Rhodia présentera ce printemps aux pouvoirs publics son « plan de gestion », document censé définir la stratégie de dépollution de son usine de Mulhouse, fermée en fin d'année dernière. L'enjeu en termes d'image n'est pas anodin : outre l'impact économique, la perspective d'un arrêt de ce site Seveso a toujours inquiété la population, compte tenu de sa situation en milieu urbain et de l'accumulation dans le sol de cent quinze ans de multiples productions intermédiaires et de leurs matières premières pour la pharmacie, l'agrochimie et la cosmétique. Mais le groupe ne part pas de rien. Les différents propriétaires de l'usine ont bien tenu à jour les archives sur leurs activités, observe la Drire. Achevé en novembre, le démantèlement des ateliers permettra d'« accéder à des zones nouvelles, mais nous ne nous attendons pas à des découvertes majeures », précise François Villerez, le responsable de la cellule sites pollués. L'étude prescrite à Rhodia en 2006 a confirmé l'absence de risque d'impact direct sur l'environnement. Reste la question de la contamination de la nappe phréatique aux nitroanilines et surtout au nitrochlorobenzène, un composé si peu répandu qu'aucune norme européenne de concentration ne lui est consacrée. Pour la contenir et permettre la réimplantation d'industries sur le site, le groupe prévoit de convertir au traitement par charbon actif la barrière hydraulique qu'il a déjà installée en sortie d'usine. La prestation de dépollution sera externalisée, mais le montant du marché n'est pas encore connu.