Alors qu’au Japon, la menace d’une catastrophe nucléaire de l’ampleur de Tchernobyl (1986) ou de Three Mile Island (1979) pèse toujours sur le pays suite au séisme et au tsunami particulièrement dévastateurs et meurtriers qui ont frappé le pays vendredi 11 mars, le gouvernement français a tenté dès ses premières déclarations publiques de désamorcer la gravité de la situation nucléaire japonaise. Eric Besson, le ministre de l’industrie et de l’énergie évoquait ainsi samedi 12 mars suite à la première explosion d’un réacteur de la centrale de Fukushima un « accident grave mais pas une catastrophe nucléaire…et certainement pas la partie la plus importante du drame national qui a touché le Japon » et tentait ainsi de relativiser aux yeux des français le risque du nucléaire civil.
Avec 58 réacteurs, la France est en effet au deuxième rang mondial des puissances électronucléaires, après les Etats-Unis et avant le Japon (55 réacteurs). Si André Claude-Lacoste, le président de l’ASN, a également joué très vite la carte de la transparence sur le suivi d’un éventuel nuage radioactif, le gouvernement espère surtout que sa filière nucléaire exportatrice basée sur la vente de réacteurs EPR de troisième génération pourra sortir indemne de cette nouvelle crise.
De leur côté, les écologistes soutiennent la voix des mouvements antinucléaires. Daniel Cohn-Bendit et Nicolas Hulot demandant dès dimanche l’organisation d'un référendum en France sur la sortie du nucléaire alors que Corinne Lepage s’est prononcé pour un débat global sur les coûts et avantages d’une relance du nucléaire français. Cette relance se traduit actuellement par la construction d’un premier EPR à Flamanville et par la volonté d’EDF de rallonger la durée de vie de son parc à plus de quarante ans. Le réseau Sortir du nucléaire qui a rassemblé dimanche soir à Paris plus de 300 manifestants pour soutenir les japonais et dénoncer le lobbying nucléaire français rappelle que les autorités ont rejeté le 9 mars dernier la fermeture de Fessenheim en Alsace, la doyenne des centrales françaises située en zone sismique et que les installations nucléaires situées sur le littoral restent exposées aux risques de tempête et d’inondation.
Et à France Nature Environnement de s’interroger sur la capacité de réactivité et de transparence des autorités françaises face à la même catastrophe. S’il est urgent pour son président, Bruno Genty, que la France mette en œuvre « une politique énergétique qui privilégie la maîtrise des consommations et les énergies renouvelables », le scénario actuel vécu par la filière solaire en France permet d’en douter. Et ce malgré des ambitions affichées par le Grenelle de l’environnement qui n’avait cependant pas hésité à exclure le nucléaire de ses débats. Le Grenelle de l’énergie que plébiscitent aujourd’hui les ONG de l’Alliance pour la planète aurait-il le pouvoir d’amorcer un débat public sur l’avenir du nucléaire en France, rien de moins sûr.ADSite du minstère de l'écologieRéseau Sortir du nucléaireSite de FNE