Depuis le 16 avril, le port de Rouen clape en mer ses sédiments de dragage sur un nouveau site, le Machu, situé à l'ouest de la baie de Seine. Une « expérimentation » qui porte sur environ 2 millions de mètres cubes et qui va se dérouler sur un an. Le site actuel du Kannik sera en effet bientôt saturé : le dragage d'entretien représente 4,5 millions de mètres cubes par an. Deux enquêtes publiques (la première étant insuffisante) ont donné un avis favorable. L'arrêté d'autorisation date du 21 décembre dernier. Selon le port, un suivi scientifique aura lieu jusque fin 2013. Le sujet fait l'objet d'une thèse à l'université de Caen et le suivi biologique a été confié à Safege. « Nous avons déposé des moules en sept points différents de la baie pour étudier la bioaccumulation. Nous suivons environ 30 micropolluants (HAP, PCB, TBT, dioxines, furanes, métaux lourds, etc.) », explique Gilles Labrouche, chef de projet Safege. Un comité de suivi est également en place : il rassemble notamment les services de l'État, l'Ifremer, l'agence de l'eau et le comité des pêches, « mais aucune association environnementale », déplore Jacky Bonnemains, président de Robin des bois. « Les sédiments proviennent du dragage d'entretien du chenal d'accès au port. Ils sont constitués de sables fins et sont faiblement pollués », rassure Sandrine Samson, chef du service environnement du port. Mais, pour Robin des bois, « cela ne fait qu'empirer la situation déjà catastrophique de la baie de Seine, régulièrement frappée d'interdiction de pêche des coquillages pour cause de pollution bactériologique, organique (PCB) ou par des métaux lourds. Le protocole de suivi des micropolluants est inutile, car réalisé avec des moules déjà polluées ». Soutenue par les pêcheurs, l'association regrette que ces sédiments ne soient pas traités à terre.