« Le 13 septembre, lorsque les habitants de La Motte-Servolex et alentours ont vu passer des hélicoptères entourés de fumée malodorante au-dessus des champs, les mairies se sont retrouvées noyées sous les courriers... ». Celui qui raconte cela aujourd'hui, Christophe Roulier, administrateur de la Frapna en Savoie, a vite compris ce dont il s'agissait ce jour-là : une chrysomèle, coléoptère ravageur des racines du maïs, avait été détectée deux jours avant. Les hélicoptères venaient pulvériser du deltaméthrine. Une autre chrysomèle repérée le 22 août, près de l'aéroport de Lyon, avait déjà donné lieu à un traitement aérien, sur arrêté préfectoral, mais la superficie traitée était dépourvue d'habitations. Jacques Dumez, chef du Service régional de protection des végétaux à la Direction régionale de l'agriculture et de la forêt, qui a piloté l'opération, se justifie : « Le ministère souhaite que, dans ces cas-là, on frappe vite et fort. Je n'ai pas agi de gaîté de coeur, ayant aussi pour mission la prévention de la pollution aux pesticides ! »
« Nous avons demandé au préfet d'améliorer la communication pour le second traitement, prévu en 2008, poursuit Christophe Roulier. Trop de réactions de la population pourraient faire le jeu des OGM. En outre, comme le préfet nous dit vouloir imposer une rotation des cultures (NDLR : obligatoire pendant trois ans en cas de chrysomèle), nous allons veiller à ce qu'elle soit effective ! ». Cette rotation, les producteurs bio la pratiquent en permanence. Mais deux d'entre eux, proches de l'aéroport de Lyon, ont été arrosés et vont donc perdre le label AB cette année. « On nous a demandé, 48 heures avant le traitement, de les recenser pour qu'ils soient indemnisés », se désole Marinette Feuillade, directrice de l'organisme professionnel Corabio, pour qui cette affaire révèle la dépendance de la monoculture intensive aux pesticides. Le SRPV prépare donc avec minutie le traitement 2008, qui sera réalisé au sol par tracteurs enjambeurs.