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POLLUTIONS

La qualité au rendez-vous

PUBLIÉ LE 1er SEPTEMBRE 2013
LA RÉDACTION
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Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
1 Surveiller les déversements non domestiques en réseau Les rejets non domestiques aux origines diverses (industries, artisans, pressings, coiffeurs, garagistes…) peuvent provoquer des dysfonctionnements au niveau d'une station d'épuration (step). Avec le risque que les métaux lourds présents dans ces flux (cuivre, nickel, zinc…) détériorent directement la qualité des boues produites. En principe, tout rejet non domestique doit être préalablement autorisé par la collectivité via un arrêté d'autorisation fixant les conditions techniques et financières du raccordement. En pratique, sur les 18 000 PME et TPE raccordées à une step en France, de nombreuses l'ont été sans autorisation administrative. Les services d'assainissement travaillent donc toujours à régulariser ces situations. L'agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse (RMC) a financé dès son IXe programme des opérations collectives associant des collectivités, des entreprises et leurs partenaires comme les chambres de commerce et d'industrie sur des programmes pluriannuels de sensibilisation. Ces derniers incluent la réalisation de diagnostics et la mise en place de prétraitements sur site lorsque les rejets ne respectent pas les critères d'accueil des step. « Depuis 2007, nous avons soutenu 40 opérations collectives. Nous avons ciblé jusqu'aux petites sources de pollutions diffuses en finançant des récupérateurs de rejets liquides chez les peintres ou les pressings. Résultat : en 2012, on observait déjà une amélioration tangible de la qualité des boues », note Fabien Abad, chef du service pollution à l'agence de l'eau RMC qui poursuit cet ac com pa gnement dans son Xe  programme. C'est dans ce contexte que le parc naturel régional (PNR) du Haut-Jura a piloté entre 2009 et 2012 l'opération collective Eaux-Jura. Il a pris en charge le diagnostic de 450 entreprises locales, dont une centaine rejetaient des effluents non domestiques. Sur ce nombre, 57 ont déjà été régularisées via une autorisation et 33 ont investi 1,2 million d'euros, dont l'agence a financé la moitié. « Sur la Step de Morez, capitale de l'industrie lunetière, nous sommes passés entre 1998 et aujourd'hui d'une situation de non-conformité récurrente des boues, avec des teneurs en cuivre et en nickel deux à cinq fois supérieures aux normes, à quelques dépassements ponctuels. Cette situation a conduit de nombreux exploitants des Step à remplacer l'épandage par l'incinération, avec des coûts multipliés par cinq à dix selon la taille de la collectivité », précise Bernard Devillers, chargé de mission au PNR Haut-Jura. À Grenoble aussi, l'opération collective Aquapôle zone propre (AZP), pilotée par Grenoble Alpes Métropole (Métro) en 2011 et 2012 autour de onze partenaires, a porté ses fruits. Elle sera d'ailleurs poursuivie à partir de la fin de l'année. Les industriels ont investi plus de 10 millions d'euros pour la mise en conformité de leurs rejets, dont 2,2 millions sous forme d'aides. Une trentaine d'autorisations et de conventions ont été octroyées, portant à 90 le nombre d'établissements régularisés. La communauté urbaine de Strasbourg (CUS), qui suit depuis vingt ans les entreprises raccordées, totalise 80 autorisations de déversements et 23 conventions. La convention complète l'autorisation pour les plus grosses industries. Pour les établissements les plus sensibles, la CUS a élaboré une redevance assainissement plus incitative à la réduction de leurs rejets et elle renforce l'autocontrôle de trois contrôles inopinés annuels. Le suivi des entreprises est intégré dans un système d'information géographique du réseau d'assainissement qui, à terme, devrait identifier l'origine des rejets en fonction des substances détectées. « Nous enregistrons en moyenne 15 événements de pollution par an liés principalement à des déversements accidentels d'hydrocarbures. Et par précaution, nous