Le gazole n'est plus en odeur de sainteté. En région parisienne, la multiplication des journées de dépassement des valeurs limites de pollution atmosphérique a scellé son destin. À moins que ce ne soit la COP 21 ou la volonté de réduire les nuisances sonores ? Toujours est-il que le Syndicat des transports d'Île-de-France puis la RATP ont décidé d'éradiquer les combustibles fossiles du parc de bus de la capitale d'ici à 2025. À cette date, 80 % des véhicules seront électriques. Les autres rouleront au bioGNV. Le compte à rebours est enclenché. La régie a dix ans pour les acquérir et pour adapter ses centres. Depuis le 1er janvier 2014, l'achat de bus 100 % gazole est proscrit au profit de modèles hybrides. « C'est une étape essentielle, explique Marie-Claude Dupuis, directrice du matériel roulant bus à la RATP. Notamment pour former les mainteneurs, même si en matière de mobilité électrique, nous avons déjà beaucoup d'expérience avec les rames de métro et de RER. » Les motorisations électriques demandent moins de travail, mais davantage de technicité durant les phases de diagnostic. La deuxième étape sera de déployer les premiers véhicules tout électriques, à com-mencer en 2016 par la ligne 341, rattachée au centre de Belliard, qui accueille déjà les petits bus touristiques de Montmartre. À terme, chaque centre devra disposer d'un réseau suffisant pour recharger la nuit 200 véhicules, soit une consommation de 10 à 15 MW. Parmi les enjeux : la gestion de la sécurité incendie. « La réglementation n'est pas prête, confie Marie-Claude Dupuis. Nous avons entamé un dialogue avec l'administration pour nourrir une future nomenclature ICPE. » Si Bolloré est le premier constructeur retenu (lire encadré), la RATP a lancé un appel à ses concurrents pour tester d'autres modèles dans les deux ans qui viennent. Elle pourra ainsi évaluer leur confort de conduite, leur volume sonore (qu'il faudra peut-être augmenter artificiellement pour prendre en compte les besoins des personnes malvoyantes !) et surtout, leur autonomie. Difficile aujourd'hui de comparer les constructeurs faute de méthode normalisée. Pour passer la vitesse supérieure, des appels d'offres seront lancés en 2017 pour un déploiement massif en 2019. Les lignes les plus courtes seront équipées en premier. Quels que soient les progrès des constructeurs, les tournées devraient plutôt être assurées par des bus fonctionnant au biogaz au-delà de 250 km. Une consultation a été lancée au début de l'année pour que le centre de Créteil bascule totalement. Il accueille déjà 90 véhicules au GNV (et même au bioGNV depuis le 1er juin). Là encore, cela demandera des aménagements. En particulier pour se raccorder aux réseaux de distribution ou de transport. Et si les véhicules semblent au point, la RATP compte aussi sur le développement de l'offre de combustible vert pour atteindre ses objectifs. OD