Trouver le meilleur aménagement en matière d'éclairage public pour les quarante prochaines années : un défi pour les collectivités. Dans leur démarche, les villes rassemblent autour du concepteur de la lumière une équipe pluridisciplinaire afin de concilier les considérations politiques, esthétiques, techniques, économiques et énergétiques. À la clé, un schéma directeur d'aménagement lumière (Sdal) qui définit les lignes directrices de tous les projets d'éclairage. Pour l'élaborer, directement ou avec l'aide d'un bureau d'études, chaque collectivité fera selon ses moyens techniques et financiers.
Pour définir son Sdal, l'un des premiers en France, la ville de Bordeaux a réuni élus, représentants des monuments historiques, de la culture, de l'éclairage public et acteurs de la voirie. Lumière blanche et intense sur les axes principaux, jaune et douce dans les quartiers résidentiels, chaque zone urbaine a son identité lumineuse. « Dans la stratégie lumière, on intègre des notions de paysage, de patrimoine, de trame verte et bleue et de sécurité », souligne Jean-Pierre Cardia, président régional de l'Association française de l'éclairage. Des points renforcés par la charte et le plan lumière, deux dispositifs complémentaires du Sdal. La charte lumière, cahier des charges à l'intention des concepteurs et installateurs, répond aux questions comme « Où placer les lampadaires ? » ou « Quelle hauteur respecter pour les mâts ? ». « C'est un plan guide qui laisse une place à la créativité tout en assurant une cohérence et une homogénéité dans la ville », décrit Ghislain Luneau, responsable des mises en lumière de la ville de Bordeaux. Le plan lumière, lui, valorise par l'éclairage des sites remarquables comme les ponts, les monuments historiques, les parcs ou les giratoires.
Pour choisir la bonne combinaison d'outils, les villes doivent, avant tout, effectuer un inventaire et un diagnostic de leurs installations. « On ne peut pas définir de vraies directives, si on n'a pas fait un état des lieux sérieux et si on ne sait pas ce qu'on veut modifier », avise Jean-Pierre Cardia. « À partir de ce bilan, on chiffre les coûts, mais aussi les gains escomptés, car les élus ont besoin de savoir où ils mettent les pieds », ajoute-t-il. Un point sur les investissements nécessaires qui peut encourager les élus à sauter le pas. Dans le Cher, le syndicat départemental de l'énergie SDE18 offre le diagnostic à tous ses adhérents. « Ça leur donne une idée des opérations à réaliser selon leur degré d'urgence. Ensuite, les travaux sont financés de 50 à 70 % », révèle David Dagois, du syndicat. Une stratégie qui encourage les communes à réduire leurs consommations d'énergie.
Enfin, la pollution lumineuse et la biodiversité apparaissent depuis peu dans les stratégies lumière. À Bordeaux, le Sdal modernisé intègre ces notions et Valenciennes vient de signer la première charte de l'éclairage durable. « En introduisant des détecteurs de présence, des variations d'intensité ou des lampes qui n'attirent pas les insectes, on fait en sorte que l'éclairage ait le moins d'impacts possibles sur la biodiversité », indique Emmanuel Berrod, chargé du programme éclairage durable et biodiversité chez Noé conservation. Une orientation que comptent déjà suivre Paris et Niort.