suivons encore les PCB », souligne Renaud Philippe, responsable qualité du réseau et télécontrôle des rejets à la CUS. Même interdits en France, les PCB restent sous la surveillance des services. « Aujourd'hui, plus aucune entreprise ne rejette de PCB, mais ils sont encore relargués par les nappes en faible proportion, souligne Jean-Luc Eard, chargé du contrôle des réseaux à la régie d'as sai nissement messine Haganis. Nous surveillons donc toujours certains points à risque du réseau. » « Les pollutions aux PCB sont très fugaces dans les eaux, mais elles s'accumulent dans les boues, contaminant les lots durant plusieurs semaines, précise Emeric Labedan, directeur adjoint de la station Seine aval du Siaap, qui a enregistré quatre événements de ce type en 2004, 2006, 2011 et 2013. En revanche, grâce au gros travail de sensibilisation réalisé en direction des entreprises de traitement de surfaces, on ne retrouve plus de cadmium dans les boues comme il y a quinze ans. Aujourd'hui, avec le suivi RSDE (recherche et réduction des rejets de substances dangereuses dans l'eau), nous entrons dans une nouvelle ère de sur veillance orientée vers les substances émergentes. » l 2 Contrôler la conformité des lots L'arrêté de 1998 régit les conditions d'acceptation en épandage agricole des boues d'épuration. Autorisé par arrêté préfectoral avec élaboration d'un plan d'épandage pour le suivi annuel des pratiques, l'épandage repose en tant que filière d'élimination des déchets sur un dispositif de traçabilité complet. L'un des volets du Plan d'assainissement 2012-2018 de l'État a d'ailleurs ciblé l'amélioration de la gestion des données sur les lots épandus grâce à la mise en place, cet été, d'une base nationale baptisée Sillage. La conformité des boues produites à l'épandage est contrôlée sur station vis-à-vis de 34 paramètres : 12 valeurs agronomiques, 8 éléments traces métalliques, 10 composés traces organiques et 4 paramètres microbiologiques. La fréquence d'analyses est fixée selon la quantité de matière sèche épandue par l'usine et décroît avec le temps si les résultats sont conformes. À Metz, la plus grosse step (440 000 EH) de la régie d'assainissement Haganis épand 3 500 tonnes de matière sèche (MS) de boues secondaires, traitées à la chaux et au chlorure ferrique puis déshydratées. Elle est assujettie à 12 analyses par an sur les valeurs agronomiques et les éléments traces et 6 analyses sur les composés traces organiques. Mais Haganis a opté pour un contrôle toutes les trois semaines de ses lots, doublé d'une analyse des boues stockées par Terralys, le prestataire de son plan d'épandage, et par la chambre d'agriculture départementale. « Ce rythme nous offre une très bonne représentation de la qualité de la boue sur l'année », juge Mathieu Dufour, ingénieur exploitation d'Haganis. De l'expérience d'Hervé Lefebvre, chef du service valorisation des boues région Grand Ouest (Valbé) chez Saur, « les non-conformités des lots analysés en stations par rapport à l'arrêté de 1998 sont marginales. Elles portent alors essentiellement sur les éléments traces. Dans ce cas, nous déshydratons les boues pour les envoyer en enfouissement (ISDND, ISDD), voire en incinération. Elles doivent alors respecter la réglementation de ces ICPE. L'enfouissement nécessite notamment une siccité d'au moins 30 % et l'incinération de 20 % ». L'exploitant étant responsable de ses déchets, il assume dans ce cas le surcoût lié à l'élimination dans une filière adaptée. Les boues envoyées en centres de compostage sont soumises aux mêmes analyses, auxquelles se rajoutent les critères de qualité de la norme NFU 44-095 en cas de compost normé. Les exploitants de centres de compostage contrôlent alors les lots à réception. En cas de non-conformité à la norme, la boue rétrograde du statut de produit à celui de déchet, mais reste épan-dable. Si la non-conformité porte sur l'arrêté de 1998, la valorisation agricole est impossible. Pour Sede Environnement, filiale de Veolia spécialisée dans le traitement et la valorisation des boues, les non-conformités en filière compost, qui représentent