Un zonage pluvial qui promeut l'abattement volumique dans une cité urbaine comme Paris, n'est-ce pas antinomique ? Au contraire, avec ce nouveau plan, nous affichons une démarche volontariste pour faire évoluer notre politique pluviale. La modernisation du réseau d'assainissement unitaire a permis à partir des années 2000 de réduire de moitié les déversements des rejets urbains par temps de pluie en Seine. Pour aller plus loin, nous devions passer à une stratégie préventive en introduisant une gestion à la parcelle. Nous avons travaillé pendant plus de trois ans avec le bureau d'études Safège à l'élaboration d'un zonage pluvial dont l'enjeu principal est la réduction des pollutions du milieu récepteur. Mais il participera également à la lutte contre les îlots de chaleur en milieu urbain. Concrètement, comment s'appliqueront les prescriptions du plan ? Nous voulons promouvoir des solutions végétales multifonctions, comme les jardins de pluie, les toitures végétalisées, le développement des fosses d'arbres en pleine terre et des jardinières. Elles permettent l'infiltration et/ou l'évapotranspiration des eaux pluviales avec des atouts supplémentaires en matière d'aménagement urbain durable. Dans le zonage, nous avons donc instauré l'abattement volumique de la première lame de pluie comme règle générale sur le territoire. Trois zones ont été délimitées qui devront respecter des valeurs d'abattement différentes (4, 8 ou 12 mm) selon la nature du sol. À certains endroits, en diminuant de 1 m3 le flux d'eaux pluviales envoyé au réseau, nous réduirons jusqu'à 2 m3 les déversements en Seine. C'est déjà un formidable levier ! Seuls les projets neufs sur des parcelles de plus de 2 000 m2 situés en amont de quelques secteurs exposés au risque d'inondation seront autorisés à rejeter directement au réseau avec un débit de fuite fixé à 10 l/s/ha. Mais cela concerne moins de 15 % de la surface de la ville. En mettant la gestion des eaux pluviales au cœur de ses enjeux environnementaux, la capitale illustre-t-elle une évolution en marche ? De plus en plus, les zonages pluviaux ont vocation à dépasser la gestion de crise liée aux inondations en intégrant une composante environnementale. Cette tendance est affichée par l'État qui incite depuis 2013 certaines collectivités à joindre à leurs zonages une évaluation environnementale soumise à enquête publique. Paris est l'une des premières à l'avoir fait avec l'aide du grou pement Pro-log-Sepia-Artelia . Et l'étude du rapport coût-bénéfice a estimé le potentiel de nos solutions végétales en termes de services écologiques rendus à la ville. Anticipant l'adoption du plan, nous avons déjà construit nos premières noues, chaussées réservoirs, puits et tranchées d'infiltration. Et nous envisageons de renouer avec des pratiques anciennes de la ville, à l'époque où les pavés n'étaient pas jointés, juste posés sur un lit de sable.