnieri. Noël Juhère tempère : « Les accidents ne sont jamais les mêmes. C'est lorsqu'ils surviennent qu'on réalise ce qu'on a oublié de prendre en compte. » Retours d'expérience C'est pourquoi il faut également tirer les leçons des accidents passés. « Ce qui est compliqué, c'est de retracer le contexte dans lequel les actions se sont produites, note Didier Gaston. C'est pourtant cela qui est essentiel. Savoir qu'une personne a mal tourné tel bouton est peu informatif, mais comprendre pourquoi ce geste a été fait dans le contexte qui régnait alors est primordial. » La catastrophe d'AZF a montré qu'il fallait mieux coordonner les forces d'intervention avec les autres acteurs, notamment médicaux. Elle a aussi indiqué que pour les crises de cette ampleur, une coordination supradépartementale était nécessaire. « Les décideurs sont différents selon la dimension de l'accident : quand la gravité augmente, la crise est plus complexe, et ils sont multiples, observe Didier Gaston. Nous devons encore travailler sur la manière de gérer les crises de grande ampleur. » Néanmoins, ces analyses d'accidents portent leurs fruits, notamment en enrichissant la réglementation. La loi de modernisation de la société civile de 2004, par exemple, précise la manière dont la société s'organise pour faire face aux catastrophes naturelles et industrielles. « Cette loi a changé l'organisation des services de secours, indique Didier Gaston. Elle donne davantage de poids aux services départementaux, alors qu'auparavant, les moyens étaient plus dispersés entre eux et les communes. » Les secours sont organisés par la préfecture, mais en cas de crise grave dépassant le cadre départemental, le préfet de zone prend le relais : il existe cinq zones suprarégionales en France, dirigées chacune par un préfet de zone. D'autre part, avant la loi de 2004, la prévention et l'intervention étaient considérées séparément. Aujourd'hui, l'intervention est conçue comme un maillon de la gestion du risque, et le personnel d'intervention doit être impliqué dans la prévention. « Lorsqu'il mène des inspections, il s'approprie l'environnement où il sera amené à intervenir », explique Didier Gaston.
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