moins de 5 % des lots, portent essentiellement sur les pathogènes. « Il suffit le plus souvent de poursuivre la maturation des composts. Les quelques non-conformités à la norme NFU 44-095 sur les éléments traces sont traitées en écoulant les composts sur le plan d'épandage associé à la plate forme de compostage », observe Hubert Brunet, directeur adjoint de Sede Environnement. Lorsque les boues sont incinérées, les exploitants doivent alors respecter la réglementation propre aux ICPE sur les émissions atmosphériques de leurs fours et sur la traçabilité des résidus d'incinération (cendres et Refib*) envoyés classiquement en enfouissement (ISDD). Mais par autorisation préfectorale, la commu nau té urbaine de Strasbourg a lancé en 2012 la valorisation matière des Refib en mines de sel et celle des cendres en techniques routières. Certaines collectivités qui incinèrent, comme Grenoble, analysent malgré tout leurs boues au regard de l'arrêté de 1998. « En cas de besoin, nous voulons pouvoir être réactifs immédiatement », souligne Bruno Maneval, directeur de la régie d'assainissement de la Métro. Et cette pratique devrait se généraliser à toutes les step de plus de 2 000 EH. En effet, l'arrêté modifié du 22 juin 2007 sur les systèmes d'assainissement, attendu au deuxième semestre, va instaurer l'obligation de réaliser deux analyses par an pour contrôler la conformité des boues à l'épandage, même si la filière agricole n'est pas mise en œuvre. L'État place ainsi clairement cette solution comme la plus vertueuse pour les boues d'épuration. l 3 Sécuriser les filières de valorisation La filière agricole constitue en France la voie royale de valorisation des boues d'épuration. Elle concerne ainsi 75 % des volumes produits (en matière sèche), dont la moitié partent en épandage et un quart en compostage, devant l'incinération (18 %) et l'enfouissement (7 %). Au niveau national, le compostage, encore marginal dans les années 2000, a progressé au détriment de l'enfouissement. Une tendance liée à la publication de la norme NFU 44-095 qui confère depuis 2004 au compost normé tiré de boues d'épuration un statut de produit. Le groupe Saur, qui exploite en France une vingtaine de centres de compostage, a vu la proportion de cette technique croître depuis 2010 de 32 à 48 %. « Dans le Grand Ouest, les collectivités épandent tra di tion nel lement leurs boues liquides, mais la pression de l'urbanisation en zone littorale et la baisse de l'activité agricole font évoluer les filières. Pour y faire face, nous avons dû ouvrir en 2006, à Saint-Jean-Brévelay (56), un nouveau centre de compostage », analyse Hervé Lefebvre, responsable de Valbé Grand Ouest chez Saur. Le compostage reste bien souvent une filière d'appoint ou de secours du fait de son coût, estimé en moyenne au triple de l'épandage. La communauté urbaine de Strasbourg (CUS) y a recours pendant les trois semaines que dure la maintenance de son four d'incinération, qui traite 13 500 tonnes de matière sèche (MS) par an. « Mais nous réfléchissons à évacuer ce flux vers l'usine d'incinération d'ordures ménagères. Pour nous, l'incinération est vraiment synonyme d'autonomie et de pérennité », constate Anne Wilhelm, responsable des stations d'épuration à la CUS. En effet, la moitié des volumes de boues sont envoyés en digesteur avant inci-nération et le biogaz produit sert de combustible au four. Pour l'agglomération de Grenoble (Métro), qui privilégie aussi l'incinération, le compostage ne représente qu'entre 1 et 20 % du gisement valorisé (7 500 tonnes de MS par an). Aujourd'hui, elle investit 13 millions d'euros pour équiper d'ici à la mi-2014 sa station Aquapôle (500 000 EH) de la méthanisation. Ce procédé de digestion anaérobie réduira les volumes à incinérer et redonnera au four saturé une capacité de traitement suffisante. En outre, près de 80 % du biogaz produit sera injecté dans le réseau. « Le coût de la filière boues s'équilibre. S'il nécessite un investissement initial important, nous maîtrisons ensuite les coûts d'exploitation en limitant au maximum les sous-produits issus de l'incinération (Refib et cendres) », juge Bruno Maneval, directeur de la régie d'assainissement à la Métro. À Seine aval, la méthanisation couvre 60 % des besoins énergétiques de la station grâce au biogaz, converti en cogénération et en chaleur. Les boues digérées sont stabilisées et conformes à la valorisation agricole, filière historique de l'usine du Siaap (d'une capacité de 1,5 million de mètres cubes par jour). Aujourd'hui, les trois quarts des boues partent en épandage direct et le quart restant en compostage, dont la moitié normée. « Nous avons fixé à notre prestataire l'obligation de ne pas mélanger nos lots à des boues d'autres provenances. Cela nous permet d'optimiser la traçabilité de notre compost et d'éviter d'endosser la responsabilité d'une pollution extérieure », explique Émeric Labedan, directeur adjoint de Seine aval. Concernant l'épandage, la capacité de stockage de l'usine s'échelonne de deux à trois mois, mais elle évacue ses boues tous les mois vers les parcelles agricoles de treize départements. Le futur arrêté modifiant les dispositions du texte du 22 juin 2007 viserait cependant à fixer à six mois les capacités de stockage de boues sur station. « Il y aura des dérogations, affirme le responsable de Seine aval. Nous avons les moyens de stocker, mais notre filière épandage perdrait de son efficacité. Le transport de nos boues est géré en fret retour par les transporteurs qui livrent la station. Évacuer une production annuelle de 60 000 tonnes de MS sur trois mois représenterait un non-sens économique et environnemental. » Chez Saur Grand Ouest, qui gère 500 000 m3 par an de boues en valorisation agricole, les capacités de stockage sont estimées entre six mois à deux ans. « Ces dernières années, les collectivités ont eu tendance à augmenter leurs capacités de stockage pour sécuriser au maximum l'épandage. Elles peuvent ainsi parer le risque de devoir sauter une campagne à cause de mauvaises conditions météo et elles anticipent aussi d'éventuelles évolutions réglementaires », observe Hervé Lefebvre. Pour sécuriser au maximum l'élimination de ses boues, Haganis a, de son côté, vraiment joué la carte multifilière : un tiers de ses boues partent en valorisation thermique sous forme de pellets, un autre tiers correspondant aux boues secondaires est épandu, le dernier tiers est évacué en compostage. « Nous réservons le compostage aux boues primaires non hygiénisées et non stabilisées. Elles sont envoyées déshydratées pour un coût de 60 euros la tonne, au lieu de 30 pour la valorisation thermique et 20 pour l'épandage, précise Mathieu Dufour, ingénieur exploitation d'Haganis. La filière thermique a été mise en place il y a dix ans, à l'époque où subsistaient des craintes des agriculteurs sur l'épandage. Nous avons donc préféré assurer nos arrières en construisant un sécheur. Mais la tendance a évolué et nous avons maintenant du mal à répondre à la demande agricole. » En France, Sede Environnement gère actuellement la valorisation des boues issues de 300 step urbaines. L'épandage, la filière majoritaire, concerne chaque année 270 000 m3 de boues liquides, 550 000 tonnes de boues déshydratées et 330 000 tonnes de compost normalisé. À cela s'ajoutent près de 80 000 tonnes de déchets biodégradables méthanisés avant épandage dont 20 000 tonnes de boues urbaines. Ainsi Hubert Brunet, son directeur adjoint, confirme : « Le développement du traitement multifilière observé ces dernières années correspond à l'optimum économique des clients. Par exemple, cela leur permet d'épandre les boues en l'état de mai à octobre, de composter le reste de l'année pour limiter le stockage. Et, depuis quatre ou cinq ans, la méthanisation se révèle moins chère que le compostage et plus intéressante pour les boues à fort potentiel de production de biogaz, telles les boues de flottation et les boues primaires. Elle prend un réel sens économique ». Sede Environnement, outre son centre Artois Méthanisation (25 000 t/an), vient d'en mettre un deuxième en service à Auch (44 000 t/an), en partenariat avec Verdesis, une filiale d'EDF. l
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